«The Old Man and the Gun» : la révérence du «Sundance Kid»
En 2018, Robert Redford a annoncé ne plus vouloir jouer. Et a offert au public sa dernière performance : celle d’un braqueur qui a du mal à raccrocher… Un film à voir ce lundi à 20h40 sur La Une.
Soixante ans de carrière, une gueule d’ange, mais des emplois forts, souvent politiques, et toujours empreints de liberté : voilà qui définit le judicieux parcours de Robert Redford, 84 ans.
Son désir de latitude a guidé ses choix artistiques, dont «Butch Cassidy and the Sundance Kid» (1969) où la star donnait la réplique à Paul Newman. Dans la peau du second nommé, Redford y tenait un rôle qui lui rappelait son enfance car, disait-il, «j’ai toujours été intéressé par le point de vue alternatif, l’idée d’indépendance et je me suis toujours senti hors-cadre, tel un hors-la-loi !»
Gentleman charmeur
Pour ses adieux au grand écran, quarante-neuf ans plus tard, la star reste donc fidèle au registre du réfractaire solitaire et campe, dans «The Old Man and the Gun» (lundi soir sur La Une), un vieux bandit qui a vraiment existé : Forrest Tucker. Comme Redford, ce gentleman cambrioleur à l’aplomb désinvolte refuse d’abandonner ses passions : le frisson de son métier, le plaisir de charmer les dames et le besoin farouche de liberté.
Le réalisateur de l’aventure, David Lowery, choisi par Bob qui a apprécié leurs précédentes collaborations sur «Peter et Elliott le Dragon» (2016) et «A Ghost Story» (2017), explique : «C’est l’histoire fascinante d’un homme qui continue de faire ce qu’il sait, même s’il sait que ce n’est pas bon pour lui !»
Le cinéaste s’est aussi réjoui de voir le mythique «Brubaker» séduire, tel un jeune premier, sa partenaire Sissy Spacek (alias Jewel) : «Ils étaient fans l’un de l’autre et étaient comme des adolescents, flirtant, continuant de rougir et de rire. Bob peut charmer n’importe qui !» Y compris la caméra : «Il a été si bon dans cet ultime rôle.
D’un point de vue spirituel, ce long métrage est le descendant de quasi tous ses autres films : c’est comme s’il y exprimait l’essence de ses personnages phares à un stade ultérieur de leur vie !»
Dernier message
David Lowery adresse un clin d’œil aux tribulations cinématographiques où Redford a côtoyé des pur-sang, de «Jeremiah Johnson» à «L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux», avec une scène où la star se remet en selle. Si certains critiques ont trouvé cette allégorie quelque peu surfaite et crépusculaire, «Gatsby le Magnifique» n’en a pas pris ombrage : «J’en suis venu à accepter l’idée qu’un large public veuille me voir comme un héros romantique reflétant une certaine valeur morale !»
À l’instar de Forrest Tucker, Robert Redford n’a pas rempli ses contrats pour l’argent, mais pour le plaisir et pour transmettre un message simple, véhiculé par son dernier long métrage : faites ce qui vous rend heureux.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/11/2020
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