Stéphane Rosenblatt : «La RTBF est notre meilleur ennemi» (interview)

Stéphane Rosenblatt : «La RTBF est notre meilleur ennemi» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le directeur de la télévision à RTL-TVI donne quelques précisions sur les programmes à venir et certains choix stratégiques de la chaîne privée.

Avouons-le, Stéphane Rosenblatt était un peu furax, ce jeudi 11 juin, lors de la présentation des grilles d’été de RTL-TVI. La sortie de la RTBF sur les résultats des deux principaux groupes en Belgique francophone lui reste en travers de la gorge.

«La RTBF remonte six ans en arrière, on ferait ça à l’école de journalisme, on serait recalé !», lance-t-il avec ironie. Sur ces six ans, justement Stéphane Rosenblatt s’interroge aussi sur l’augmentation de la part de programmes qui pourraient se retrouver sur une chaîne privée et que programme la RTBF.

«Prenez les soirées de La Une et La Deux, cette semaine, et trouvez-moi ce qui pourrait être spécifique à une chaîne publique !»… Ambiance.

Pourquoi n’y a-t-il pas de candidat belge dans «Qui est la taupe ?» ?

Même si nous sommes partie prenante avec Endemol, qui produit pour M6, nous sommes arrivés un peu tard dans le projet, et comme nous ne sommes pas dans une véritable coproduction, il était difficile d’imposer un Belge, à ce stade-là.

Mais il y a eu un appel à candidats pourtant…

En effet, mais la forme de production était un peu différente de celle à laquelle nous sommes habitués avec Studio 89 (filiale de production de M6). S’il y a d’autres saisons, on sera en mesure d’envoyer un candidat… De manière générale, les producteurs français sont très demandeurs d’avoir des Belges au casting. Souvent ils en prennent sans même savoir à l’avance si une télévision belge va diffuser l’émission.

Du côté de M6, on ne vous reproche pas de travailler aussi avec D8 ou NRJ 12 ?

On leur explique que la situation concurrentielle n’est pas la même. Si nous ne prenons pas ces programmes-là, ils arriveront sur AB3 et donc tomberont dans l’escarcelle de la RMB. Nous ne prenons pas systématiquement tout, mais certains types de programmes se retrouveront automatiquement sur une autre chaîne belge, Et si ce n’est pas la RTBF, ce sera obligatoirement sur AB3. Ce sont des émissions qui ont un gros atout en terme commercial… L’important est que l’engagement vis-à-vis de M6 soit respecté, mais nous avons la liberté de faire ce que nous voulons !

Et TF1 qui est sur le podium des audiences derrière la RTBF, qu’en pensez-vous ?

Nous avons toujours eu le même discours : «au plus les chaînes belges qui s’adressent au public belge sont fortes, au plus l’effet de dissuasion, pour un opérateur venu de l’extérieur, est forte». Quand on fait l’addition des parts de marché de la RTBF et de RTL, qui pourrait encore investir chez nous ? Il y a AB3, mais ce n’est pas tant de l’investissement, mais du catalogue et de l’achat de droits courts. Quand la RTBF était trop faible, le risque était plus grand de voir venir un troisième acteur. Lorsque les acteurs locaux ne font pas 50 %, c’est irrésistible pour TF1 et M6 de venir s’installer. La RTBF est notre meilleur ennemi. On connaît tout de lui, comme il connaît tout de nous. Mais on sait qu’il y a un certain équilibre des choses, et dans un intérêt commun… On ne va pas dire non plus que le risque de voir débarquer TF1 a disparu pour toujours.

Justement, récemment, la direction de TF1 a fait une bourde en annonçant l’arrivée de TMC et NT1 avec des fenêtres pubs locales…

Cela fait bientôt 30 ans que TF1 annonce des opérations du type «reculer pour mieux sauter». Ils ont des gens à Bruxelles et même une régie, ils savent ce que c’est que l’investissement en Belgique. Un groupe comme TF1 qui débarquerait chez nous, de cette façon-là, va devoir se justifier, devenir un opérateur belge et remplir des engagements. Pour la publicité, TF1 vend déjà la Belgique à ses annonceurs. Je ne pense pas que ces annonceurs présents dans les deux marchés s’y retrouveraient s’ils devaient payer plus pour un même résultat commercial.

Il y a deux ans, vous laissiez entendre que «Belgium’sgot talent» pourrait revenir. Le projet est abandonné ?

Je suis convaincu que pour une chaîne comme RTL-TVI, «Got talent» a un énorme potentiel. L’arrêter un an seulement pour le reprendre, créerait un effet de comparaison dans les esprits. Nous le laissons bien au chaud…

Dans d’autres pays, le format été réinventé ?

Oui, il a été revu de manière beaucoup plus locale dans certains pays, avec une place plus grande laissée aux castings. Il y a un potentiel dans le format qui me laisse dire que «Belgium’s got talent» n’est pas mort.

«Still Standing» sera le divertissement de la rentrée sur RTL ?

Il y a toute une série de conditions qui ne sont pas encore remplies. Honnêtement, je ne peux pas confirmer que ce sera sur RTL à la rentrée. Mais nous sommes intéressés par le programme. C’est un chouette programme et un bon divertissement, mais il lui faut de la belgitude. Il peut faire un très bon jeu pour un access comme un divertissement façon «Je lesavais» en prime time. À ce stade-ci tant au niveau de l’animateur, que du casting et de la mécanique, rien n’est encore signé.

Et «Retour au service militaire» ?

C’est une thématique trop franco-française. Le pensionnat permettait plus une identification de notre public, l’armée française, c’est autre chose. Nous n’avons pas encore pris d’option.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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