Pour 3500€, t’as plus rien !

Pour 3500€, t’as plus rien !
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

À l’inverse de la France, la RTBF ne donne pas de chiffres concernant le coût de l’Euro 2016. Mais elle se livre à une confession étonnante…

Dès la fin de l’Euro 2016, la presse française faisait état de l’opération, notamment pour M6, qui – cette fois-ci – jouait dans la même cour que TF1. On sait que la diffusion d’une partie de la compétition par M6 ne sera pas rentable, même avec le beau parcours des Bleus, qui lui ont offert une finale à la barbe de TF1.

Chez nous, pas de communication sur les chiffres – coûts et recettes – de la part de la télévision publique. Ce n’est pas dans les mœurs de parler d’argent à la télévision, mais le directeur des sports, Michel Lecomte lâche quand même un montant : 3500€ !

Et que fait-on avec 3500€ à l’Euro ? Et bien tout simplement rien ! C’est le prix de la location de la cabine des commentateurs, avec une table et jusque 3 chaises. Un prix qui n’inclut pas encore le matériel et les frais de retransmission et de faisceaux. Un montant qu’il a donc fallu multiplier par 51, le nombre de matchs retransmis par la RTBF.

Sans image et sans son, la RTBF a déjà dû d’emblée payer 178.500€ pour ses commentateurs. La chaîne précise qu’un commentaire depuis Bruxelles (à Reyers) ne coûte rien. Voilà pourquoi c’est l’option choisie pour les matches (et les disciplines des J.O.) qui ont lieu la nuit pour cause de décalage horaire. Le jeu n’en vaudrait pas la chandelle !

Enfin, pour 5.500€, la RTBF a pu aussi proposer un bord de terrain à Lille (toujours sans les coûts de production) avec Vincent Langendries, lors de la rencontre Belgique/Pays de Galles.

On n’en saura pas plus sur la dernière ligne comptable de l’opération Euro 2016 à la RTBF. Michel Lecomte pense que l’événement est rentable, mais il reste prudent. Le calcul des rentrées publicitaires ne sera fait qu’en fin d’année. Les annonceurs qui investissent en masse pendant le mois de l’Euro (ou de la Coupe du Monde), sont moins présents avant et après la manifestation, ce qui peut jouer sur le volume publicitaire global. Mais la RTBF est claire : sans l’apport de la publicité et des sponsors, l’Euro et la Coupe du Monde seraient impayables…

Le calcul des droits dépend du nombre de téléspectateurs potentiels (pas l’audience réelle) mais aussi de la qualité de l’équipe. Comprenez que quand les Diables sont «bankables», la RTBF et la VRT passent un peu plus à la caisse.

La négociation se fait d’ailleurs pour le pays tout entier et non par région linguistique. Le partage se fait ensuite entre les deux chaînes nationales. Un pays qui participe à la compétition payera aussi plus qu’une nation «spectatrice». Ça c’est la théorie, mais dans la pratique, on peut négocier à l’avance et tabler sur les performances de l’équipe nationale, pour ne pas se faire doubler par une chaîne concurrente.

C’était le cas des Néerlandais qui avaient pris les devants, il y a quatre ans, pensant être de la partie en France. On connaît la suite… Et le service public néerlandais s’en est mordu les doigts.

Chez nous, par contre, parfois la RTBF peut faire valoir le débordement de TF1(ou plus généralement des chaînes françaises) pour faire baisser les prix. «Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas !», conclut Michel Lecomte.

Pierre Bertinchamps

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