C’est ce jeudi soir qu’est lancé le télécrochet événement de la rentrée. Un pari risqué alors que chez nos voisins, le concept n’a pas fonctionné.
«Rising Star» est un concept israélien où le téléspectateur est le juré : du bout du doigt, sur une tablette ou un smartphone, il peut décider si un talent est qualifié ou pas pour la suite de l’aventure. L’interactivité est omniprésente, puisque l’avatar du votant peut apparaître sur un mur intégré au décor. Et si le candidat plaît à 70 % du public (et au «vrai» jury), le mur explose et c’est bingo…
Echec sur échec
Le format semble assez prometteur à l’heure où la télévision est connectée avec les réseaux sociaux. D’autant que pour la première fois, le vote sera gratuit. On ne pourra pas taxer la chaîne de se sucrer sur le dos des téléspectateurs.
Malgré cela, «Rising Star» est un échec. Les USA se sont plantés, l’Allemagne a écourté la saison, et le Royaume-Uni et la Russie ont carrément annulé la diffusion. Sur RTL Television, en Allemagne, on parle même d’un accident industriel…
Autant dire que M6 marche sur des œufs. Une seule émission coûte aussi cher qu’un prime de «The Voice France», alors que le budget de la grille des programmes de M6 est loin d’être celui de TF1. Chez nous, le télécrochet était d’abord prévu sur RTL-TVI, mais plusieurs déconvenues ont conduit RTL à reléguer le programme sur Plug RTL.
Un jury peu fédérateur
David Hallyday, Cali, Cathy Guetta et Morgan Serrano ont sans doute toutes les qualités requises pour la fonction qui leur est demandée : juger du talent potentiel d’un candidat. À coté de cela, l’affiche est peut-être moins intéressante pour la ménagère de moins de 50 ans, qui doit juste se souvenir des tubes de David Hallyday dans les années nonante. Pour les trois autres, c’est déjà plus délicat.
Au passage, le choix de Morgan Serrano (directeur des programmes de NRJ France) par M6 est un coup de poignard dans le dos pour RTL qui va devoir surfer entre l’exposition de la station à la panthère sur son antenne, et une mise en valeur du programme par Radio Contact. Une sacrée pirouette.
Le duo d’animateurs
Si plusieurs noms ont été cités pour la présentation, le choix final en a laissé plus d’un bouche bée. Faustine Bollaert était demanderesse de présenter ce genre de programme, et Guillaume Pley est un peu la conscience du partenaire NRJ sur «Rising Star». La bonne affaire pour M6 qui veut lancer un nouveau visage, alors qu’on reproche souvent à la télévision française de ne miser que sur ses valeurs sures.
Là encore, RTL Belgium fait grise mine. Guillaume Pley présente une libre antenne sur NRJ France, tous les soirs, et l ‘émission est relayée aussi en Belgique. Le duo semble bien fonctionner, même si Faustine Bollaert est l’amirale du bateau. L’avenir nous dira comment les deux présentateurs se débrouillent sur 2 heures de direct hebdomadaires.
RTL n’y croit pas trop
Depuis cet été, on sent que RTL n’y croit plus de trop. L’émission, qui était annoncée comme l’alternative à la suspension, en 2014, de «Belgium’s Got Talent» sur RTL-TVI, a été discrètement poussée vers Plug RTL. La troisième chaîne du groupe se retrouvant donc avec «Nouvelle Star», un marque déjà très forte et qui marche très bien, et «Rising Star», avec le risque que les deux télécrochets ne soient diffusés le même jour en France. «Nouvelle Star» étant un concurrent direct de «Rising Star», sur D8.
Autre signe qui ne trompe pas : la diffusion du programme de présentation de «Rising Star», la semaine dernière, qui permettait d’une part de comprendre le programme et surtout de tester l’application. Proposée en direct, le lundi 15 septembre sur M6, Plug RTL a préféré attendre le jeudi (en rediffusion, donc), et impossible pour le public belge de participer.
Officiellement, la technique n’était pas encore prête. Mais on assure que pour ce soir, tout va fonctionner. Déjà un faux départ pour «Rising Star», en Belgique.
La France a les coudées franches
Pour donner toutes ses chances au concept, M6 a obtenu que sa version de «Rising Star» s’éloigne du canevas originel du programme israélien. Plus de proximité et un jury un peu moins cassant qu’ailleurs, voire même avec une bonne dose d’émotion. Peut-être est-ce la bonne recette du succès pour le programme qui, sur le marché francophone, joue ses dernières cartes.
Pierre Bertinchamps
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