Un secrétaire général de l’ONU assassiné ?
Ce samedi à 21h05, le magazine «Retour aux sources» (La Trois) revient sur la disparition tragique de Dag Hammarskjöld. 60 ans plus tard, la justice ne désespère pas d’élucider sa mort mystérieuse et rouvre le dossier pour assassinat…
Samedi 28 décembre 2019. Sur l’écran de la télévision, le présentateur du journal énonce les titres de l’actualité du jour : 24e jour de grève à la SNCF, attentat meurtrier en Somalie, préparatifs du réveillon du Nouvel An… Aucune trace d’une information qui vient pourtant de tomber. «L’Onu prolonge l’enquête sur la mort mystérieuse de son Secrétaire général.» Il faut dire que les événements commencent à dater et que peu nombreuses sont les personnes qui s’en souviennent. Le 18 septembre 1961, le Suédois Dag Hammarskjöld trouvait la mort dans un crash aérien au-dessus de la Rhodésie du Sud. Près de soixante ans plus tard, ce qui pour beaucoup ressemble à un attentat n’a toujours pas été élucidé.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961, un avion affrété par l’Onu décolle de Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa). À bord de ce DC-6 Albertina, Dag Hammarskjöld, «Monsieur H» comme on le surnomme. Quinze autres personnes accompagnent le Secrétaire général des Nations unies pour une mission extrêmement délicate en Rhodésie du Nord. La région est en pleine ébullition, l’Onu veut désamorcer une crise qui commence vraiment à sentir le soufre. (…)
Nommé à son poste huit ans plus tôt, «Monsieur H» n’a de cesse de faire de l’Onu un acteur majeur sur la scène internationale. Il sait que le voyage qu’il effectue n’a rien d’une partie de plaisir et qu’il va devoir jouer serré pour désamorcer la bombe. C’est qu’il n’a pas que l’affaire des casques bleus prisonniers sur le feu. Les troupes de l’Onu au Congo et l’armée gouvernementale congolaise sont passées à l’attaque et affrontent les forces katangaises. Un cessez-le-feu : c’est ce que Dag Hammarskjöld est venu négocier. Il n’arrivera jamais à destination. Sur les photos en noir et blanc, de la fumée s’échappe encore de ce qui reste du DC-6. L’appareil s’est écrasé en pleine nuit dans une forêt rhodésienne. (…)
Au début, la version officielle retient la thèse de l’accident due à une erreur de pilotage. Mais une autre piste existe, celle d’un complot et d’une attaque du DC-6 par un autre avion. À une époque où les grandes puissances ne voyaient pas d’un bon œil l’Onu s’imposer comme interlocuteur sur le plan international, la personnalité de Dag Hammarskjöld, ses envies de solution négociée et sa présence sur le terrain ne faisaient pas l’unanimité. Le magistrat tanzanien chargé aujourd’hui de l’enquête demande notamment aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à l’Afrique du Sud de lui transmettre des documents audio qui pourraient prouver l’existence de communications avec un avion katangais, potentiel responsable d’une attaque. Une théorie complotiste supplémentaire ? Suffisamment crédible en tout cas pour que l’Assemblée générale de l’Onu adopte, le 27 décembre dernier, une résolution prolongeant jusqu’en 2021 l’enquête internationale sur cette mort mystérieuse.
Extraits d’un article paru dans Télépro du 30/01/2020
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