«Pornotropic – Marguerite Duras et l’illusion coloniale» (Arte) : les dessous de la perle de l’Empire

L’auteure et sa maman, ruinée en Indochine © Arte

Ce mercredi à 22h50, Arte replonge dans l’une des œuvres les plus sulfureuses de Marguerite Duras.

En 1950, le Goncourt passe sous le nez de Marguerite Duras. Elle est alors en lice avec «Un barrage contre le Pacifique», récit inspiré de sa jeunesse en Indochine. Mais le jury de l’époque le juge trop subversif et antipatriotique.

L’auteure y présente les indigènes comme des travailleurs réduits à l’esclavage et compare la «perle de l’Empire» à un immense bordel où les femmes sont sexuellement exploitées. «J’ai été recalée parce que j’étais de gauche à ce moment-là», expliquera-t-elle à Bernard Pivot dans «Apostrophes».

Son témoignage diffère des récits officiels du colonialisme. Dans son livre, Marguerite Duras raconte les dessous d’un système extrêmement brutal. Elle retrace la descente aux enfers de sa mère qui avait acheté des terres dans un coin perdu du sud de l’Indochine, au bout de dix ans d’économies. Mais ces terres étaient incultivables, régulièrement envahies par la mer.

«Elle ignorait qu’elle aurait dû donner en sous-main des sommes importantes à des fonctionnaires blancs. C’est comme cela que nous avons été ruinés. Elle ne s’en est jamais remise. J’avais 12 ans. J’ai vécu très jeune l’expérience de l’injustice», se souviendra-t-elle.

La famille connaît alors la misère noire. Ce soir, Arte propose une relecture éclairante de ce roman.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 1/10/2020

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