Thomas de Bergeyck : «Le Roi Philippe a fait le plus dur» (interview)
Ce dimanche 20 juillet à 19.55, le présentateur de «Place Royale» propose une émission spéciale pour dresser le bilan de la première année de règne de Philippe. Télépro a voulu connaître le regard d’expert sur les premiers actes du Roi.
Quel événement vous a le plus marqué durant cette première année de règne ?
Je ne peux pas éviter de revenir sur le 21 juillet 2013 et son accession au trône. C’est un peu bateau, mais on a tous trouvé cette journée extraordinaire et sans fausse note. Pour aller vers autre chose, je retiens du Roi Philippe sa dimension internationale. Depuis des années, nous n’avions plus eu un Roi des Belges avec un tel rayonnement à l’étranger. Il se fait connaître aux quatre coins du monde. Il y a cette image hallucinante du Roi Philippe qui réussit à faire rire Barack Obama. L’homme le plus puissant de la planète qui est complice avec notre Roi comme si c’était son ami ! Le Roi a marqué des points en endossant ce rôle d’ambassadeur de notre petit pays.
Le fait d’être déjà un ambassadeur économique avant de devenir roi l’a aidé ?
Bien sûr qu’il s’est forgé une réputation pendant vingt ans à l’étranger. C’était le «globe-trotter business» de notre pays, mais il n’avait jamais vraiment rencontré les plus grands de la planète. Il a comblé la carence d’Albert II à ce sujet-là. Le Roi Albert avait beaucoup plus de préoccupations dans notre pays, et il a essuyé pas mal de crises. Il a surtout géré l’aspect belgo-belge. Philippe n’oublie pas l’aspect international, et tente de faire connaître la Belgique à ceux qui pensent que c’est une «sous-province européenne». Je retiens cette phrase d’une Marollienne : «La Belgique est un petit pays mais c’est aussi une grande nation». Elle résume très bien le travail entrepris par le Roi.
Est-ce que le Roi Philippe ne s’éloigne pas du style de son père pour ressembler au Roi Baudouin qui l’a formé ?
Je ne ferai pas de parallèle avec le Roi Baudouin, même si c’est un «enfant de Baudouin». Paradoxalement, pour la fonction, Philippe est mieux formé qu’Albert II, et j’ai tendance à dire que le Roi Philippe veut voler de ses propres ailes. Il est maintenant le patron, et pendant vingt ans, il est resté dans l’ombre de son père. Il a une vision très claire de son règne. Il sait qu’il est là pour longtemps. Philippe va entreprendre les choses à sa façon. Entre Baudouin et Albert, il y avait déjà une grosse évolution dans la modernisation de la fonction royale. Avec Baudouin, tout était hermétique, et la presse n’avait accès à rien. Albert II a ouvert les portes du Palais.
«Place Royale» a été créée dans la mouvance de cette ouverture du Palais à la presse. Le Roi Philippe va dans le même sens ?
La différence est énorme ! Il y a déjà tout ce qui concerne l’agenda royal. Albert II ne faisait plus autant de visites officielles, de voyages ou de rencontres d’État… Depuis un an, tous ces événements ont ressurgi. Cette première année de règne a été très riche pour le couple royal. Sur le plan de la communication, les choses sont mieux maîtrisées. Non seulement, la presse reçoit des communiqués du Palais, mais elle est prise en charge de façon plus intelligente, sur le terrain. Le Palais se rend compte que la presse a un rôle à jouer, et que sans elle, personne ne serait au courant des activités du Roi et de la Reine. Clairement, le Palais et le couple royal sont ouverts aux propositions. On peut faire part d’un souhait, et il arrive qu’on bouleverse le protocole pour avoir la bonne photo, par exemple.
L’entretien du Roi Albert II avec Pascal Vrebos sur RTL-TVI avait surpris le Roi Philippe. «Place Royale» en a été une victime collatérale ?
Sincèrement, nous n’avons pas eu de retours du Palais. D’une part, c’est une opération qui a été gérée par Pascal Vrebos, RTL et le Roi Albert II. D’autre part, les relations entre le Roi Philippe et son père sont des problèmes de famille qui ne nous regardent pas. Je pense qu’on en a beaucoup dit, mais que les choses n’ont pas été aussi houleuses à Laeken. Pour l’image de RTL, c’était évidemment un coup extraordinaire. C’est aussi de la modernité. Un ancien souverain peut prendre la parole, raconter pour l’histoire sa vie, son vécu, sa jeunesse… et réécrire certains éléments de l’Histoire parfois bafoués par méconnaissance.
Cette première année de règne, ce ne serait pas surtout celle de la Reine Mathilde ?
Pour moi, je n’ai pas remarqué de différence entre le couple du Prince et de la Princesse, hier, et celui du Roi et de la Reine, aujourd’hui. La Reine Mathilde s’est toujours cachée derrière le Roi Philippe.
Quand on s’habille en jaune ou en rouge, c’est pour qu’on vous remarque…
Bien sûr, c’est aussi une preuve qu’elle fait bien son job et qu’elle joue parfaitement son rôle. Plus c’est coloré, et mieux on va la distinguer. Le but n’est pas qu’elle prenne de la place par rapport à son mari. Elle est consciente de son titre et de sa popularité. Pour moi, le Roi et la Reine forment une vraie équipe. L’un ne va pas sans l’autre. On entend dire que c’est la «patronne», qu’elle décide de tout, donne son avis sur certaines décisions, etc… Mais qui sait si ce n’était déjà pas comme ça avant dans la Maison des Ducs de Brabant ?
Quel bilan dressez-vous de cette année de règne ?
Le Roi a fait le plus dur, c’est-à-dire de s’installer dans la fonction. Il s’est fait apprécier des Belges, alors qu’avant d’accéder au trône, sa cote de popularité avait subi quelques revers. Le bilan est positif parce qu’il a pris ses marques sans faire oublier son père, et qu’il a étendu l’assise internationale de la Belgique. Pour l’instant tout se passe bien, on sait que Philippe est bien formé, mais attention, il y a l’après-élections…
On l’attend au tournant ?
Oui, mais il a reçu l’assentiment du monde politique pendant ces douze mois, donc, je lui donne toutes ses chances, et ça pourrait se passer mieux qu’il y a quatre ans.
Entretien : Pierre Bertinchamps
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