TF1 Belgique : le CSA entre dans la ronde

TF1 Belgique : le CSA entre dans la ronde
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel belge envoie ses recommandations à son homologue français concernant TF1 Belgique, en vue d’encadrer le décrochage.

On risque de parler tout l’été de l’arrivée de TF1 en Belgique. Dès le 1er juillet 2017, sa régie, Transfer, va pouvoir vendre la chaîne française aux annonceurs, et les premiers spots sont attendus pour le 1er septembre prochain.

Pour pouvoir arriver sur le marché belge, TF1 Belgique doit être créée et reconnue par… les autorités françaises. Le 26 mai dernier, le CSA français confirmait avoir reçu une demande de conventionnement pour un service TF1 destiné au marché belge. Plus communément appelé «TF1 Belgique». Le CSA belge demande à son homologue qu’une série de mesures plus strictes prévues dans le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles soient intégrées à l’autorisation d’émettre.

Investir dans la production belge

Comme la plupart des «petits marchés», la Belgique bénéficie (ou souffre, c’est selon !) de l’overflow. C’est-à-dire le débordement des chaînes de son grand voisin. C’est notamment le cas en Autriche et en Suisse, beaucoup moins en Flandre. Ces diffuseurs veulent monnayer leurs programmes qui marchent auprès d’un public qui bénéficie d’un débordement. En Suisse, M6 et TF1 ont franchi le pas. Mais on peut aussi citer MTV France (sous la bannière «Wallonia») ou Disney Channel, chez nous. TF1 sera le premier gros acteur à faire la démarche. Et c’est cette «puissance» qui effraie le CSA belge. Ce dernier envoie quelques recommandations à Paris.

En matière de publicité, notre CSA souhaite que l’interdiction d’interrompre les programmes pour enfants par de la publicité soient respectée. Les JT sont aussi visés s’ils ne sont pas d’une durée suffisante (soit plus de 30 minutes).

Le point le plus important est la contribution à la production de contenu. Le CSA parle de 2,2% du «chiffre d’affaire éligible». Les chaînes peuvent valoriser leur contribution sous la forme de coproductions avec conservation des droits ou de préachat. «Ce mode contributif s’apparente donc à un investissement et non à une « taxe »», précise le CSA. En outre, TF1 serait encouragée à participer à la production, sous la forme de coproduction et de préachat d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles, et à contribuer à la politique linguistique et culturelle de la Fédération Wallonie Bruxelles.

RTL de nouveau sous pavillon belge ?

Le CSA demande à TF1 que les accords passés avec les chaînes belges ne changent pas. Que ce soit sur la primo-diffusion concédée sur certains programmes conjoints ou la poursuite de collaboration en matière d’œuvres inédites de TF1. Là, les choses pourraient être rendues plus difficiles. TF1 voulant peut-être avoir la pleine audience sur des programmes forts comme «Camping Paradis» ou «Une famille formidable». Enfin, le régulateur belge réclame la réalisation d’une étude d’impact.

Ce week-end, dans les colonnes du Soir, le CSA laissait entendre qu’un rapatriement des trois chaînes de RTL en Belgique serait plus profitable au dossier. Le Conseil craint que son homologue ne lui réponde qu’avant de demander des concessions vis-à-vis de TF1, qu’il règle le problème «RTL». RTL-TVI, Club RTL et Plug RTL sont sous pavillon luxembourgeois depuis 2006.

La réponse de la chaîne privée n’a pas tardé. Un retour n’est pas à l’ordre du jour à RTL Belgium qui de toute façon précise que la décision appartient à ses actionnaires et au Gouvernement grand-ducal.

Pierre Bertinchamps

Illustration : dessin de Pad’R paru dans le magazine Télépro du 18 mai 2017

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