Sara Giraudeau : «J’aurais aimé être psy !»

Dans cette comédie émouvante et décalée, Sara Giraudeau livre une performance remarquable, tout en finesse © Arte
Nicole Real Journaliste

Dans «Si tu vois ma mère» (à voir ce vendredi à 20h55 sur Arte), premier téléfilm de Nathanaël Guedj, Sara Giraudeau (34 ans) campe une psy amoureuse de Max, jeune homme hanté, jour et nuit, par le fantôme de sa mère Monique, décédée brutalement.

Qui est Ohiana, l’héroïne que vous incarnez dans ce téléfilm ?

Elle est très particulière parce que c’est elle qui fait le lien entre la réalité, la fiction et l’irréel. Grâce à son grain de folie et son attitude très cool, elle accepte ce qu’elle voit sans trop se poser de question alors que, dans la même situation, une autre psy serait outrée. C’était assez drôle à jouer parce que dans cette histoire il y a beaucoup de situations loufoques.

À la lecture du scénario, comment avez-vous perçu ce personnage qui sort de l’ordinaire ?

J’ai aimé sa folie douce qui lui permet, sans en avoir peur, de s’amuser de ces étranges phénomènes. Dans cette situation assez décalée, Ohiana utilise l’amour qu’elle ressent pour Max en étant très curieuse vis-à-vis de lui. Cette attitude serait, d’ailleurs elle-même, un élément très intéressant à analyser.

Ce rôle vous a-t-il fait réfléchir sur vos propres liens familiaux ?

Non, il m’a plutôt renvoyé aux attaches maternelles dont on est rarement conscient. Au moment de prendre son indépendance, sans le vouloir, on est ramené à l’enfance et à tout ce qui nous a forgé le caractère. J’ai l’impression que les femmes sont plus vite et plus facilement autonomes que les hommes qui ressentent plus de difficultés à couper le cordon. Malgré son indépendance professionnelle, Max cultive sans s’en rendre compte un attachement excessif à sa mère. Lorsque cette figure maternelle disparaît, tout son univers s’écroule.

Pensez-vous, parfois, qu’un jour votre maman, Anny Duperey, ne sera plus là ?

Bien sûr. J’y ai pensé très jeune parce que, dans ma famille, la mort a toujours été très présente. Orpheline, pour ma mère le décès de ses parents a été le point de départ de sa construction personnelle. Si avoir des enfants a été très compliqué pour elle, la génération suivante a ressenti le besoin de combler un vide. Contrairement à maman, j’ai eu besoin d’avoir des enfants pour recréer le maillon de cette chaîne, qui a été brutalement coupée.

Votre avis sur la psychanalyse et les psys, en général ?

C’est un métier que j’aurais adoré exercé. Si je n’étais pas devenue comédienne, j’aurais opté pour la psychanalyse familiale parce que l’enfance, les liens familiaux et les traumatismes qui se transmettent de génération en génération sans que les gens se rendent compte de leur influence dans leur propre vie, m’intéressent.

Quels sont vos rapports avec vos deux filles ?

Tout en les laissant très libres, mon amour pour mes deux filles est très fusionnel.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 2/4/2020

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