«Planète Méditerranée» (Arte) : le nouveau monde du silence

Gorgonocéphale © Arte/Laurent Ballesta

Ce samedi à 20h50, Arte propose un fascinant documentaire intitulé «Planète Méditerranée». De Marseille à Monaco, plongez dans l’éblouissante découverte de la zone des 100 mètres de profondeur. Suivez le guide, Laurent Ballesta, au micro de Télépro.

Depuis une station pressurisée, le biologiste et photographe Laurent Ballesta et trois autres plongeurs ont pu explorer pendant vingt-huit jours les grands fonds du littoral méditerranéen. Une expédition périlleuse – et une prouesse technique ! – dont il a rapporté des images d’exception. Rencontre.

Laurent Ballesta, en quoi cette mission en Méditerranée était-elle différente de vos précédentes expéditions ?

Plonger plusieurs heures durant en complète autonomie, sans être relié par un câble à la tourelle qui nous descendait au fond chaque jour, a constitué une première mondiale. Contrairement aux modèles de scaphandres habituels, les nôtres, recycleurs de gaz, nous rendaient libres de nos déplacements dans la zone de plongée. Nous avons ainsi pu rester jusqu’à six heures par jour à plus de 100 mètres de fond, alors que jusque-là je n’avais jamais pu dépasser trente minutes. Le vrai danger était de se perdre et de ne pas retrouver la tourelle pressurisée, qui nous ramenait en quelques minutes à notre station. Nous avons donc travaillé en amont sur une série de scénarios catastrophes, et développé une sorte de GPS acoustique novateur, ainsi qu’un système de balises de détresse que l’on pouvait envoyer à la surface.

Pourquoi avez-vous choisi d’explorer les grands fonds méditerranéens, des côtes phocéennes jusqu’à Monaco ?

Je voulais montrer qu’en Méditerranée, dans cette mer que l’on sait polluée, surpêchée, surfréquentée, il existe encore de magnifiques écosystèmes sauvages qui recèlent des créatures d’une grande singularité, toutes sont des espèces en péril, dont certaines inconnues, en tout cas jamais filmées vivantes.

Comment avez-vous traversé les vingt-huit jours dans cette station que vous ne quittiez pas, même revenus à la surface ?

Nous ne pouvions pas la quitter en effet, sous peine d’accident fatal ! Rester confinés était le prix à payer pour avoir droit à une liberté sans précédent. À la fin de ces quatre semaines, nous avions mauvaise mine : nos visages avaient une teinte grisâtre causée par l’anémie, car dans un environnement à haute pression, le taux de globules rouges dans le sang s’effondre. En revenant à l’air libre, on souffre donc du mal des montagnes : migraines, insomnies, souffle court…

Extraits d’une interview parue dans Télépro du 17/09/2020

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