Richard Anconina : «Je n’ai pas hésité à accepter ce rôle»

Richard Anconina retrouve le petit écran dans un rôle complexe et fort © France 2

Dans le téléfilm «Un mauvais garçon» (à voir ce vendredi 31 janvier à 20h50 sur La Une et le mercredi 5 février à 21h05 sur France 2), l’acteur incarne un professeur, un mari et père de famille attentionné et apprécié, dont le passé criminel va soudainement être révélé.

Une fiction qui interroge : en finit-on de payer sa dette à la société ? A-t-on, surtout à l’heure des réseaux sociaux, réellement le droit à une deuxième chance ?

Qu’est-ce qui vous a convaincu d’accepter ce rôle pour la télévision ?

À la lecture du scénario, j’ai été saisi par le sujet : mon personnage est un professeur d’université apprécié, un père attentionné, un époux modèle, un ami généreux et agréable. Il est avenant, aimable, patient, cultivé, drôle… Mais on apprend que plus jeune, il a commis un crime et a été condamné à 25 ans de prison. Ce qui m’a intéressé, c’est la question de la réinsertion, de savoir comment on fait pour vivre avec ça une fois sorti. Une fois dehors, il faut bien continuer à vivre, on ne peut pas vous laisser seul vous marginaliser. Ce personnage n’est ni un héros, ni un anti-héros classique. Je n’ai pas hésité à accepter ce rôle !

Comment avez-vous travaillé une telle personnalité ?

Le plus simplement possible, avec une approche humaine. Le crime qu’il a commis ne pourra jamais s’effacer. Les années de prison ne pourront jamais s’effacer. Sa soif de vivre, d’apprendre et de comprendre ce qu’il a fait et d’où il vient sont palpables. Le film donne des clés pour comprendre comment il en est arrivé là mais sans jamais tomber dans la facilité et la victimisation de ce personnage, il n’est pas question de s’apitoyer sur lui car rien ne peut excuser l’irréparable. Cet homme a purgé sa peine et surtout a reconstruit sa vie sur des bases solides. Il s’est restructuré grâce à des études, des lectures, un métier, une famille, des amis, un engagement associatif. Benoit Delage pense à ce crime tous les jours, mais il invoque le droit d’avoir changé, de travailler, de vivre. Sa hantise jour après jour, c’est que sa vie se résume à cet acte criminel. Ce qui est passionnant dans un tel projet, c’est de présenter les différentes facettes d’un même personnage, a priori antagonistes, sans jamais que l’une n’efface l’autre.

Du fait des questions qu’il pose, ce film a-t-il selon vous une «utilité» ?

Bien sûr ! Il pose la question qui n’est que très rarement traitée, celle de la réinsertion. Comment se passe la vie d’un délinquant ou d’un criminel qui a purgé sa peine ? Surtout s’il n’a pas le profil d’un récidiviste. Attention, il ne s’agit pas de «réhabilitation» : le crime est un fait que rien n’effacera. Mais la peine a été prononcée, la justice est passée. Comment vit-on ensuite ? Avant le tournage, je me suis beaucoup renseigné sur la situation des prisons en France, la surpopulation carcérale, le fait qu’on soit passé de 30.000 détenus il y a 40 ans à plus de 70 000 aujourd’hui. Beaucoup d’entre eux travaillent activement à leur réinsertion en prison : ils préparent un métier, reprennent leurs études, certains passent le bac et d’autres accèdent même à des études supérieures. Tous ces gens qui sortent de prison chaque année, que deviennent-ils ? Ce n’est pas seulement leur problème et celui de leur entourage. C’est notre responsabilité commune de regarder cette réalité en face. Tout commence au sein de la structure familiale. Et c’est ensuite à la société et aux pouvoirs publics de mettre en place tous les outils nécessaires pour rendre la réinsertion possible et éviter la récidive.

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