Soupçons de pressions politiques à la RTBF…

Soupçons de pressions politiques à la RTBF...
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Dans le cadre de la diffusion d’un reportage sur Alain Mathot (PS) ce mercredi dans «Devoir d’enquête» (La Une), le boulevard Reyers est au coeur d’une polémique.

Ce jeudi 3 mars, la Commission des poursuites de la Chambre des députés examinera une demande de levée de l’immunité parlementaire (qui autoriserait des poursuites judiciaires) d’Alain Mathot, inculpé dans le cadre d’une enquête pour de présumés faits de corruption lié à la construction d’un incinérateur à Herstal.

À la veille de cette réunion, ce mercredi 2 mars à 20h20 sur La Une, le magazine «Devoir d’enquête» a prévu la diffusion d’une séquence consacrée au député-bourgmestre de Seraing, qui se dit victime d’«acharnement judiciaire». Mais selon Gérard Rogge, l’ancien éditeur du magazine (parti à la pension en janvier), cette enquête journalistique a bien failli ne pas être mise à l’antenne…

Pressions du cabinet Marcourt ?

«Il y a quelques semaines, suite à des pressions politiques, on a dit aux responsables du magazine que le sujet Mathot-Intradel posait problème. Et on leur a conseillé de le postposer», raconte-t-il au quotidien La Libre.

Selon le journaliste retraité, la direction de la RTBF n’a pris que ce lundi (29 février) la décision définitive de diffuser malgré tout l’émission comme prévu. «J’ai travaillé pendant trente-sept ans à la RTBF, je n’ai jamais connu un truc pareil», s’indigne celui qui présentait autrefois «Au nom de la loi». «C’est hallucinant. (…) Manifestement, certains n’ont pas tellement envie que le public soit informé du dossier. Jean-Claude Marcourt, ministre PS de l’Audiovisuel, serait intervenu. La RTBF se tire une balle dans le pied en ne diffusant pas le sujet. C’est aberrant.»

Alain Mathot dément, sur lesoir.be : «Je ne comprends pas, je tombe des nues. Je n’ai eu aucun contact avec la hiérarchie de la RTBF pour exercer quelque « pression » que ce soit.»

Le cabinet de Jean-Claude Marcourt réfute lui aussi les accusations : «Le ministre tombe des nues», explique son porte-parole. «La dernière fois qu’il a entendu parler de cette émission, c’était en septembre 2015. Il avait alors reçu l’équipe de la RTBF et répondu aux questions. Donc non seulement le ministre ne s’est pas opposé à la diffusion de l’émission, mais il y a même collaboré.»

Un reportage trop «à charge» ?

Le reportage en question est signé Martine Ernst, une figure bien connue de la RTBF. «Avant de partir à la retraite, j’avais pu examiner son projet», raconte Gérard Rogge. «Cela me paraissait répondre à tous les canons de l’objectivité et de la déontologie. On n’avait rien à reprocher à son sujet. On ne pouvait qu’invoquer une notion très spécieuse : l’opportunité de le diffuser.»

Sylvie Chevalier, actuelle éditrice de «Devoir d’enquête», va dans le même sens que son prédécesseur, toujours dans La Libre : «Une discussion sur l’opportunité de diffuser l’émission a bien eu lieu. Mais l’émission sera bien diffusée, et elle sera diffusée demain soir, comme prévu initialement. Nous sommes donc très contents. (…) Le reportage est objectif. Il pose des questions et apporte quelques réponses.»

Reste malgré tout un souci : la RTBF aurait décidé de diffuser très peu de bande-annonce pour «Devoir d’enquête» cette semaine, pour éviter d’en faire trop de promo… À vérifier dans les prochaines heures !

 

Les dossiers de « Devoir d’enquête » ce soir à 20h25 sur la Une :

Posté par Devoir d’enquête – RTBF sur mercredi 2 mars 2016

Julien Vandevenne

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