Une belle bande d’Enfoirés 2020
Trente ans après leur premier spectacle, les célébrités au grand cœur chantent pour les restos ce vendredi soir sur TF1.
«Aujourd’hui, on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid.» Bien plus que les paroles d’une simple chanson, ces quelques mots sont devenus l’hymne de la nation autoproclamée des Enfoirés. Un peuple d’artistes, de sportifs et de people qui se transforme chaque année en tribu nomade. L’humoriste Coluche est le père fondateur de cette nation au grand cœur. Il montre la voie et crée «Les Restos du cœur» le 26 septembre 1985. À sa mort un an plus tard, d’autres décident de poursuivre la route. Chanter en chœur pour réchauffer les âmes et faire bouillir les casseroles des Restos : c’est leur credo. Au commencement, il y eu Jean-Jacques. Janvier 2016. Sur la scène de l’AccorHotels Arena, un parfum de nostalgie flotte dans les airs entonnés par la troupe des Enfoirés. Après vingt-sept ans à mener la barque, le capitaine Jean-Jacques Goldman va quitter le navire et voguer vers d’autres horizons. En 1986, le chanteur est une méga star de la chanson française. «Envole-moi», «Je te donne» ou «Je marche seul» font des cartons. Tout naturellement, c’est vers ce recordman du box-office, doublé d’un adepte de la générosité discrète, que se tourne Coluche. Il cherche de l’argent pour ses Restos. Pourquoi pas un disque à l’image du Band Aid en 1984 ? Il s’adresse à Goldman qui lui écrit un tube en trois jours.
La naissance des enfoirés
Au début, Coluche s’appuie sur un groupe de cinq personnes constitué, outre Goldman, d’Yves Montand, de Nathalie Baye, de Michel Drucker et de Michel Platini. Des Enfoirés avant la lettre en quelque sorte car le nom n’est pas encore choisi. Son origine ? Selon la légende, lorsqu’il essuyait des refus de s’associer à son projet de la part de membres du show business, l’humoriste ne se faisait pas prier pour les envoyer au diable en les insultant d’enfoirés… D’autres attribuent plus simplement le choix du nom à l’épouse de Coluche, Véronique, reprenant une des expressions préférées de son époux.
La tournée
Car, peu de temps après la mort tragique de son mari, c’est Madame Colucci qui réalise le rêve du comique et crée, avec la femme d’Eddy Mitchell, une véritable troupe des Restos. En 1989, Jean-Jacques Goldman, Johnny Hallyday, Michel Sardou, Véronique Sanson et Eddy Mitchell se lancent sur la route pour une tournée de neuf jours au profit des Restos qui les mènent dans sept grandes villes françaises. Après une pause de deux ans, les Enfoirés repartent de plus belle. Goldman prend les choses en main. La troupe s’agrandit, le spectacle devient XXL. Trente ans plus tard, le succès reste au rendez-vous. Malgré quelques fausses notes.
Critiques
De la transparence des comptes au côté désintéressé des participants, les critiques écornent régulièrement les Enfoirés. Que ce soit Yannick Noah (révolté de voir la troupe logée dans un manoir luxueux), Renaud (qui parle de «grand cirque carnavalesque»), ou Eddy Mitchell (qui propose d’organiser des spectacles d’enfoirés sportifs ou d’enfoirés de la télé), plusieurs grands noms se sont retirés de l’affiche. Goldman lui-même n’a pas résisté aux critiques concernant le dernier clip qu’il a dirigé en 2016, jugé trop «réac’». Le succès s’essoufflerait-il ? Pour la première fois en dix-sept ans, le show des Enfoirés est passé sous la barre des dix millions de téléspectateurs en 2018. Par contre, concerts, ventes d’albums et de DVD, continuent à rapporter chaque année dix-huit millions d’euros aux Restos du cœur.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/3/2020
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