Pourquoi la téléréalité est-elle en déclin ?
«The Voice», «Danse avec les stars», «Top chef», … Vous les connaissez toutes mais ces émissions souffrent d’un essoufflement sans précédent auprès des téléspectateurs. C’est la raison pour laquelle d’autres programmes cultes comme «Secret Story» ou «Je suis une célébrité, sortez-moi de là !» se sont arrêtés prématurément. Mais pourquoi ce désintérêt soudain pour les télécrochets ? Enquête.
En 2019, les chaînes n’ont jamais eu autant de mal à rassembler. Mais ce qui frappe, c’est surtout que le style «téléréalité et divertissement» ne fonctionne plus, que ce soit en France ou en Belgique. Et le résultat est de plus en plus flagrant, tant les audiences sont en chute libre et plus particulièrement sur les deux dernières années…
Le cas DALS
L’émission «Danse avec les stars» est l’exemple en la matière. Bien sûr, tout programme qui dure rencontre une baisse d’audience plus ou moins faible au fil des années. Mais pour cette dixième saison, la production a fait face à une érosion significative du public devant sa télévision puisqu’en moyenne, plus d’1 million de téléspectateurs ont déserté TF1 comparé à l’édition 2018.
Quand certains justifient cette perte de vitesse par une baisse de régime inévitable et causée par des règles du jeu «insensées», d’autres accusent l’émission de ne pas s’entourer de suffisamment de célébrités connues du grand public. Résultat, la part de marché de la chaîne se trouve autour des 15% quand TF1 espérait au minimum 20%…
Les naufragés s’échouent
L’émission de danse n’est pas la seule à être impactée. «Koh-Lanta» a perdu près de 30% de son public en l’espace de deux ans. Alors que les éditions 2017 réunissaient entre 5,5 et 6 millions de téléspectateurs, celle du printemps dernier atteignait des chiffres d’à peine 4 millions de personnes. Une audience encore impressionnante compte tenu de la longévité du programme (depuis 2001) mais, par contre, désastreuse par rapport aux deux dernières décennies.
L’essoufflement de «The Voice France» (et Belgique)
Toujours sur TF1, le télécrochet chantant commence, lui aussi, à couler. Et ce n’est pas la transformation radicale d’un ancien jury auparavant bien installé dans son siège rouge qui inverse la tendance. L’édition 2020 s’annonce compliquée : samedi dernier, l’émission a enregistré son plus mauvais démarrage en neuf ans, avec 400.000 téléspectateurs français en moins que l’an dernier. Un concept qui monopolise les prime-time de TF1 au printemps et en automne, ça en devient répétitif et lassant pour un public qui se défait d’une émission sans aucune surprise.
L’effet inverse a lieu en Belgique où, pour contrer la problématique, on abandonne le format initial pour installer celui qui est orienté vers les «kids». Mais cette fois, le jury reste semblable à celui de l’année passée. La sauce semble prendre lors des deux premiers numéros, avec plus de 400.000 téléspectateurs. Mais c’est à jauger sur la longueur…
RTL dans la tourmente
Bien que le groupe belge ne produit pas (ou très peu) de programmes de téléréalités maison, il reste préoccupé par des audiences, elles aussi, qui pâlissent. Les différents rachats comme «Top chef» ne sont plus assez bien exploités et des émissions comme «The Bridge : le trésor de la Patagonie» ou «Together, tous avec moi» n’ont même pas le temps de s’installer durablement. Restent les versions belges de «L’Amour est dans le pré» et de «Mariés au premier regard» qui maintiennent (pour le moment) le cap.
Des débuts explosifs…
À son apparition en 2001, la téléréalité devient un genre très apprécié du public. «Loft story», «Star Academy», ces émissions considérées comme des ovnis télévisuels attisent la peur de l’inconnu mais aussi la curiosité. D’autres émissions comme «L’Île de la tentation» suivront, gardant une certaine véracité et un effet de surprise inépuisable.
Au début des années 2010, le format s’exploite en access-prime-time où des candidats cohabitent, la plupart du temps, dans une villa sous les cocotiers mais sans réel enjeu à la clé. Seuls apparaîtront des histoires d’amour à n’en plus finir et des disputes pour un morceau de salade volé dans l’assiette voisine (littéralement !).
La multiplication et l’omniprésence de ces programmes, diffusés durant toute l’année sous plusieurs formats et, parfois, de manière simultanée sur différentes chaînes, ont engendré doucement mais sûrement une indifférence pour ce genre de divertissement bas de gamme.
Causes à effets
Plusieurs facteurs expliquent, entre autres, ce procédé inévitable. L’omniprésence des mêmes têtes d’affiche à travers les formats est un exemple de cette lassitude. Certains candidats sont devenus de vrais produits financiers, enchaînant les tournages comme si c’était devenu une profession de prendre des bains de soleil au bord de la mer.
Les modes de consommation sont aussi un aspect non-négligeable qui influence l’audience des chaînes ; les jeunes millenials préférant les plateformes de streaming ou les émissions en replay au détriment des programmes à heure fixe.
Les polémiques récentes comme des agressions sexuelles entre candidats, des violences physiques ou des rémunérations exorbitantes, sont des éléments qui, petit à petit, commencent à éclater au grand jour.
Dernier point et pas des moindres, la perte de «naturel» et de pertinence auprès des candidats. De fait, le public reproche une scénarisation des histoires et des séquences surjouées et planifiées par les productions des télécrochets. «Beaucoup ont compris les codes de la téléréalité et veulent en faire des tonnes. C’est pour cela que certaines productions sont en baisse d’audience», explique par exemple un adepte du genre. Le public n’est pas dupe et sait qu’il se fait manipuler.
Démodée, vraiment ?
Est-ce que la téléréalité va pour autant disparaître des grilles de programmes ? Non, à en croire les dirigeants de ces chaînes. Selon eux, le format doit juste s’adapter à la société. Mais le genre aurait-il vraiment un intérêt pour le public si ces modifications sont apportées? Seul l’avenir nous le dira…
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