« »Un jour, un destin » ne sert pas à faire la promotion d’un artiste !»

«"Un jour, un destin" ne sert pas à faire la promotion d’un artiste !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce dimanche 9 octobre sur France 2, Laurent Delahousse proposera un inédit d’«Un jour, un destin» consacré à Véronique Sanson. L’occasion de rencontrer Erwan L’Eléouet, rédacteur en chef, pour dévoiler les coulisses du programme.

Quels sont les critères de sélection des personnalités ?

On produit 5 ou 6 numéros inédits par saison, et travailler sur une émission prend 6 ou 7 mois. Là, on est déjà sur les futurs choix de la rentrée 2017. On essaie de trouver des univers différents à chaque collection pour que le téléspectateur ait un sentiment de variété. Ce qui compte vraiment, c’est la force de l’histoire de la personnalité. Il faut que dans chaque vie que l’on raconte, il y ait des rebondissements et des événements intéressants et assez forts pour embarquer le téléspectateur.

Quelle est l’implication de Laurent Delahousse ?

Il choisit le sujet. Ensuite, il fait le suivi avec nous. On lui présente toujours le fil et le synopsis. Et il vient aussi voir le montage pour qu’il puisse s’en imprégner dans le récit. C’est lui qui a lancé le programme et qui l’a pensé. Laurent apporte pas mal d’idées aussi. Il n’a pas la prétention d’être le grand maître de l’émission, mais il impulse les choses et suit vraiment la production.

Quelle personnalité rêv(i)ez-vous de traiter ?

Renaud. Je trouve que c’est une vraie personnalité. D’ailleurs, on l’a évoqué dans l’émission, c’est la construction du personnage et ce que les fans ont projeté sur lui comme cette image de voyou de banlieue, alors que son histoire est très différente de ce monde-là… Véronique Sanson a été une surprise. Je ne soupçonnais pas qu’elle disait autant de choses sur elle dans ses chansons. À titre personnel, je n’ai jamais eu de grosses déceptions dans les enquêtes que nous menons pour le film. La matière a toujours été dense et intéressante.

Entretien : Pierre Bertinchamps

«Un jour, un destin» consacré à Véronique Sanson, dimanche 9 octobre à 22h40 sur France 2

On vous sollicite en période de promo pour produire un numéro d’«Un jour, un destin» ?

Oui, ça peut arriver… Nous ne sommes pas maîtres du jeu puisque France 2 peut nous passer des commandes. La programmation est une compétence et une responsabilité de la chaîne. Pour Véronique Sanson, le documentaire sera diffusé avant la sortie du nouvel album. Il y a peut-être eu une négociation avec la chaîne, mais de notre côté, ça n’a pas été déterminant pour faire l’émission. D’ailleurs, pour les plateaux, on ne l’aborde pas. «Un jour, un destin» ne sert pas à faire de la promo. On veut rester très indépendant là-dessus.

Cette saison, on va voir un portrait de Karl Lagerfeld. Il a été facile à convaincre ?

«Facile», ce n’est pas le mot que j’emploierais, mais le réalisateur s’est armé de patience. Il a commencé son enquête sans avoir accès à tout, mais il a pu avancer et travailler petit à petit. À un moment, les choses se sont décantées. Je pense que les gens se rendent compte que nos enquêtes ne sont pas à charge et que c’est pas mal d’y participer au final. C’est leur vie que l’on va raconter, et il y a l’envie de donner «sa» vérité. Pour Lagerfeld, on a pu retrouver des témoins qu’il avait lui-même oublié… Mais on garde une certaine distance. On ne fait pas de jugement de valeur, on donne juste des clefs pour comprendre le personnage.

Déjà 100 numéros… Il y a encore des destins intéressants ?

C’est vrai que chaque année, on se demande si on n’a pas déjà épuisé le vivier de personnalités, et parfois, on s’écarte un peu du thème, comme les coulisses d’un film, les relations entre deux frères (les Léotard, NDLR) ou le portraits croisés. Ça permet de parler aussi de personnes moins connues mais avec des vies tout aussi intenses. À l’heure d’aujourd’hui, on n’a jamais fait le «Destin» d’Alain Delon, de Jean-Paul Belmondo, d’Isabelle Adjani ou de Catherine Deneuve… Il reste encore des grandes stars en stock !

Qu’est-ce qui marche le mieux : la politique ou le people ?

L’artistique en général, mais on a aussi fait de beaux scores avec des sujets politiques comme celle consacrée à Jacques Chirac. On raconte la politique autrement en y mêlant le personnel et la représentation dans la fonction, et ça plaît aux gens. (Le record, en France, est détenu par le numéro consacré à Anne Sinclair, NDLR) Je pense que c’est la rareté qui fait aussi la force d’«Un jour, un destin», par exemple quand on est allé chez Brigitte Bardot ou avec Anne Sinclair qui n’avait plus rien dit depuis trois ans… «Un jour, un destin» est devenu une marque et une référence, à nous d’en être à la hauteur.

Vous allez élargir le spectre à l’industrie ou les sciences ?

On doit parler de personnalités moins connues du grand public, justement pour mettre en avant leur parcours, mais c’est vrai qu’il n’y a jamais eu non plus de sportifs. Ce sont des univers à aller explorer. Zinedine Zidane doit avoir un destin intéressant.

Le poste financier le plus élevé, ce sont les droits des archives ?

Non, c’est la durée du montage, mais les archives représentent un gros budget. On parle de 3.500 à 5.000€ la minute, en moyenne. On doit donc en faire une utilisation raisonnée. Le programme n’est pas un robinet à archives. Si on en utilise, c’est qu’elle a une valeur. Les archives totalisent 30% du contenu.

Quelle est l’implication de Laurent Delahousse ?

Il choisit le sujet. Ensuite, il fait le suivi avec nous. On lui présente toujours le fil et le synopsis. Et il vient aussi voir le montage pour qu’il puisse s’en imprégner dans le récit. C’est lui qui a lancé le programme et qui l’a pensé. Laurent apporte pas mal d’idées aussi. Il n’a pas la prétention d’être le grand maître de l’émission, mais il impulse les choses et suit vraiment la production.

Quelle personnalité rêv(i)ez-vous de traiter ?

Renaud. Je trouve que c’est une vraie personnalité. D’ailleurs, on l’a évoqué dans l’émission, c’est la construction du personnage et ce que les fans ont projeté sur lui comme cette image de voyou de banlieue, alors que son histoire est très différente de ce monde-là… Véronique Sanson a été une surprise. Je ne soupçonnais pas qu’elle disait autant de choses sur elle dans ses chansons. À titre personnel, je n’ai jamais eu de grosses déceptions dans les enquêtes que nous menons pour le film. La matière a toujours été dense et intéressante.

Entretien : Pierre Bertinchamps

«Un jour, un destin» consacré à Véronique Sanson, dimanche 9 octobre à 22h40 sur France 2

France 2 fait des demandes spéciales ?

C’est déjà arrivé. Par exemple, nous avons raconté les coulisses du film «Emmanuelle», et là, c’était une commande spécifique de la chaîne. Notre point de départ, c’est une discussion de l’équipe, où chacun a des envies et on ne cache pas que parfois on veut se faire plaisir. C’est important aussi. On a tous des personnalités en tête dont on aimerait explorer la carrière. On a également des discussions avec Laurent Delahousse. Et puis, il faut voir si on a de la matière et si la vie de la personnalité n’est pas trop lisse. Dans certains cas, les débuts sont fracassants mais il vient ensuite une longue traversée du désert. Il faut dans tous ces destins, une enfance particulière, des débuts étonnants, des succès, des échecs, une vie amoureuse trépidante… Ceci dit, on a souvent des surprises, comme avec Louis de Funès que l’on pensait avec une vie assez tranquille et puis en creusant un peu, on a trouvé ce que cela cachait…

Comment les personnalités encore en vie appréhendent-elles de se voir raconter leur destin ?

Il y a parfois des angoisses mais nous avons aussi évolué, depuis la mise à l’antenne en 2007, où nous avions la réputation de ne parler que des personnes décédées. On leur envoie un mail ou un courrier, non pas pour avoir une acceptation, mais pour les prévenir que l’on va démarrer quelque chose et que l’on va prendre contact avec des proches. Le but est de faire les choses en bonne intelligence.

On imagine qu’avec Anne Sinclair, le passage sur DSK a dû provoquer un malaise…

C’était le moment déclencheur pour faire l’émission, et pour ne rien vous cacher, Anne Sinclair craignait que l’on résume sa vie à l’histoire de son couple. Notre travail a été d’expliquer et de montrer que l’on allait raconter toute une vie et un destin. DSK ne serait qu’un épisode – important – parmi d’autres.

Il y a eu des refus ?

Johnny Hallyday n’a pas souhaité participer. On a rencontré son agent et son manager, mais on n’a pas eu de suites. Nous avons pu faire des tournages et obtenir des témoignages, comme celui d’un oncle en Belgique. Mais il n’a pas pu faire interdire la diffusion.

On vous sollicite en période de promo pour produire un numéro d’«Un jour, un destin» ?

Oui, ça peut arriver… Nous ne sommes pas maîtres du jeu puisque France 2 peut nous passer des commandes. La programmation est une compétence et une responsabilité de la chaîne. Pour Véronique Sanson, le documentaire sera diffusé avant la sortie du nouvel album. Il y a peut-être eu une négociation avec la chaîne, mais de notre côté, ça n’a pas été déterminant pour faire l’émission. D’ailleurs, pour les plateaux, on ne l’aborde pas. «Un jour, un destin» ne sert pas à faire de la promo. On veut rester très indépendant là-dessus.

Cette saison, on va voir un portrait de Karl Lagerfeld. Il a été facile à convaincre ?

«Facile», ce n’est pas le mot que j’emploierais, mais le réalisateur s’est armé de patience. Il a commencé son enquête sans avoir accès à tout, mais il a pu avancer et travailler petit à petit. À un moment, les choses se sont décantées. Je pense que les gens se rendent compte que nos enquêtes ne sont pas à charge et que c’est pas mal d’y participer au final. C’est leur vie que l’on va raconter, et il y a l’envie de donner «sa» vérité. Pour Lagerfeld, on a pu retrouver des témoins qu’il avait lui-même oublié… Mais on garde une certaine distance. On ne fait pas de jugement de valeur, on donne juste des clefs pour comprendre le personnage.

Déjà 100 numéros… Il y a encore des destins intéressants ?

C’est vrai que chaque année, on se demande si on n’a pas déjà épuisé le vivier de personnalités, et parfois, on s’écarte un peu du thème, comme les coulisses d’un film, les relations entre deux frères (les Léotard, NDLR) ou le portraits croisés. Ça permet de parler aussi de personnes moins connues mais avec des vies tout aussi intenses. À l’heure d’aujourd’hui, on n’a jamais fait le «Destin» d’Alain Delon, de Jean-Paul Belmondo, d’Isabelle Adjani ou de Catherine Deneuve… Il reste encore des grandes stars en stock !

Qu’est-ce qui marche le mieux : la politique ou le people ?

L’artistique en général, mais on a aussi fait de beaux scores avec des sujets politiques comme celle consacrée à Jacques Chirac. On raconte la politique autrement en y mêlant le personnel et la représentation dans la fonction, et ça plaît aux gens. (Le record, en France, est détenu par le numéro consacré à Anne Sinclair, NDLR) Je pense que c’est la rareté qui fait aussi la force d’«Un jour, un destin», par exemple quand on est allé chez Brigitte Bardot ou avec Anne Sinclair qui n’avait plus rien dit depuis trois ans… «Un jour, un destin» est devenu une marque et une référence, à nous d’en être à la hauteur.

Vous allez élargir le spectre à l’industrie ou les sciences ?

On doit parler de personnalités moins connues du grand public, justement pour mettre en avant leur parcours, mais c’est vrai qu’il n’y a jamais eu non plus de sportifs. Ce sont des univers à aller explorer. Zinedine Zidane doit avoir un destin intéressant.

Le poste financier le plus élevé, ce sont les droits des archives ?

Non, c’est la durée du montage, mais les archives représentent un gros budget. On parle de 3.500 à 5.000€ la minute, en moyenne. On doit donc en faire une utilisation raisonnée. Le programme n’est pas un robinet à archives. Si on en utilise, c’est qu’elle a une valeur. Les archives totalisent 30% du contenu.

Quelle est l’implication de Laurent Delahousse ?

Il choisit le sujet. Ensuite, il fait le suivi avec nous. On lui présente toujours le fil et le synopsis. Et il vient aussi voir le montage pour qu’il puisse s’en imprégner dans le récit. C’est lui qui a lancé le programme et qui l’a pensé. Laurent apporte pas mal d’idées aussi. Il n’a pas la prétention d’être le grand maître de l’émission, mais il impulse les choses et suit vraiment la production.

Quelle personnalité rêv(i)ez-vous de traiter ?

Renaud. Je trouve que c’est une vraie personnalité. D’ailleurs, on l’a évoqué dans l’émission, c’est la construction du personnage et ce que les fans ont projeté sur lui comme cette image de voyou de banlieue, alors que son histoire est très différente de ce monde-là… Véronique Sanson a été une surprise. Je ne soupçonnais pas qu’elle disait autant de choses sur elle dans ses chansons. À titre personnel, je n’ai jamais eu de grosses déceptions dans les enquêtes que nous menons pour le film. La matière a toujours été dense et intéressante.

Entretien : Pierre Bertinchamps

«Un jour, un destin» consacré à Véronique Sanson, dimanche 9 octobre à 22h40 sur France 2

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