Télévision : dérapages non contrôlés !

Aux JO de Tokyo en 2021, le journaliste sportif belge de la VRT, Eddy Demarez, tente une blague de très mauvais goût sur « la virilité » de la basketteuse Emma Meesseman. Il sera écarté de l’antenne durant un an… © DR

Que se passe-t-il dans la tête des patrons de chaînes et des animateurs qui ont fauté quand ils règlent leurs comptes ? La série « Douglas Is Cancelled », ce jeudi à 20h50 sur Arte, observe cela d’un œil aiguisé. Et n’est pas sans rappeler des faits réels.

Dans la fiction, Douglas Bellowes (campé par Hugh Bonneville de « Downton Abbey »), présentateur-vedette de télévision, se laisse aller sur les réseaux sociaux à une blague sexiste. Sa carrière vacille. Mais l’accusé compte répliquer…

Dérapage à la VRT

Commence alors une aventure où le verbe agit telle une fléchette et vire au jeu de massacre. Ce récit aura un goût de déjà-vu pour le public britannique, américain, français ou belge. Au cours des JO de Tokyo 2021, Eddy Demarez, journaliste de Sporza sur la VRT, suit la remise des médailles aux Belgian Cats, équipe féminine de basket-ball. Ignorant que son micro est branché, il lance à un collègue : « Il n’y a qu’une hétéro dans les Cats. » L’autre demande : « Elles le sont toutes ? ! » Le bavard assure que oui et déforme le nom d’une des joueuses : « Emma Meesseman, messte-man (le mec le plus viril) ! »

« Des gens comme ça doivent partir », réagit la joueuse de basket-ball Hanne Mestdagh. « Ça montre ce à quoi les athlètes féminines font souvent face », ajoute Justine Vanhaevermaet, footballeuse des Red Flames. Sermonné et mis à l’écart, Demarez accepte l’idée de la VRT : participer à un groupe de travail sur le thème « Les femmes dans le sport et la diversité ». Et confie : « Je fais de mon mieux pour créer du bon à partir de mon erreur. » Et il revient à l’antenne, l’année suivante…

Télé misogyne

En Angleterre, ça rigole moins. Lors des JO de 2024, le commentateur Bob Ballard d’Eurosport est renvoyé. Il a ironisé sur la lenteur des nageuses australiennes, médaillées d’or, à sortir des vestiaires : « Les femmes, elles traînent, se maquillent ! » Sa coprésentatrice, Elizabeth Simmonds, ex-nageuse pro, rétorque : « C’est scandaleux ! Les hommes prennent aussi leur temps ! » Adieu, Ballard.

En 2023, Laurence Fox, ex-acteur et chroniqueur politique de GB News, se moque en direct d’une homologue : « Qui aurait envie de la b… ? ! » 8.000 plaintes sont déposées à l’Ofcom, régulatrice des médias. L’importun est viré.

En France non plus, on ne badine pas avec les boutades. Jean-Christophe Le Texier, alias Tex, aux commandes des « Z’amours » (France 2), s’en souviendra. Invité sur C8, en 2017, il blague : « Que dit-on à une femme qui a les deux yeux au beurre noir ? Plus rien ! On le lui a déjà expliqué deux fois ! » Le « rigolo » disparaît de l’écran.

PPDA et Bernard Montiel

Autre dérapage : celui de PPDA, éjecté en 2008. Un an auparavant, il interviewe le nouveau président, Nicolas Sarkozy, et évoque sa participation au G8 : « Vous étiez à votre aise, presque excité comme un petit garçon qui entre dans la cour des grands ! » Ces paroles auraient amené Sarko à demander à TF1 la tête de Poivre…

Sur RMC, en 2003, Bernard Montiel critique TF1 et l’émission qu’il y présente : « Je me fais ch… dans « Vidéo Gag», mais je viens pour ramasser un paquet de fric. » Ses chefs sévissent. Pour le franc-tireur, le choc devient psychologique : « J’en ai perdu ma voix pendant trois mois. » Peut-être aurait-il dû être aphone un peu plus tôt.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/2/2025

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