Téléfilms romantiques : la déferlante d’eau de rose…

Candace Cameron Bure («La Fête à la maison») a joué dans plus de vingt-cinq films Hallmark Channel © Isopix

Leurs intrigues sucrées servies par des comédiens souriants au look impeccable sont, chaque après-midi, sur (presque) toutes les chaînes (RTL-TVI, Tipik, TF1, AB3). Pourquoi cette vague de «rom-com» est-elle si prolifique et triomphante ?

Les spectateurs ont toujours eu une relation mouvementée avec les comédies romantiques : ils les adorent, les abhorrent, puis se passionnent à nouveau pour elles. Comme s’il leur était impossible de s’en passer bien longtemps…

Du cinéma à la télé

Le thème romantique fait les beaux jours du 7e art depuis ses débuts. Une déferlante a même marqué la fin des années 1980 jusqu’à celle des années 1990, avec des comédies qui ont fait salles combles : «Quand Harry rencontre Sally» (1989), «Pretty Woman» (1990), «Nuits blanches à Seattle» (1993), «Coup de foudre à Notting Hill» (1999) ou «Coup de foudre à Manhattan» (2002), révélant les sympathiques bouilles de Julia Roberts et de Meg Ryan. Mais à trop vouloir en faire, les fictions ont soudain perdu de leur charme aux yeux des cinéphiles, lassés par les scénarios prévisibles et des héroïnes de plus en plus caricaturales, telles Jane Nichols (Katherine Heigl) dans «27 robes» (2008), les très frénétiques Liv (Kate Hudson) et Emma (Anne Hathaway) dans «Meilleures ennemies» (2009) ou Rebecca, l’acheteuse compulsive (Isla Fisher) de «Confessions d’une accro au shopping» (2009).

Les meilleures actrices ont fini par fuir le genre devant ces personnages sous-développés, maints médias ont prédit la mort des «rom-com» et Hollywood a joué la sécurité en revenant à des blockbusters plus agressifs et des franchises de héros musclés. Les chaînes de télé ont alors flairé la bonne occasion…

Apprécier le moelleux

Les spectateurs, confortablement installés dans leur divan, recherchant avant tout le calme, la relaxation, la légèreté et la rêverie, sont happés par une nouvelle vague de récits romantiques. Certains deviennent même accros. Ce genre rassemble les familles ou les amis devant des récits certes peu cérébraux, mais agréables, avec des rebondissements attendus, aussi faciles et savoureux à déguster et à digérer qu’un donut multicolore bien moelleux. Mélanges de réalisme et de magie hollywoodienne, ils mettent en scène des «gens ordinaires», dans des circonstances normales, qui affrontent des difficultés pour toujours aboutir au meilleur, jamais au pire ! Le tout interprété par des comédiens quasi inconnus qui ne trustent ni les affiches ni les snobs tapis rouges, et pour lesquels on se prend d’affection.

Cartes postales sur mesure

Plusieurs chaînes américaines se sont donc spécialisées dans ces irrésistibles guimauves. Parmi elles, Hallmark Channel et GAC Family (dirigée par l’ancien PDG de Crown Media Family Networks, parent de Hallmark Channel). Le premier nom n’est pas inconnu, la marque est aussi à l’origine de la création de cartes de vœux tendres ou drôles ! Proposant une avalanche de romantisme au moment des fêtes («Noël avec une star», «Coup de foudre sous la neige», «L’Héritière de Noël»), elle a étendu son catalogue à chaque saison et chaque moment-clé de l’année : vacances d’été, Saint-Valentin… Et ça marche !

«Les films Hallmark sont « confortables ». Ils sont courts, « feel good » et finissent bien», souligne Taylor Cole. Actrice récurrente de l’entreprise («Coup de foudre à la Saint-Valentin», «Amour à la carte», «Notre incroyable anniversaire»). «Ce sont des films qui rendent joyeux. On en a besoin en ce moment. D’autres chaînes ou plateformes essaient de repousser les limites du drame et sont si focalisées sur le négatif que des téléfilms positifs sont vraiment rafraîchissants pour les téléspectateurs !»

Donner au public ce qu’il veut

Et les comédiens de ce club à l’eau de rose sont désormais aussi appréciés et réclamés par les fans que les téléfilms. «Nous tentons de garder un équilibre entre les actrices et acteurs vedettes, très populaires, et l’introduction régulière de nouveaux visages», déclare Michelle Vicary, vice-présidente exécutive de la programmation.

Parmi les vedettes, recrutées au Canada ou aux États-Unis, Autumn Reeser enchante le public depuis près de dix ans. Héroïne d’«Un amour de chef», «Croisière romantique», «Une New-Yorkaise à la ferme» ou «Noël sous un ciel étoilé», l’actrice se dit enchantée de cette carrière et ne se sent pas enfermée dans un créneau. D’ailleurs, la production y veille en élargissant ensuite les responsabilités de ses protégés. Tous peuvent ensuite devenir co-scénaristes, producteurs exécutifs… De temps à autre, surgissent des têtes familières comme Candace Cameron Bure et Lori Loughlin (ex-héroïnes de la série «La Fête à la maison»), ou Jennifer Love Hewitt («Ghost Whisperer»).

Reposer les cœurs fatigués

Quant à la «survisibilité» et le risque d’overdose des téléfilms romantiques, Autumn Reeser ne s’inquiète pas : «Je suis là pour raconter des histoires, quelle que soit la plateforme sur laquelle elles se trouvent. Je suis motivée par le fait d’amener de la lumière, de la joie et de l’amour dans les foyers. Je considère ces films comme des médicaments ! La vie est difficile, ils ont besoin de reposer leurs cœurs et leurs esprits fatigués.»

Les comédiens, tous aussi beaux que Ken le fiancé de Barbie, sont également satisfaits de leur place au sein de ce genre d’écurie, capable de créer plus de vingt téléfilms par an. Andrew Walker, par exemple, coqueluche des téléspectatrices : «J’ai la chance d’incarner une grande variété de personnages ! Ce que je n’ai pas encore abordé ? Un rôle de cow-boy ! Mais chaque tournage est génial et amical. On rit beaucoup avant et après chaque prise !»

Nulle part ailleurs

Autre force de ce type de productions : elles sont bon marché ! Chacune coûterait environ 2 millions de dollars. Mais les créateurs restent vigilants. «Nous examinons toujours ce que font nos concurrents», confie Michelle Vicary. «Mais ce que nous avons et qu’ils n’ont pas, c’est une marque axée sur la connectivité émotionnelle et les relations bienfaisantes. Nos contenus, vous ne les verrez nulle part ailleurs !» Vraiment ?

Cet article est paru dans le Télépro du 9/06/2022.

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