Précarisation de l’emploi à la RTBF ? Voici les revendications des syndicats pour cette journée d’action

Précarisation de l'emploi à la RTBF ? Voici les revendications des syndicats pour cette journée d'action
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Des dizaines de syndicalistes et de membres du personnel de la RTBF se sont rassemblés en milieu de journée mardi devant l’entrée « Diamant » du siège bruxellois des médias francophones de service public, à Reyers. L’action syndicale CGSP-CSC, une « action de visibilité » plutôt qu’un appel à interrompre le travail, visait à mettre en garde la direction ertébéenne, et le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, face à une précarisation de l’emploi et à l’absence depuis 2001 de toute nomination du personnel, regrettées par les syndicats.

Les syndicats chrétien (CSC) et socialiste (CGSP) du service public ont rediffusé à cette occasion leurs cahiers de revendications respectifs. La « mise au statut » du personnel contractuel, soit le fait de nommer des travailleurs pour qu’ils deviennent statutaires, figure en bonne place dans les deux documents.

Selon les deux syndicats, les nominations sont à l’arrêt depuis 2001. Un article du règlement de travail de la RTBF stipule pourtant qu’« en tant qu’entreprise publique autonome à caractère culturel, de droit public », elle doit « en principe, satisfaire ses besoins en personnel avec du personnel statutaire, c’est-à-dire nommé à titre définitif ou désigné à mandat », rappelle la CGSP dans ses revendications.

« On ne peut pas continuer à faire du service public en y collant simplement une étiquette ‘service public’, sans utiliser les statuts nécessaires à notre fonctionnement », a pointé Bruno Konings, ertébéen de l’IRW-CGSP. Il s’exprimait au micro, vers midi, face à la petite foule qui comprenait aussi quelques statutaires, venus manifester leur solidarité avec leurs collègues moins bien lotis. Des représentants d’autres services publics étaient aussi présents.

Côté CSC, « le cahier de revendications a été remis en juillet. Nous allons rentrer maintenant dans les discussions, à partir d’octobre, un calendrier est prévu », indique Danny Beauchamp, délégué CSC Transcom au sein de la RTBF.

Les discussions ne sont pas directement liées aux négociations du nouveau contrat de gestion avec les autorités de tutelle de la Communauté française, note-t-il. Même si, intrinsèquement, les thématiques sont étroitement liées à des questions de budget, un budget qui dépend grandement des subsides.

En-dehors de la mise au statut des contractuels, les délégués du syndicat chrétien demandent pour ces mêmes travailleurs sous CDD ou CDI que la maison augmente le montant dont elle s’acquitte pour la pension complémentaire. Ce n’est que depuis 2011 que la RTBF constitue pour ses contractuels une pension du 2e pilier, mais à une hauteur (2% du salaire) jugée insuffisante par les syndicats, surtout si on compare cette situation avec la pension des statutaires.

Les contractuels ne bénéficient donc pas des mêmes avantages, ni des mêmes soutiens, par exemple en cas de maladie ou de problème disciplinaire, ou de la même « sécurité » que leurs collègues nommés.

Sans parler des intérimaires, les pigistes auxquels la RTBF fait appel de manière disproportionnée, selon José Granado, secrétaire régional du secteur Culture et Média au sein de la CGSP. Ces travailleurs sous contrats précaires, de durée variable, parfois d’un seul jour, « on peut les manger à n’importe quelle sauce », résume-t-il. « Certains travaillent depuis des années à la RTBF et se demandent quand même chaque semaine s’ils auront à manger le lendemain ». Les « pigistes » sont embauchés en fonction des besoins via l’agence d’intérim interne à la RTBF, une antenne de Randstad qui est installée dans les bureaux de Reyers.

Selon Patrick Blommaert, président de l’interrégionale bruxelloise du syndicat, le nombre d’intérimaires utilisé à la RTBF est limité par un protocole d’accord à 12% du personnel, mais la situation est jugée problématique malgré tout.

En-dehors de ces chiffres, les indépendants échappent quant à eux complètement au regard des syndicats, déplorent les représentants. Sans inclure pigistes et indépendants, la RTBF comptait, en juin 2017, 1.864,83 équivalents temps plein présents au travail, dont 645,87 étaient statutaires et 151,8 mandataires. Le reste, soit bien plus de la moitié, est contractuel.

Sur le coût d’une mise au statut de tous les contractuels de longue durée travaillant actuellement à la RTBF, le flou persiste. Du côté de la direction, une évaluation aurait donné cette année le montant de 14 millions d’euros par an, mais la CGSP indique ne pas être entendue quand elle demande à disposer des détails des calculs, pour pouvoir elle-même développer un plan chiffré.

Quand aux éventuelles autres actions, dans le cas où les appels des syndicats ne seraient pas entendus, on reste énigmatique pour le moment. Ce qui n’a pas empêché Patrick Lebrun, secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la CGSP, d’affirmer face aux personnes rassemblées qu’il faudra peut-être « à un moment durcir certaines actions pour faire plier le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ».

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