«Red 2» : le pilote Télépro a doublé Bruce Willis !
Le second volet de la comédie d’action vient de sortir au grand écran. Cocorico ! C’est Pierre-Yves Rosoux, le champion en BRCC sous les couleurs de Télépro, qui a doublé la star à Paris. Rencontre.
Au cinéma, dans le domaine du doublage d’acteurs pour des scènes de conduite de précision, Pierre-Yves Rosoux a déjà une longue expérience. Le tournage du blockbuster américain «Red 2» est venu s’ajouter à son palmarès, avant un autre film avec Dany Boon en cours de réalisation, sur lequel nous reviendrons prochainement.
En attendant, ce prodige du volant nous dévoile un peu les coulisses de «Red 2».
Pierre-Yves, ce n’est pas la première fois que vous travaillez pour le cinéma, pouvez-vous rapidement nous rappeler vos précédentes expériences ?
Tout a commencé avec «Michel Vaillant». Marc Duez et Michel Neugarten ont fait appel à moi pour conduire certaines voitures de course. Là, j’ai rencontré Michel Julienne (le fils de Rémy, qui a passé la main) avec qui le courant est bien passé. Du coup, il m’a recontacté par la suite et, maintenant, à mon grand étonnement, cela fait treize ans que je fais ce boulot de pilote de précision. Et, l’air de rien, il y a quelques belles affiches : «Mister Bean 2», «Ruch Hour 3», «Taxi 4», «Taken», «Cash», «Transporteur 3», «Banlieue 13 Ultimatum»… Sans oublier plusieurs publicités ou téléfilms.
Comment avez vous débarqué dans l’équipe de ce blockbuster américain qu’est « Red 2 » ? Était-ce plus impressionnant qu’un autre tournage ?
Je travaille exclusivement pour Michel Julienne, c’est lui qui me donne la chance de travailler sur ce style de film. Ce qui est impressionnant, c’est de rencontrer des stars mondiales. Dans «Red 2», il y aussi Catherine Zeta-Jones, John Malkovich, Anthony Hopkins… De plus, dans ce type de «grosse machinerie», il y a beaucoup de monde. Il peut facilement y avoir 200 personnes. Nous avions par moment trois plateaux qui tournaient en même temps, le tout réparti dans le même quartier. L’ampleur du matériel employé est aussi surprenante. Pour une scène, ils avaient mis deux grues de chaque côté de la Seine au-dessus d’un pont, un câble était tendu avec une caméra qui me suivait lors de mes passages avec la Porsche. Costaud !
«Un tournage chaud, mais sympa»
Quels ont été vos rapports avec la star qu’est Bruce Willis ?
Je l’ai doublé, mais je n’ai pratiquement pas eu de contact avec lui. Ce qui est sûr c’est qu’il est très pro. Il ne s’expose pas beaucoup en dehors des scènes tournées. Il ne faut pas oublier que ces stars sont avant tout là pour travailler. Si elles traînent en dehors de leur scène, elles sont en permanence prises en photos par les fans. Si Bruce Willis a le malheurs de ce gratter le nez, en dix secondes il est sur Internet dans le monde entier avec une commentaire du style : «Bruce a t il un cancer de la narine gauche ?» C’est assez infernal pour eux.
Parlez-nous des scènes où vous avez dû le doubler : de quoi s’agissait-il ?
Je roule dans une Porsche 911 bleue. Je fais une arrivée en glisse sur un des ponts de l’ile Saint-Louis et je prends les trottoirs à 120 km/h en pulvérisant une table à la fin. C’était assez chaud, mais très sympa à faire (rires). Il y a eu en plus quelques scènes rapides dans le trafic et dans les rues de Paris. Nous étions deux à le doubler, avec mon collègue Pascal Lavanchy, l’ancien patineur français devenus cascadeur.
Ce genre de tournage demande-t-il une préparation particulière ?
Mon boulot dans le cinéma est le pilotage de précision, qui s’apparente plus au pilotage de course. Il faut aussi savoir glisser, mais je donne des cours de glisse depuis dix-huit ans, donc je suis assez à l’aise dans ce style de conduite. Sinon, la concentration, l’écoute du coordinateur des cascades et l’exigence de garder une marge de sécurité sont les points les plus importants. Il ne faut pas se laisser distraire par l’environnement proche et toujours garder un œil sur les personnes qui ce trouvent près du plateau de tournage.
«Les fans me prenaient pour le vrai Bruce»
Quelles étaient les difficultés de ce tournage-ci en particulier ?
C’est toujours très difficile de travailler dans Paris, car les rues sont bloquées juste le temps de tourner les scènes et sont rouvertes à la circulation entre celles-ci. Certains Parisiens ne sont pas très bien éduqués et force le passage. Je me suis retrouvé quelques fois avec des intrus dans ma trajectoire. Heureusement, la sécurité avec Michel Julienne est au top et les infos circulent très vite à la radio. Il y a toujours une personne pour veiller à votre sécurité et a celle des autres.
Y a-t-il eu des bons moments de rigolade ou, au contraire, de crainte voire de peur ?
De rigolade, oui ! Tout d’abord, j’étais déguisé en Bruce Willis et pas mal de gens m’ont pris pour lui. Du coup, ils venaient faire une photo et puis quant ils s’apercevaient que j’étais le faux, ils supprimaient leur photos souvent en rageant. C’était assez comique (rires). On a eu aussi une personne qui a demandé où était « Bruce Ministe ». Cela nous a fait marré tout le tournage (rires). Quant à des moments de crainte , non pas vraiment. Les poussées d’adrénaline font partie du métier.
Étiez-vous fan de l’acteur ? Si oui, le serez-vous encore après ce tournage ?
Pour que je devienne fan, il faut que je connaisse bien la personne. Par exemple, je le suis vis-à-vis d’Arnaud Tsamère qui est un bon pote. Bruce Willis comme Malkovich ou Hopkins sont des acteurs qui nous ont accompagnés toute notre vie dans des rôles fantastiques au cinéma, impossible de passer à coté ! Dire qu’on n’est pas admiratif serait un peu hypocrite… Je suis très fier d’avoir doublé un acteur comme Bruce et encore plus quand je vois mon nom au générique. Je pense souvent à mon fils Tom qui à 7 ans, il se rendra compte un jour que son père à doublé Bruce Willis en roulant dans une Porsche à fond sur les trottoirs de Paris. Je trouve ça assez cool (sourire).
Entretien : Philippe JACQUEMIN
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