Tristan Moreau : «Il y a pire comme étiquette que celle de Fred de Studio 100»

Tristan Moreau : «Il y a pire comme étiquette que celle de Fred de Studio 100»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Après quatre années d’absence, Fred retrouve Samson sur scène pour le Show de Noël de Studio 100. Et peut-être bientôt à la télé ?

Après avoir fait les belles heures des programmes jeunesse de RTL, Tristan Moreau avait disparu des écrans, sans pour autant avoir quitté le milieu des médias. Toujours au service de la société de production flamande, Studio 100, mais dans l’ombre, il retrouve tous ses amis du «Grenier de Fred & Samson» pour une tournée de Noël en Wallonie.

Qu’est-ce que ça vous fait de retrouver le jeune public ?

La première vient de se dérouler, et à vrai dire, on ne savait pas à quoi s’attendre. «Fred & Samson» a démarré fin 2006, et les enfants qui avait 5 ou 6 ans à l’époque sont des grands ados aujourd’hui, donc on n’avait aucune idée de qui on allait avoir comme public. C’était une angoisse. Et finalement, c’est magique. Le public s’était renouvelé, mais d’autres ne nous avaient pas oubliés non plus : les cousins, les tontons,…

C’est l’effet Chantal Goya…

C’est exactement ça, et on sent qu’on n’est pas loin de franchir une génération. Toutes nos inquiétudes se sont vites envolées. À titre personnel, c’est troublant. Si les enfants ont grandi… moi aussi ! Je me demandais si j’étais encore capable de reprendre le rôle de Fred. Et les réflexes reviennent tout seul, même les petits déhanchés des concerts de l’époque. Je n’ai pas eu besoin d’utiliser d’artifices. J’ai juste fait un petit régime…

Les enfants de 2017 sont les mêmes que ceux de 2006 ? Ils réagissent aux mêmes choses ?

On s’est posés la même question  en créant le spectacle. Mieux, on s’est posés un milliard de questions, et à un moment, on a arrêté les interrogations ! Même si je suis un grand enfant, je ne peux pas penser, réfléchir ou être sensible aux mêmes choses qu’un enfant de 6 ans. Je me suis juste dit que j’allais faire le spectacle que j’aurais voulu voir, moi, à cet âge-là. Et Studio 100 a suivi et m’a donné les moyens de le faire. On a créé des effets de scène comme de la pyrotechnique que l’on n’avait jamais tenté avant. C’est la bonne méthode. On n’a pas fait d’études de marché, on a laissé parler la spontanéité.

Vous avez envie de relancer l’émission «Fred & Samson» ?

Chez Studio 100, tout est ouvert ! Ce show de Noël, c’est aussi l’occasion de prendre la température et d’entendre les réactions des enfants. Je suis disponible, et honnêtement, je ne demanderais pas mieux. Il y a eu une pause de 4 ans, et pourtant, j’ai eu des propositions. On me voyait dans une série avec une poule, une autre où je dialoguerais avec un chat… J’ai refusé. Tant qu’à faire, autant retrouver mon bon vieux chien que je connais depuis 10 ans.

En Flandre, «Samson & Gert» existe toujours ?

Non seulement, le duo existe toujours, mais il vient de remplir le Sportpaleis d’Anvers, quatre soirs de suite. Là, c’était un spectacle réservé aux enfants de la première heure qui ont 25 ans aujourd’hui. C’était hallucinant. Et c’est toujours le même Gert Verhulst, qui a plus de 45 ans, et qui est le patron de Studio 100…

Vous avez démarré dans les programmes pour enfants sur la RTBF, en 2004. Vous n’avez jamais eu envie de faire autre chose ?

Quand j’étais au conservatoire, je m’imaginais jouer des grands drames au Théâtre National. Et le premier contrat que j’ai eu, ça a été dans une compagnie pour enfants. Puis s’est enchaînée, la RTBF,… Ça m’a suivi, et j’ai toujours pris autant de plaisir à le faire. Je n’ai jamais eu ni de mépris, ni l’envie de faire le «Tchao Pantin», histoire de montrer que je pouvais faire autre chose. J’ai joué dans des pièces dramatiques, au Théâtre des Galeries, notamment, mais c’était toujours du divertissement, ou la pièce «Mylène et moi». Ce qui est drôle, c’est qu’après ces spectacles, les parents venaient avec leurs enfants à la sortie pour que je leur signe les DVD de «Fred & Samson».

Vous avez donc une étiquette…

J’en ai pris conscience, et je me rends compte en parlant avec d’autres amis comédiens ou de personnes qui étaient avec moi au conservatoire, qu’il y a pire comme étiquette ! Studio 100 m’a fait vivre des choses magiques. Chanter «Le Monde est si beau» devant 20.000 personnes lors des tournées avec Club RTL, remplir le Forum de Liège deux fois de suite… Si on me propose de les revivre demain, je veux bien.

C’est quoi la recette de ce succès ?

Il y a d’une part la qualité des productions de Studio 100 où une équipe d’expert sait comment donner une identité à des personnages et les développer. Et pour le côté francophone, on bénéficie de l’expérience de ce qui se fait en Flandre. D’autre part, il y a la spontanéité. C’est le critère principal que l’on recherche dans les castings. Sur scène, la différence se marque grâce à ça. Le public le voit. On peut leur faire croire qu’on est des superhéros, avec un chien bavard, etc… mais on ne peut pas mentir aux enfants sur le plaisir que l’on prend à être là devant eux.

On a longtemps reproché à Studio 100 de transposer simplement les héros flamands au sud du pays…

Ce n’est plus le cas. On y a beaucoup travaillé. C’est difficile de demander à des personnes qui ont connu de tels succès sur leur marché de se remettre en question, et de leur dire qu’il faut réécrire une autre histoire pour séduire la Wallonie. Ça a mis du temps, et c’est la raison de cette pause de quelques années, parce qu’il a fallu tout reprendre à zéro. Le «copier-coller» n’a pas fonctionné. Parfois, on doit forcer des portes et convaincre, mais ça marche. Parfois, il faut juste simplement changer la couleur d’un décor. Pour le Show de Noël, j’avais demandé aux concepteurs de regarder des films et de se nourrir de la culture francophone. Le résultat se voit.

À quand des K3 wallonnes ?

C’est dans les cartons de faire quelque chose du même gabarit, mais une simple copie ne marcherait pas. Il y a une histoire derrière. Elles ont raté la sélection pour l’Eurovision (en 1999, NDLR) et on leur avait dit qu’elles n’avaient pas d’avenir. Gert a cru en elles, et il en a fait des stars. Et voilà… Les K3 font partie du folklore flamand. Une chanteuse des K3 change de couleur de cheveux, ça passe presque dans le JT. Le travail pour arriver à avoir un groupe aussi populaire au sud du pays, doit aussi passer par une histoire. Et ça va prendre du temps.

Studio 100 aimerait conquérir la France ?

Pour moi, le Show de Noël, c’est un peu une démonstration. On a mis la gomme dessus pour montrer de quoi nous étions capables.  C’est du show à l’américaine. Ce n’est plus l’avion en bois des spectacles de l’époque… Je crois sincèrement qu’on a envie de grandir et la France doit être un objectif à moyen ou long terme.

Quel est votre rôle à Studio 100 ?

Je m’occupe du contenu francophone, que ce soit les mises en scène du show, les scénarios des spectacles ou des évènements. Je joue aussi le rôle de grand frère quand des nouveaux arrivent. Mon rôle est de donner une unité à tout ça.

Pourquoi vous n’avez pas été le visage de Studio 100 TV, il y a un an et demi ?

Il faut poser la question aux directeurs, mais le sang neuf, ça fait du bien aussi. Nathalie apporte une autre énergie. Elle n’a pas connu ce qu’on a vécu, donc il y a de la spontanéité et de la fraîcheur. Sans être flagorneur, elle a un talent immense, et je ne voudrais pas la remplacer aujourd’hui.

Le Show de Noël de Studio 100 fera escale à Charleroi (23/12), Mons (26/12), Liège (28/12) et Louvain-La-Neuve (30/12).

Entretien : Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici