Samuel Labarthe  : «De Gaulle, cet ambigu»

«Ce qui me fascine est sa façon d’avoir redonné l’espoir à tout un peuple», confie Samuel Labarthe © France 2
Nicole Real Journaliste

Lundi à 21h05, France 2 diffuse les trois derniers volets de la mini-série consacrée à Charles de Gaulle. Rencontre avec Samuel Labarthe (58 ans) qui campe le Général.

Avez-vous eu une appréhension à l’incarner ?

Non. Au contraire, ne lui ressemblant pas, j’étais heureux qu’on me donne l’occasion de voir si je pouvais me glisser dans ce personnage si extraordinaire.

Quel souvenir personnel vous y a aidé ?

De Gaulle fait partie de la mémoire collective, on a tous l’impression de l’avoir connu d’une façon ou d’une autre. Né en 1962, j’ai le souvenir de lui sur le petit écran. Mon père en parlait avec une grande admiration et mon grand-oncle, receveur aux impôts, avait le doigt sur la couture du pantalon dès qu’on prononçait son nom.

Combien d’heures de maquillage pour faire de vous son sosie ?

En moyenne quatre heures par jour. Au départ, c’était un peu plus long car il fallait, à chaque étape, correspondre à l’époque s’étirant de 1940 à 1970. Tant de temps au maquillage est rare à la télé. Pour respecter le planning, un jour de tournage était un marathon !

Et pour adopter son phrasé si particulier ?

Quand il a arrêté de fumer comme un pompier, son timbre de voix a changé. Il ne s’agissait pas de l’imiter, il est si connu et reconnu que tous les Français savent le pasticher. Pour l’incarner, il me fallait trouver des détails comme le ton, la respiration, des défauts de prononciation, une certaine raideur et surtout une élocution lente car aucun mot n’était dû au hasard.

Quels étaient les défauts et qualités de son caractère ?

On lui a beaucoup reproché son mépris. Il collectionnait les paradoxes comme une parole lente et, en même temps, une vivacité d’esprit et une répartie hallucinante. Ce visionnaire pouvait être entêté, parfois de mauvaise foi et colérique. Mais il avait aussi une connaissance rarissime de la France, sans oublier son talent d’homme de lettres.

Yvonne avait-elle une influence sur son illustre époux ?

Son image de petite femme au foyer n’ayant pas son mot à dire est fausse. D’un naturel discret, elle détestait les caméras et les micros et restait en retrait de la vie officielle. Mais, en privé, elle ne se privait pas de donner son avis et même de critiquer son mari.

Quelle action retiendrez-vous de lui ?

Ce qui me fascine c’est la façon dont il a redressé la France en lui redonnant son rayonnement et la place de 5 e puissance mondiale. En cette période désespérée et désespérante, face à un ennemi invisible, les gens ont besoin d’espoir. Cette série rappelle que, même si tout semble perdu, un homme peut redonner du courage et une perspective d’avenir à tout un peuple.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/11/2020

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