Pour le 20e anniversaire du CSA belge, son président tire la sonnette d’alarme

Pour le 20e anniversaire du CSA belge, son président tire la sonnette d'alarme
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) célèbre ses 20 ans ce jeudi. Un bien jeune âge comparé à celui de la radio ou de la télévision. Mais alors que «nous vivons une période de changements majeurs et rapides», la régulation confiée à cette institution de la Fédération Wallonie-Bruxelles «s’adaptera aux évolutions ou disparaîtra», présage son président, Dominique Vosters.

Le CSA est devenu une véritable autorité de régulation en 1997, avec deux missions essentielles : « préserver les droits des citoyens à l’intérieur de leur paysage audiovisuel et assurer la diversité et l’équilibre économique de ce même paysage », résume Dominique Vosters dans le discours qu’il prononcera jeudi soir devant un panel d’invités, que Belga a pu se procurer.

« Le secteur où le CSA est le plus impliqué en termes de pluralisme sur notre territoire est sans doute celui de la radio », analyse-t-il, à l’aube d’un nouveau plan de répartition des fréquences qui ne manquera pas de déchaîner les passions.

Si, jusqu’ici, la radio souffre peu des acteurs du numérique, c’est moins le cas de la télévision. Or l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge risque de déstabiliser plus encore les chaînes belges et les relations entre acteurs privés et publics, à l’instar de ce qui s’est passé en Suisse, redoute M. Vosters. « Ce petit pays, comparable au nôtre, connait depuis le début des années 2000, une situation de ciblage intense par des acteurs étrangers allemand (RTL) et français (M6 et TF1). Le montant des dépenses publicitaires dans le secteur a certes gonflé, mais ce fut au profit de ces acteurs étrangers qui ne contribuaient pas à la production locale. Conséquence: les acteurs historiques suisses de la télévision engrangent les mêmes revenus publicitaires en 2017 qu’en 2000. Le marché stagne et les services privés en pâtissent. La plupart sont devenus des services locaux qui gravitent autour d’un service public qui se maintient grâce à sa dotation. »

De plus, la régulation de RTL-TVI par le Luxembourg est incompréhensible tant pour le CSA que pour les téléspectateurs, s’apprête à tonner une nouvelle fois Dominique Vosters notamment face au patron du groupe RTL Belgium, Philippe Delusinne : « S’inscrire dans un paysage audiovisuel spécifique et y capter les revenus publicitaires pour se financer signifie aussi qu’un éditeur ou un distributeur doit pouvoir respecter les règles du jeu applicables à tous les acteurs de l’écosystème visé ».

Ces règles doivent absolument s’adapter aux acteurs européens mais aussi mondiaux, comme Netflix ou Amazon, qui monétisent leur audience dans un territoire sans y être régulés, implore le président du CSA, qui attend avec impatience la révision de la directive de l’Union européenne sur les services de médias audiovisuels.

Le Collège d’avis du CSA, survivance de l’ancien CSA créé en 1987 et qui réunit les représentants du secteur à des fins consultatives, « s’est progressivement éteint faute de voir ses membres renouvelés par le gouvernement », alerte enfin le président de l’institution. « Une réforme est indispensable pour lui rendre sa vivacité et son utilité originelle », mais le gouvernement francophone n’a toujours pas donné suite aux propositions du bureau du CSA, regrette-t-il.

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