Téléfilms de Noël : un peu de miel dans ce monde de fiel…
Dès ce lundi 1er novembre, ils sont de retour sur le petit écran : scintillants mélos à l’immuable scénario, nappés de naïveté et confits de bons sentiments, leur succès est croissant !
C’est la rengaine de Noël : une jeune carriériste célibataire ou fiancée à un insupportable idiot quitte sa métropole d’adoption pour passer les fêtes dans son village natal. Elle y croise son amour de jeunesse. Quelques quiproquos et batailles de boules de neige plus tard, la belle remet en question son existence stressante et prosaïque de citadine, et découvre… la magie de Noël ! Sans spoiler la fin : elle restera dans son bled perdu, auprès du premier élu de son cœur, pour ouvrir une humble boutique artisanale et mener une existence plus sobre mais autrement plus riche…
Ce scénario guimauve itératif, les chaînes belges et françaises se l’arrachent à coup de crosses. Dès la Toussaint, au tintement de 14 h à l’horloge, Tipik, RTL et TF1 offrent aux téléspectateurs, toujours plus nombreux, l’embarras du choix.
Usine à gros lot
Aux États-Unis, principaux producteurs de ces indétrônables nanars surdosés en sucre, plusieurs chaînes en ont fait leur spécialité. La plus fameuse, Hallmark (le fabriquant de cartes de vœux), en a produit des centaines ces vingt dernières années. Attirant, en 2020, plus de 85 millions d’âmes en quête de douceur : vingt-trois inédits étaient proposés. Cette année, près du double ! Pour les fans les plus avides, la chaîne diffuse aussi ses historiettes hivernales… en plein mois de juillet !
Même Netflix a flairé le bon flocon et propose désormais ses productions. Nos chaînes télé s’en frottent les mitaines et passent commande des mois à l’avance. «Nous débutons les achats en février-mars pour décembre», affirme Sophie Benoît, responsable de la programmation TV à la RTBF, constatant que «les plus anciens marchent moins bien». Ainsi, les inédits prolifèrent tels des cupcakes.
Bon marché… de Noël
Le secret de cette immense confiserie télévisuelle ? Des sucres d’orge «low cost» : environ 1,5 million d’ e le téléfilm, bien moins qu’une production hollywoodienne ! Secrets de fabrication ? Les acteurs fétiches sont des semi-vedettes issues de séries. C’est le cas de Candace Cameron Bure («La Fête à la Maison»), Jesse Metcalfe (le jardinier de «Desperate Housewives») ou Autumn Reeser («Hawaii 5-0), à l’affiche des deux téléfilms enneigés jeudi sur TF1. D’autres en ont fait leur spécialité, comme Lacey Chabert.
Économie oblige, ni cascade ni effets spéciaux. La fausse neige est produite par des extincteurs à incendie… Les décors ? Toujours les mêmes villes, principalement au Canada où les coûts de production sont moins taxés. Le tournage prend deux ou trois semaines… en plein été !
Recette miracle
L’absence d’originalité s’explique par les codes stricts du genre : un scénario invariable (à une guirlande près), un soupçon de nostalgie, une bonne dose d’amour et de rédemption montée en neige, un zeste d’humour grotesque, le tout saupoudré de valeurs familiales et nappé de scènes incontournables : l’achat du sapin, l’emballage des cadeaux, la préparation de la dinde, boutiques illuminées, chants de Noël… Et l’inéluctable happy end inondé de larmes de joie.
Le sociologue Emmanuel Ethis compare ces téléfilms aux «vieilles décorations qu’on ressort chaque année et qui nous replongent dans notre enfance». L’aspect prévisible rassure tandis que l’overdose de bons sentiments offre bien-être et réconfort. Particulièrement en cette période de pandémie.
Et la psychothérapeute Jo Gee d’ajouter que ces plaisirs coupables sont «bons pour la santé» puisque «l’ocytocine déclenchée lorsque nous les regardons diminue le stress et la tension».
Alors pourquoi s’en priver ?
Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021
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