Samuel Benchetrit  : «Mon héros devient un chien…»

Bouli Lanners et Vincent Macaigne dans une farce tragi-comique à la cruauté gratuite... © RTBF/Single Man Productions

Dans «Chien» (ce jeudi à 20h35 sur La Trois), le réalisateur, acteur et écrivain adapte son roman au cinéma.

Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) perd sa femme (Vanessa Paradis), son fils, son travail et son logement. Il est recueilli par Max (Bouli Lanners), patron d’une animalerie qui, sadique et humiliant, le dresse pour en faire son chien… Littéralement. Voilà pour le synopsis du drame franco-belge coécrit et réalisé par Samuel Benchetrit en 2017 (adaptation de son roman publié en 2015) et diffusé jeudi sur La Trois.

Samuel Benchetrit, avant d’être un film, «Chien» a été un livre. Comment en est née l’idée ?

C’est mon éditeur, Olivier Nora (Grasset), qui m’a poussé à l’écrire alors que je sortais d’une dépression. J’avais le sentiment de ne plus faire partie de la société à laquelle j’appartiens. Un jour, alors que je me promenais avec mon fils et le chien que je lui avais offert, je suis tombé sur un SDF qui pleurait. Là-dessus, un groupe de femmes fonce vers mon fils et moi pour câliner le chien sans un regard pour le sans-abri ! Le point de départ du livre se situe quelque part ici.

Pourquoi avoir voulu adapter ce livre au cinéma ?

Ce roman me paraissait inadaptable, en particulier la partie où mon personnage se métamorphose en chien. Et là, mon producteur m’explique qu’à ses yeux, l’idée centrale du livre est cette notion de déclassement, sa plus grande angoisse au monde. Alors, je relis mon livre et je découvre que dès le départ, Jacques Blanchot se comporte comme un chien. Il est d’emblée dans une totale soumission.

Quand avez-vous pensé à Bouli Lanners pour incarner Max ?

En fait, ce n’est pas lui, mais Jean-Claude Van Damme qui devait jouer à l’origine ce dresseur de chiens. Quand j’ai écrit le livre, j’avais l’image de Chuck Norris en tête : cette figure angoissante d’un homme sûr de son fait et qui n’en démordra jamais. En l’occurrence, ce dresseur déçu par les hommes – et sans doute encore plus par les femmes – ne jure que par les animaux et l’autorité violente qu’il exerce sur eux.

Vanessa Paradis (l’épouse de Samuel Benchetrit depuis 2018, ndlr) incarne la femme de Jacques. Pourquoi ce choix ?

C’est la première à qui j’ai pensé. Il se dégage d’elle une humanité incroyable et une grâce peu commune. Soit deux éléments essentiels pour ce rôle de femme que j’ai beaucoup adouci par rapport au roman, mais qui va tout de même abandonner son mari, au fil de scènes franchement complexes à interpréter.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/1/2023

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