
Selon le CSA, le sketch polémique du «Grand cactus» ne porte pas atteinte aux valeurs ni au droit audiovisuel
La RTBF n‘a pas porté volontairement atteintes à ses valeurs ni au droit audiovisuel lors de la diffusion du sketch « 128e sexe » de l’émission « Le Grand cactus », ressort-il de la décision du Conseil supérieur de l‘audiovisuel (CSA) publiée vendredi. Ce dernier pointe néanmoins une erreur de jugement dans le chef du média public concernant la diffusion décontextualisée de la séquence sur les réseaux sociaux.
Le sketch, qui parodiait la chanson d‘Indochine « 3e sexe », a été diffusé le 19 septembre 2024 dans sa version complète sur Tipik et Auvio puis en version raccourcie sur les réseaux sociaux.
Celui-ci avait suscité de nombreuses réactions et le CSA a été saisi d‘un « grand nombre » de plaintes. Les spectateurs dénonçaient principalement un contenu transphobe, qui renforçait les stéréotypes visant les personnes transgenres et non binaires.
Dans sa décision, le CSA rappelle que « ces personnes, déjà exposées à des formes récurrentes de discrimination et de violence, doivent faire l‘objet d‘une attention particulière de la part des éditeurs » et que « l’élément intentionnel n‘est pas nécessaire pour considérer qu‘un programme est discriminant ».
Selon le régulateur, le sketch incriminé contenait bien des discriminations. Il a toutefois jugé que la séquence revêtait un caractère humoristique et que, « en matière de liberté d‘expression, l‘humour bénéficie d‘une protection renforcée ».
Soulignant que tout n‘est pas permis au nom de l‘humour, l‘organe ajoute que dans certains cas, « des propos qui ne seraient pas admis au premier degré peuvent l’être s‘ils sont exprimés dans un cadre humoristique. »
Le découpage de la séquence postée sur les réseaux relève en revanche, selon le CSA, d‘une « erreur de jugement », qui a « involontairement » mené à ce que la séquence soit utilisée dans une campagne de haine envers la communauté LGBTQIA+.
Le CSA souligne toutefois que la RTBF ne s‘est pas contentée de défendre son droit à la liberté d‘expression, mais a présenté ses excuses, a rencontré des acteurs de la communauté LGBTQIA+, a lancé une réflexion sur ses pratiques en matière de réseaux sociaux et a admis avoir manqué d‘anticipation quant à la possible incompréhension ou récupération malveillante du sketch.
« Pour ces raisons, le CSA n‘a pas constaté d‘infraction de la RTBF aux obligations spécifiques qui lui incombent en tant qu’éditeur de service public de lutter contre toutes formes de discrimination et d’être le reflet d‘une société inclusive », conclut le régulateur.
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