Riss, rescapé de l’attaque de Charlie Hebdo, témoigne (vidéo)

Riss, rescapé de l'attaque de Charlie Hebdo, témoigne (vidéo)

Il est l’un des dessinateurs de Charlie Hebdo rescapés de l’attentat du 7 janvier dernier, il prend la direction du journal dès à présent. Invité sur le plateau du JT de France 2 le 20 janvier, il parle de l’attaque des frères Kouachi, de ses peurs et de l’avenir de son journal.

Le bras en écharpe suite à la balle qu’il a reçue à l’épaule le 7 janvier, Laurent Sourisseau, alias Riss, a accordé sa première interview télévisée à David Pujadas près de deux semaines après l’attentat. À peine sorti de l’hôpital, il décrit sur le plateau du «20 Heures» de France 2 les premières minutes de l’attaque :

 

«On discutait de choses et d’autres comme dans n’importe quelle conférence de rédaction et puis soudain on a entendu une détonation qui nous a un peu intrigués. Personnellement, j’ai cru que c’était un objet ménager qui était défectueux. Puis des autres détonations nous ont semblé suspectes. Tout le monde s’est levé et on a compris que quelque chose d’anormal était en train de se passer. La porte de la salle de rédac’ s’est ouverte et j’ai vu un homme armé et cagoulé surgir avec une mitraillette. Je me suis jeté au sol face contre terre. C’est la dernière chose que j’ai vue»

La peur

«Après, je n’ai plus fait qu’entendre des sons. C’était des coups de feu. Il n’y pas eu de cri, pas eu de hurlement. Ils se sont parlés entre eux. […] L’un disait à l’autre : »Il ne faut pas tirer sur les femmes » et un autre, le même, qui vérifiait avec son acolyte que Charb était bien mort. C’est quand j’étais à plat ventre qu’un tir m’a touché à l’épaule. Je dois le fait que j’ai la vie sauve au hasard. […] C’était des guerriers, ils se sont comportés comme des guerriers et ils ont commis un acte de guerre. J’avais l’impression qu’il y avait peut-être d’autres équipes. […] Quand on est seul on se dit qu’il y en a qui vont peut-être venir à l’hôpital pour vous achever».

Plus d’envie de dessiner au début

«C’est vrai que le jour de l’attentat je n’avais plus envie de faire ce métier du tout, je n’avais plus envie de dessiner du tout. […] Si des gens nous détestent à ce point là ça veut dire que ce métier est vain. Ça a un peu changé, on reprend ses esprits. […] Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n’est pas évident. Au journal, certains ont du mal à dépasser cela. Nous on fera ce qu’on sait faire, on ne sait rien faire d’autre. […] Charlie Hebdo vivra. Le plus longtemps possible, on essaiera».

Jordan Wilvertz

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