Sandrine Bonnaire : «Je suis fan d’humour belge»
Rare en télé, la comédienne de 55 ans incarne Éléonore Dewitt dans «Les Combattantes», la série de la rentrée qui cartonne sur La Une et TF1.
À vos côtés, Audrey Fleurot, Julie de Bona, Camille Lou et Sofia Essaïdi sont toutes des héroïnes… et vous êtes la méchante !
J’ai beau avoir 55 ans et 40 ans de métier, je suis toujours une petite fille qui adore jouer. Quand on me propose une bourgeoise étriquée, je fonce. Ce personnage est tellement loin de moi que c’est un bonheur de l’interpréter.
Vous avez tourné avec Pialat, Varda, Téchiné, Sautet… On ne vous attendait pas dans une grosse production de TF1.
J’ai lu le scénario sans a priori. J’ai beaucoup aimé cette histoire de femmes qui contribuent à la guerre avec leurs moyens. Les rôles sont formidables. L’écriture est magnifique. Je suis fière d’avoir participé à ce projet. Cela dit, j’ai été une des toutes premières actrices de cinéma à faire une série télé. Dès les années 1990, avec «Une femme en blanc». À l’époque, c’était très mal vu. On me disait : «Ah bon, tu fais de la télé ? T’as besoin d’argent ?» Il y avait un snobisme des gens du cinéma à l’égard de la télé. C’est moins le cas aujourd’hui.
Quand on est une actrice césarisée, pourquoi accepte-t-on des projets télé ?
La télévision m’intéresse parce qu’elle fait partie du quotidien de tout un chacun. Il faut faire une démarche pour aller au cinéma, alors que la télé vient à vous. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir des images. Il me semble donc important de réfléchir à ce que ces images véhiculent, ce qu’elles disent du monde, ce qu’elles nous apprennent. Tout cela crée des émotions en nous. Et ce n’est pas anodin.
Vous êtes très critique sur la qualité des programmes…
Je déteste la télé qui prend le téléspectateur pour un imbécile et qui pense à sa place. Je déteste les programmes formatés pour séduire à tout prix. C’est juste du racolage. Je n’aime pas ça. La télé devrait davantage se faire confiance. Concevoir ses programmes non pas pour essayer d’attirer le plus grand nombre, mais pour essayer de satisfaire ceux qui ont vraiment envie de les voir.
Est-ce pour cette raison que vous venez de monter votre propre boîte de production ?
Oui, avec ma fille aînée, Jeanne. On travaille sur un projet de série télé, «Les Dessous des chandelles», adapté du livre de Valérie Hervo. Et comme l’histoire s’étire sur vingt ans, Jeanne jouerait mon rôle jeune. On travaille aussi sur un film consacré à la naissance sous X, dont toute l’histoire se déroule entre Dunkerque et la Belgique. Et là, je viens de terminer un autre film où je joue la femme de l’écrivain Samuel Beckett.
Vous donnez souvent l’image d’une actrice intello…
On me propose davantage de films sombres que de comédies, mais je ne suis pas une intello ! Pas du tout ! J’adore revoir «Le Père Noël est une ordure» et «Les Compères», j’aurais adoré jouer dans «Les Ch’tis»… Et je suis fan d’humour belge. J’espère travailler un jour avec Benoît Mariage.
Cet article est paru dans le Télépro du 29/9/2022
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici