Une équipe de la RTBF arrêtée par la police au centre fermé de Steenokkerzeel !

Une équipe de la RTBF arrêtée par la police au centre fermé de Steenokkerzeel !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La police a procédé mercredi à l’interpellation de militants du collectif #NotInMyName qui menaient une action au centre fermé 127 bis pour demandeurs d’asile de Steenokkerzeel, a fait savoir le bourgmestre de la commune, Kurt Ryon (N-VA). « Les militants qui ont escaladé le toit du centre ont déjà été arrêtés, la police a également interpellé les autres manifestants », a-t-il ajouté. Parmi les personnes interpellées, se trouvaient deux journalistes de la RTBF et trois de leurs techniciens, a annoncé l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Une centaine de militants ont tenu depuis 10h00 une manifestation devant le centre fermé, deux jours avant une visite parlementaire du nouveau centre fermé pour les familles. Les participants dénoncent la détention de personnes étrangères en centre fermé pour le seul fait qu’elles ne possèdent pas les bons papiers.

Selon le bourgmestre de la commune, une dizaine de militants auraient grimpé sur la clôture et rampé sur le toit du centre, où ils ont échauffé des résidents. Beaucoup de participants se sont installés sur les toits et les policiers sont montés sur un camion de pompier avec une nacelle pour les arrêter.

Certains se trouvaient autour aux entrées, d’autres sont entrés dans le chantier et d’autres sur les toits, ont indiqué des représentants du collectif #NotInMyName.

« La police est présente en nombre et nous avons également fait appel aux pompiers afin de pouvoir intercepter les personnes qui se trouvaient sur le toit », a commenté M. Ryon. « Entre-temps, ils ont tous été arrêtés et maintenant les autres militants ont également été interpellés. Ensuite, nous verrons si des dommages ont été causés. »

Les interpellations ont été menées sans incident, selon le bourgmestre.

Deux journalistes et trois techniciens qui les accompagnaient ont tout de même été interpellés…

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Ils ont été libérés vers 14h30, après près de deux heures d’arrestation administrative.

Il s’agit d’Himad Messoudi et Julien Vlassenbroek, ainsi que leurs trois techniciens Marc Florent, Guy Talin et Jérémy Boisseau. Ils couvraient l’action de contestation du collectif #NotInMyName contre l’ouverture d’un nouveau centre fermé pour les familles à proximité de l’aéroport de Zaventem.

« Nous venons d’être libérés par la police de Katse (zone de police Kampenhout-Steenokkerzeel-Zemst). Les membres des forces de l’ordre ici ont fait preuve d’un grand professionnalisme dès notre prise en charge. Au 127bis, c’est sans raison que nous avons été empêchés de travailler, et sans avertissement que nous avons été arrêtés », a commenté le journaliste Himad Messoudi sur Twitter.

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« Ça va on vient d’être relâchés. (Nous avons été) très bien traités, juste des colsons un peu serrés », a pour sa part réagi Julien Vlassenbroek.

De son côté, la RTBF a dénoncé les faits: « il s’agit d’une entrave grave et exceptionnelle à la liberté d’information. Cette arrestation administrative abusive a empêché la RTBF d’informer son public sur un événement d’intérêt général qui se déroulait à la mi-journée. Les journalistes ont fait leur travail avec professionnalisme. La RTBF envisagera avec ses avocats les recours à mettre en œuvre », a commenté le directeur de l’information de la RTBF, Jean-Pierre Jacqmin.

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Dans un communiqué, la chaîne publique va plus loin : 

L’AJP (ndlr : Association des journalistes professionnels) et la RTBF dénoncent une atteinte disproportionnée à la liberté d’informer : l’arrestation administrative de journalistes est une mesure grave, qui ne pourrait se justifier que pour maintenir l’ordre public et la sécurité. En l’espèce, les journalistes concernés ne faisaient que leur travail et n’ont même pas eu l’occasion de quitter les lieux une fois qu’on leur a demandé d’arrêter de filmer. En les arrêtant abusivement, les policiers ont également privé le public de son droit à l’information à propos d’un événement d’intérêt général en cours de déroulement.

L’AJP et la RTBF rappellent que couvrir une manifestation ou un événement, dans un lieu public ou privé, fait partie du droit à l’information et de la liberté d’informer, garantis par la Convention européenne des droits de l’homme et la Constitution. L’AJP interpellera le Premier ministre Charles Michel et le ministre de l’Intérieur Jan Jambon. La RTBF, quant à elle, envisagera avec ses avocats les recours à mettre en œuvre.

La Fédération européenne des journalistes (FEJ) a dénoncé « cette violation de l’article 10 de la CEDH au Conseil de l’Europe. Le gouvernement belge devra y répondre ».

Dans un communiqué, la Ligue des droits de l’Homme a, elle aussi, dénoncé l’interpellation des journalistes. « La liberté de la presse est un des principes fondamentaux de la démocratie. Qu’une telle entrave à la liberté d’information puisse avoir lieu en Belgique est particulièrement inquiétant et participe à l’affaiblissement de valeurs pourtant fondamentales dans un état de droit ».

Le ministre des Médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, voit lui dans l’incident « l’expression de la dérive autoritaire de ce gouvernement de droite ». « Il est inadmissible d’entraver le devoir d’information des journalistes à l’égard de la population », a-t-il fustigé sur Twitter.

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La police a également procédé à l’interpellation de dizaines de militants du collectif #NotInMyName.

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