«The Duke» : Robin des bois contre le Duc

Kempton Bunton (incarné à l’écran par Jim Broadbent, ici aux côtés de Helen Mirren) cache-t-il des talents de gentleman cambrioleur sous ses airs d’Anglais de la classe moyenne ? © RTBF

Une incroyable histoire vraie autour d’une toile volée à la National Gallery, à Londres !

Lundi à 20h30 sur La Une, Jim Broadbent donne la réplique à Helen Mirren dans «The Duke». L’acteur britannique y incarne un sexagénaire épris de justice sociale, accusé de l’un des vols d’art les plus mystérieux du Royaume-Uni. Aussi rocambolesque soit-elle, cette comédie dramatique est inspirée d’une histoire vraie qui a mis l’Angleterre en émoi au début des années 1960.

Cinq mystérieuses années

21 août 1961. Au petit matin, grâce à une fenêtre laissée ouverte dans les toilettes, un homme pénètre par effraction dans un célèbre musée londonien. Quelques minutes plus tard, il en ressort une toile sous le bras : le «Portrait du duc de Wellington», peint par Goya au début du XIXe siècle. Novembre 1965. Cour centrale de justice de la capitale anglaise. Kempton Bunton, 61 ans, plaide non coupable pour ce vol qui défraie la chronique depuis plusieurs années. Il vient pourtant de se rendre à la police pour avouer le méfait. Qui est cet homme qui a tout sauf la dégaine d’un voleur professionnel ?

Redevance et vengeance

Père de famille et ancien chauffeur de bus de la ville de Newcastle, Kempton Bunton est un éternel indigné. Le dernier cheval de bataille du retraité ? La redevance télé pour les personnes âgées. En 1961, il a d’ailleurs déjà fait plusieurs séjours en prison pour avoir refusé de se soumettre à l’impôt. Alors quand il entend à la radio que le pays a déboursé 140.000 livres (l’équivalent d’environ 3 millions d’euros en 2024) pour conserver le «Portrait du duc de Wellington», le vase déborde.

Chantage

Lorsque les salles de la National Gallery, où la peinture du maître espagnol est exposée, s’éclairent le 21 août, stupeur générale ! La toile a disparu ! Scotland Yard ouvre l’enquête, persuadée qu’il s’agit d’un coup planifié par un expert en cambriolage. Il faut dire que c’est la première fois que le musée est dévalisé. Dans la foulée, la presse reçoit des lettres anonymes exigeant la création d’une œuvre caritative réservant la somme de 140.000 livres aux retraités désargentés en échange du Goya. Les demandes de rançon restent sans réponse. Et l’œuvre cachée au fond d’une armoire des Bunton. L’affaire fait grand bruit outre-Manche, à tel point que James Bond aperçoit «Le Duc» chez le Dr No dans le film de 1962…

Non coupable votre honneur

L’intrigue semble toucher à sa fin en mai 1965 lorsque le Daily Mirror reçoit le ticket d’une consigne de gare où est retrouvé le tableau. Le 19 juillet, Kempton se dénonce à la police. Son procès est à la hauteur du reste de l’histoire. Le jury est séduit par l’humour et les valeurs de ce bonhomme en costume chiffonné. Mais surtout, son avocat profite d’un vide juridique pour arguer que son client n’a fait qu’emprunter le tableau, sans intention de le garder. Il ne peut donc être accusé de vol. L’astuce fonctionne, Kempton n’est jugé coupable que du vol du cadre et écope de trois mois de prison. Pour éviter que d’autres œuvres ne soient «empruntées», la loi est modifiée.

Spoiler

Si vous avez l’intention de regarder le film et voulez garder le suspense intact, arrêtez-vous là. Mais si vous êtes trop curieux, la fin de l’histoire est tout aussi truculente. En 2012, des documents d’archives dévoilent qu’en 1969, l’un des fils Bunton a avoué être le véritable larron. Touché par la lutte de son père, il a voulu attirer l’attention sur sa cause. Père et fils ont ensuite orchestré la mise en scène ensemble. Pour éviter de se ridiculiser une nouvelle fois, la justice a préféré étouffer l’affaire.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/4/2024

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