Sacha Daout : «Je suis inquiet…»

«La balle est dans le camp du monde politique pour sauver la démocratie», souligne le journaliste © RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce mercredi à 20h20 sur La Une avec «QR le débat – Bye bye la démocratie ?», les citoyens ont une nouvelle fois rendez-vous avec le monde politique pour dresser l’état des lieux de notre démocratie.

Après Namur et Charleroi, c’est à Bruxelles que l’émission de Sacha Daout «Bye bye la démocratie ?» va poser ses valises. Des citoyens se retrouvent à la table d’hommes et de femmes politiques pour discuter des attentes des uns et des engagements des autres. Rencontre avec un journaliste très lucide…

Le titre «Bye bye la démocratie ?» était une boutade, au départ. Est-ce qu’il ne devient pas une triste réalité ?

Je considère encore que la démocratie est là et bien là. Le titre est provocateur et doit le rester parce qu’il y a énormément de questions qui se posent autour de la démocratie et de celles et ceux qui l’exercent. Je ne dis pas qu’ils le font mal, c’est peut-être parce que les choses sont mal expliquées. La révélation de certaines affaires, de comportements politiques ou même des salaires ne va pas rassurer le citoyen. C’est inquiétant. Cette émission n’est pas là pour dire que tout va mal, mais elle est là pour entendre ce que le monde politique est prêt à changer pour que les rapports entre les politiques et la population deviennent vraiment proches, et plus seulement une vague promesse. La balle est dans le camp du monde politique pour sauver la démocratie.

On a entendu tout ça à Namur, on l’a répété à Charleroi…

C’est ce qui m’inquiète… Cette collection de «il faut» alors que le citoyen attend du «on fait». Cela fait des années que ce monde politique nous dit dans le blanc des yeux qu’il est bien conscient qu’il y a trop d’institutions et que ça ne fonctionne pas. Il sait que le citoyen ne s’y retrouve plus. Cela a été soulevé à Namur, il y a un an. On l’a répété à Charleroi et de ce que j’en sais, il n’y a pas eu une seule réunion entre les autorités politiques pour aller vers plus de clarté et d’efficacité. Je suis de plus en plus inquiet d’entendre en «off» que rien ne changera. J’espère qu’on se trompe…

Quel est le bilan de l’émission ?

Au niveau quantitatif, nous sommes à un nombre invraisemblable de promesses au mètre carré. Le rapport entre promesses et actions est malheureusement éloigné. Les citoyens qui sont venus à Namur et à Charleroi le disent eux-mêmes. Au niveau qualitatif, tant les participants politiques que les citoyens quittent l’émission avec le sentiment que se parler a fait du bien. «Bye bye la démocratie ?» permet tout de même de restaurer un peu la démocratie.

Serait-ce le numéro de la dernière chance ?

Certainement pas ! On ne s’intéresse pas vraiment au résultat quantitatif, mais à l’aspect qualitatif. Et quand on considère qu’il y a une impérieuse nécessité de se parler, on organise l’émission. À un an des élections, il faut que tout le monde discute. Ce troisième numéro a été ajouté alors que nous ne prévoyions de n’en faire que deux. C’est une vraie émission de service public.

Cet article est paru dans le Télépro du 18/5/2023

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici