Un reportage de «Questions à la une» permet de stopper une dérive pratiquée dans un hôpital liégeois

Un reportage de «Questions à la une» permet de stopper une dérive pratiquée dans un hôpital liégeois
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Mercredi, le magazine d’investigation de la RTBF épinglait des pratiques douteuses en matière de suppléments d’honoraires au CHR de la Citadelle. Deux jours plus tard, l’établissement clarifie sa politique.

Cette semaine dans «Questions à la une», une enquête réalisée par Frédéric Deborsu a choqué de nombreux téléspectateurs. On y apprenait par exemple qu’il était possible d’obtenir plus rapidement un rendez-vous chez certains médecins… en payant le double d’honoraires ! Une profonde inégalité dans un pays démocratique.

Tant des syndicats que des partis politiques avaient critiqué ce doublement de la tarification. Le CHR de la Citadelle avait précisé que cette pratique ne pouvait être proposée au sein de son établissement que par deux des 500 médecins indépendants liés à l’hôpital, et dont l’expertise est internationalement reconnue. Ce supplément ne pouvait atteindre qu’au maximum 100% du tarif INAMI en fonction de la spécialité, dans le cadre de consultations ne dépassant pas 1/10e des activités des médecins concernés.

Réuni ce vendredi, le conseil d’administration du CHR de la Citadelle a décidé de suspendre cette pratique, regrettant les « attaques injustes dont (l’hôpital) a été victime dans cette campagne de dénigrement ». Le conseil d’administration dit réitérer sa pleine confiance en tous les médecins et l’ensemble du personnel du CHR.

Interrogée jeudi à la chambre sur les dérives épinglées dans le reportage de la RTBF, la ministre de la Santé Maggie De Block a encouragé les patients victimes de ces pratiques à porter plainte. « Je comprends très bien les difficultés pour les patients dans ces circonstances. Je comprends aussi l’émotion suscitée quand un hôpital ose écrire dans un mail qu’au tarif normal, l’attente est de huit mois alors qu’au tarif double, le rendez-vous peut être pris dans le courant du mois », a-t-elle réagi. « En ce qui concerne les médecins qui refusent de traiter un patient qui ne prend pas de chambre individuelle et les médecins qui demandent un double honoraire parce qu’ils seraient meilleurs que les autres, je répète que c’est inacceptable », a déclaré la ministre. « Un médecin ne peut pas sélectionner ses patients sur base du choix de la chambre ou sur base de la capacité à payer un tarif double. Chaque citoyen a droit à des soins de santé de la même qualité. C’est sûr. Il s’agit donc d’une faute grave qui va à l’encontre de la déontologie; l’Ordre des médecins l’a clairement dit dans son avis du 22 février 2014 », a-t-elle ajouté.

La ministre Maggie De Block a encouragé les patients victimes de telles pratiques à déposer plainte auprès de l’Ordre des médecins, auprès de leur mutualité ou auprès du médiateur de l’hôpital, tout en reconnaissant qu’il est difficile pour les patients de porter plainte contre l’hôpital où ils sont soignés. « Nous mettrons cela sur la table lors des discussions sur le plan de refinancement des hôpitaux », a conclu la ministre libérale.

Cliquez ici pour revoir le reportage de «Questions à la une»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici