Télé Bruxelles fête ses 30 ans !

Télé Bruxelles fête ses 30 ans !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Déjà 30 ans de télévision bruxelloise francophone ! Plus qu’une chaîne régionale, Télé Bruxelles est une fenêtre sur la capitale et sa diversité.

Il y avait du beau monde pour la soirée protocolaire et festive de Télé Bruxelles à BOZAR, mardi 14 octobre. Joëlle Milquet, Charles Piqué, Didier Gossuin, Fadila Laanan ou Rudy Vervoort, mais aussi des personnalités de la télé comme Yves Boulanger ou Michèle Etzel, et des représentants de la RTBF et de RTL.

Entrave à la liberté d’expression

Si la chaîne a vu le jour en 1984, ce n’est qu’en 1988 qu’un canal lui a (enfin) été dédié : les difficultés communautaires à Bruxelles battaient déjà leur plein. Heureusement, trente ans plus tard, les choses ont changé, même si Marc de Haan, directeur de Télé Bruxelles, déplore quelques entraves à la liberté d’expression de sa chaîne.

Celle-ci a été chassée par les câblos de la périphérie bruxelloise, au milieu des années nonante, et doit faire face à une impossibilité (légale) de s’étendre vers le Brabant wallon, où pas mal de Bruxellois se délocalisent. C’est grâce à la diffusion sur la Toile que Télé Bruxelles entend toucher ce public un peu perdu.

Premier JT de Belgique à 12h30

Télé Bruxelles est la voix des habitants des 19 communes de la capitale, dans leur diversité. C’est aussi un pari réussi pour la chaîne qui ne se cantonne pas à diffuser de l’info et l’un ou l’autre magazine local comme l’impose le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La télévision avait même tenté de toucher les eurocrates en proposant des programmes en anglais. «Nous ne le faisons plus», explique le directeur. «Il s’avère que les eurodéputés sont des Bruxellois comme les autres, et ce qui les intéressent, c’est ce qu’il se passe dans la région, les travaux, les bouchons sur la petite ceinture, et pas l’actualité européenne en tant que telle».

N’empêche que Télé Bruxelles fait de grands écarts, la chaîne couvre tous les parlements, de celui de la Région bruxelloise à l’hémicycle européen, en passant par la Chambre. «Mais nous ne voulons pas nous substituer aux télévisions nationales comme RTL-TVI ou la RTBF», explique Marc de Haan. «Nous ne relayons que ce qui concerne les Bruxellois même si parfois Bruxelles est un enjeu national.»

En 2010, la station innovait en lançant son JT de la mi-journée à 12h30. Le premier JT diffusé en Belgique. Le succès sera vite au rendez-vous, et a même fait des petits, puisque la télévision liégeoise RTC a suivi. «C’est un journal différent pour un public différent, qui ne regarde pas forcément l’édition, plus complète, de 18h. Avec l’interview politique de Fabrice Grofilley, à 12h45, la tranche de midi fonctionne très bien.»

Armelle ou Eric Russon sont passés par Télé Bruxelles

Soda, Armelle, Marie-Christine Maillard, Thomas Van Hamme, Régis de Rath ou Eric Russon ont fait leurs armes ou juste un petit détour par les écrans bruxellois. Découvreur de talents ? «Oui et non. Nous sommes très contents quand une personne de chez nous part sur une chaîne nationale, mais il y a aussi des transferts dans le sens inverse. En 2014, les télévisions locales ne sont plus des télévisions de seconde zone, et la qualité en termes de programmation est là. Ce qui nous différencie, ce sont les moyens», confesse Marc de Haan.

Objectif Reyers

Dans les années à venir, Télé Bruxelles devra asseoir sa présence et sa réactivité sur le web (c’est une tendance généralisée pour la survie des télés locales du sud du pays), et mettre en oeuvre son projet de déménagement vers Reyers, dans le nouveau Pôle des médias, sur le site de la RTBF.

On ne parle plus d’un partage du bâtiment, puisque la RTBF va se construire un nouveau siège Mais Télé Bruxelles a fait une demande de financement auprès de l’Europe, via les fonds du FEDER, pour ériger ses propres locaux. «On va regrouper pas mal de médias sur le site de Reyers (l’agence Belga devrait aussi s’y installer, NDLR), et il n’y a pas de raisons que l’on n’y soit pas !».

Si tout va bien, la chaîne régionale devrait prendre ses nouveaux quartiers à l’horizon 2019. Autre défi : trouver une solution sur le financement : les câblos et les opérateurs ADSL ne reversent pas un montant forfaitaire par foyer abonné. Le décret instaure une obligation pour la Wallonie (2,46 €/foyer), mais cela devient juste une recommandation pour la région bilingue. Pour faire avancer le dossier, il faudrait trouver d’abord un accord sur une juste répartition de montant entre francophones et néerlandophones à Bruxelles, et ensuite convaincre le fédéral… Pas gagné !

Télé Bruxelles est la plus grosse télévision locale et communautaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle emploie une soixantaine de personnes et touche, en audience globale, près d’un million de téléspectateurs.

Pierre Bertinchamps

Découvrez ci-dessous une vidéo des débuts d’Eric Russon («Cinquante degrés nord» sur Arte) à Télé Bruxelles. C’était en 1989 :

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