Tournage : «La Minute vieille» avec l’accent belge !

L'actrice flamande Viviane De Muynck © D.R. / AT-Prod / ARTE
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

La 7e saison de la capsule d’Arte a été mise en boîte à Bruxelles. Reportage.

Le temps d’une semaine, l’équipe de «La Minute vieille» a posé ses valises à Bruxelles. Un choix du réalisateur, Fabrice Maruca, de produire la 7e saison du microprogramme en Belgique, diffusée en ce moment chaque soir à 20h50.

«C’est un peu une renaissance du programme», confie Hélène Vayssières, responsable des courts et moyens métrages pour Arte. Le Best-of proposé l’été dernier devait être le point d’orgue de «La Minute vieille», mais c’était sans compter sur la ténacité du réalisateur qui a sorti la carte noire-jaune-rouge pour séduire la chaîne franco-allemande.

C’est dans un studio de la périphérie flamande de Bruxelles que «La Minute vieille» a posé ses valises. Quatre décors pour quatre comédiennes belges conteuses de blagues venues du monde du théâtre : Janine Godivas, Nicole Valberg, Viviane De Muynck et Nicole Shirer. Pour les mettre à l’aise, des reconstitutions de salons un peu chargés. «Mais j’aime bien quand le décor est chargé !», sourit Fabrice Maruca, le réalisateur. De quoi ajouter une touche kitsch au programme court.

Au milieu des 4 salons, une caméra, c’est de là que le réalisateur dicte la blague à la comédienne. Elle ne prépare pas son texte à l’avance, et la plupart du temps ne connaît pas la blague qu’elle va raconter. C’est un choix artistique qui ne met pas tout le monde d’accord. «C’est très difficile», avoue Nicole Shirer. «Il faut une concentration de dingue, et du coup, il n’y a ni répétitions, ni travail sur le texte ou d’intonation. Quand on peut interpréter un texte, on lui donne un sens. La difficulté ici, c’est qu’il faut garder le même ton tout au long de l’histoire. C’est compliqué…» Si toutes les comédiennes racontent la même blague, le réalisateur n’en gardera que 3 par numéro de «La Minute vieille». Quatre blagues sont mises en boîte par jour.

L’actrice flamande, Viviane De Muynck trouve que le concept est assez génial. «C’est la première fois que je raconte des blagues de façon plus artistique. C’est une tradition qui a disparu. Dans ma jeunesse c’était courant», regrette-t-elle. «Pourtant, on peut faire rire tout le monde avec une blague. C’est important de rire en ces temps difficiles, vous ne trouvez pas ?» Son accent flamand chantonnant donne encore plus de saveur aux histoires.

Il faut reconnaître que certaines blagues sont parfois un peu salaces ou avec des expressions très françaises. «Je ne suis pas stupide !», s’amuse la comédienne. «Parfois, il y a des mots que je ne connais pas, mais ça va. Dans les 15 histoires, il y a en a trois où j’ai dû demander des explications au réalisateur. Malgré mon accent, j’ai l’habitude de jouer en français depuis 25 ans. Je travaille souvent avec un coach qui m’aide aussi à développer mon sens du français.»

Ici aussi Fabrice Macura a fait appel à un «coach» pour transposer les histoires à un parler belge. Il a fallu faire quelques petites adaptations pour que le texte ne soit pas trop franco-français. C’est le comédien Michel Israël qui s’est occupé de la «traduction», même si on a gardé une part très française. Le brusseleir, par exemple, ne serait pas compris par le public français d’Arte.

Pour le casting, tant des comédiennes professionnelles que des amatrices ont été contactées. La réalisation cherchant des tronches et des personnes entre 70 et 90 ans. L’exercice nécessite une forte concentration pendant plus de deux heures tous les jours. Un impératif qui a rebuté quelques candidates. À l’inverse de la France, pas de people pour raconter les blagues, même si la directrice de casting pour Seeking4you, Catherine Israel, insiste «les quatre dames choisies ont une grande renommée, chez nous.»

Pour la petite histoire, lors du lancement du projet, en juin 2020, Annie Cordy était dans les petits papiers de la production… Si on veut des personnalités connues pour une autre saison 100 % belge de «La Minute vieille», il faudra abaisser la limite liée à l’âge, nous souffle-t-on.

Justement, Fabrice Maruca a pris goût aux tournages chez nous. «Cette parenthèse belge permet de donner un petit coup de jeune à une série qui a presque 10 ans d’existence», explique le réalisateur. «On se renouvelle avec des francophones qui ont une culture et un accent. On s’en imprègne avec vos mots que nous ne connaissons pas en France. Et puis, une « Minute vieille belge » sans accent, ça n’aurait pas d’intérêt.»

«Je suis très content d’être à Bruxelles et j’adore le quatuor de comédiennes. Vraiment j’aimerais revenir l’année prochaine, pour faire une saison 8», conclut-il.

À savourer tout l’été, du lundi au vendredi à 20h50 sur Arte, des blagues à la sauce belge, mais sans histoires belges !

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