[Retro] Olivier Pairoux : «Spaceboy, c’est un peu moi !»

Olivier Pairoux : «"Spaceboy" est totalement inspiré de moi !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

L’animateur de RTL réalise un rêve : produire son premier long métrage. «Spaceboy» est diffusé, ce jeudi soir, sur RTL tvi et Olivier Pairoux est sur un petit nuage… Nous l’avions rencontré sur le tournage du film à RTL House en 2019…

C’est à RTL House, dans le studio du «71» (si si !) que sont tournées les dernières scènes du film «Spaceboy», le premier long métrage d’Olivier Pairoux. À ses côtés, on retrouve son acolyte de toujours, Eusébio Larrea. «C’est amusant, à RTL, je suis son chef, ici, c’est lui qui me dirige», sourit le coordinateur artistique du film. Le projet représente 8 ans de réflexion et de travail en amont. Le tournage prendra six semaines et le film devrait sortir dans six mois.

L’ambiance est familiale dans le studio, mais très pro. Les deux jeunes acteurs et héros du film, Basile Grunberger (vu dans «Lucas, etc…» et Albane Masson, sont très à l’aise dans leur montgolfière (à RTL House, ça ne s’invente pas !). «C’est mon deuxième film» sourit l’acteur de 11 ans. «Je joue Jim, qui a 11 ans comme moi et qui est fasciné par l’espace.» Les enfants seront entourés de par Yannick Renier, Bérénice Baoo, Peter van den Begin et Jean-Benoît Ugueux.

Au-delà du tournage, Basile a aimé les décors choisis pour le film et le soin du détail. Les caméras d’Olivier Pairoux ont investi le Jardin botanique de Meise ou le centre d’exploitation des émetteurs de la VRT-RTBF à Wavre. «L’idée est de donner une touche années 80, et là on a eu tout sous la main», ajoute Eusébio. Le duo de pionniers de Plug RTL a d’ailleurs comme référence «Les Goonies», «Stand by me», «Les Gremlins» et les séries fantastiques de cette (belle) époque. Olivier Pairoux est-il resté un adulescent, quelque-part ?

«Spaceboy», c’est votre idée ?

J’ai toujours eu envie de faire de la fiction et j’ai entrepris des études de cinéma pour ça. Mais j’ai tellement toujours été humble par rapport au cinéma qu’il a fallu attendre le bon moment pour me lancer et avoir la bonne histoire. Je voulais prendre de l’expérience. Mon parcours en télé, en pub et en clip m’a bien formé.

La télévision est votre tremplin ?

Pour moi la base est commune. La gestion d’équipe, le découpage ou la façon de faire des plans. Ce sont les mêmes valeurs qu’au cinéma. À travers Plug, j’ai pu expérimenter énormément de trucs. Effectivement, après toutes ces années à la télé, je me sens prêt ! Il était temps de me lancer…

C’est pareil que le cinéma ?

La grande différence, c’est qu’en télévision, tout va plus vite. On enregistre et la semaine d’après, c’est diffusé, puis tu passes à autre chose. Point. Ici, on est sur un projet qui s’étale sur presque une décennie. L’implication est donc bien plus grande. Et en termes d’équipe, en télévision, c’est plus léger. Le juste milieu, on peut le trouver avec des techniciens qui sont de plus en plus multifonctions comme en télé. Parfois, j’aide des électros qui doivent transporter des cubes. Même si ce n’est pas mon job – et on me le fait remarquer – j’ai l’habitude de le faire aussi sur une réal’ télé. On décloisonne pour apporter l’énergie et la rapidité de la télé.

Comment le film est né ?

Je me souviens être arrivé un jour chez Eusébio Larrea avec plein d’idées que j’avais écrites sur des feuilles… On s’est fixés sur ce projet. On a travaillé longtemps, parce qu’on a pris le temps de l’écrire. C’est important ce temps d’écriture parce que c’est le scénario qui va permettre de trouver les financements et d’avoir des réponses positives des comédiens. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est grâce à la qualité de l’histoire.

Spaceboy, c’est un peu vous ?

Clairement ! Dans le scénario, il y a plein d’endroits où je m’inspire de ma vie. Je retrouve chez Jim, le côté un peu espiègle, la déconne,… On roulait en BMX, et je me souviens avoir aussi eu ses délires-là à son âge. Il y a quand même du fond dans l’histoire puisqu’on évoque le deuil. Les personnages seront touchants, avec un peu de morale derrière le tout. Là, j’ai puisé dans mon quotidien de papa de deux petits garçons. La thématique du film est qu’il faut croire en ses rêves, mais il faut tout de même se battre pour le réaliser, avec une limite : le monde qui nous entoure. On ne peut pas tout se permettre, il y a aussi des responsabilités. Je me suis posé ces questions-là durant l’écriture : moi aussi, je construis mon rêve, c’est ce film. Mais ce rêve ne doit pas devenir destructif de ma vie de famille, par exemple. «Spaceboy» est totalement inspiré de moi ! (rires)

Vous êtes un enfant des années 80 ?

Je suis né en 1977, mes plus belles années sont dans cette décennie-là. J’ai découvert le cinéma à ce moment-là. À l’époque, il y avait une poésie et une innocence absolue. Indiana Jones tire sur trois mecs en rang d’oignons, et boum, ils tombent tous les trois. C’était magique ! Pareil pour les Goonies où l’enfant se bat avec le grand méchant, et il s’en sort… Cette naïveté a bercé mon enfance.

Lequel de ces films vous a donné l’envie de faire du cinéma ?

Vers 14 ans, mon père a eu l’idée excellente de nous abonner à Canal+. On y voyait du cinéma d’auteur, chose qui passait peu en télé, et surtout des œuvres en versions originales. J’ai commencé à bouffer tous les Woody Allen, tous les David Lynch. Tout ce cinéma indépendant américain. J’ai eu une révélation : le cinéma ce ne sont pas que des blockbusters avec Steven Seagal, Schwarzenegger, Van Damme ou Stallone. «Manhattan» de Woody Allen a été révélateur, avec «Twin Peaks». À partir de là, j’étais à fond dans le cinéma.

Comment avez-vous bifurqué vers la télé ?

C’est arrivé par hasard. La réalisation, c’est clairement ce que je voulais faire au départ. Je me souviens que je faisais des petites vidéos avec le caméscope de mon père. Pour mes travaux d’écoles, on faisait avec mes potes de montages de VHS en VHS. J’adorais aussi prendre des photos… Au collège, quand j’ai dit que je voulais aller vers le cinéma, on m’a dit «non, fais un autre métier». Ce sont mes parents qui m’ont soutenu, et m’ont laissé aller à l’IAD.

Être connu, ça a aidé pour le financement ?

Je pense que c’est le contraire. Lors de mes premières commissions, j’ai vraiment eu la question «Vous faites de la télé, pourquoi aller vers le cinéma ?» Comme si c’était incompatible. J’ai dû me justifier… Les deux sont plaisants et on ne doit pas choisir. Là où le fait que ma tête passe à la télé, c’est quand on va à un endroit pour un repérage, on nous ouvre plus facilement des portes. Mais c’est tout.

«Puzzle» a bien tourné ?

Le court métrage est un domaine particulier parce que c’est moins diffusé qu’un film. Peu de gens le voient en dehors des festivals. Je suis fier du résultat, et j’y ai appris plein de choses que je mets à profit ici. C’était l’occasion de faire mes gammes.

Il y a un deuxième film en préparation ?

J’ai fait un premier brouillon, et j’ai reçu une aide à l’écriture, en septembre 2018. Dès que «Spaceboy» passe en post-production, je me remets à l’écriture pour déposer le dossier («Vigilante», NDLR) et obtenir l’aide au développement.

Ce sera encore sur les années 80 ?

Non, ce sera un film d’anticipation d’une dizaine d’années, très noir… C’est un peu dans l’esprit de «Black Mirror».

Et l’écriture d’une série…

J’ai tellement eu envie de faire du cinéma, que là je veux juste faire des films de 1h30 ou 2h. C’est mon kif de fou !

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Entretien : Pierre Bertinchamps

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