Philippe Gougler : «J’ai appris à m’évader devant la télé !»
Après la Mauritanie et la Suisse, la Colombie et l’Albanie, direction la Suède et l’Équateur pour embarquer sur «Des trains pas comme les autres» avec le journaliste Philippe Gougler, ce jeudi à 20h50 sur France 5. Rencontre.
Philippe Gougler, comment choisissez-vous vos destinations ?
Après s’être renseignés sur le réseau ferroviaire d’un pays, nous examinons la saisonnalité. En Albanie, par exemple, il est impossible de tourner en décembre à cause du froid polaire. Nous alternons aussi les continents. Mais, si la destination est importante, les rencontres restent la motivation première de nos voyages.
Pourquoi êtes-vous fasciné par le désert ?
J’aime beaucoup la solitude. Dans le désert, elle est d’autant plus absolue qu’elle devient envoûtante et donne l’impression d’une présence inexplicable. À condition d’être bien équipé, on ne s’y sent jamais seul, on fait partie d’un tout, en harmonie avec le lieu. En Mauritanie, splendide pays peu connu, au milieu du sable, surgissent des canyons et des oasis à tomber par terre. Le soleil couchant est un autre moment unique. Après une journée à marcher sous le cagnard, la température baisse et devient idéale pour une soirée délicieuse autour d’un feu avant que le froid tombe pour la nuit…
Quel genre de rencontres retenez-vous ?
J’adore les rencontres étonnantes, simples et improbables avec des inconnus qui vous accueillent à bras ouverts et qui, en partageant leur vie et leurs expériences, offrent un moment extraordinaire, une projection dans un autre monde. En Colombie, un pays où il y a peu de trains en fonction, les gens utilisent les nombreuses lignes désaffectées pour se faciliter la vie. Alors que je marchais le long d’une voie, j’ai croisé et aidé un homme qui, au milieu de la jungle, déménageait sa maison en poussant un charriot de fortune chargé de meubles !
À part votre fer à repasser, qu’emportez-vous dans votre sac ?
(Rires) Où que j’aille, j’ai la marotte de porter des chemises repassées ! Dans les endroits sans électricité, je fais à l’ancienne en séchant mon linge sur un fil, le plus droit possible. Le reste du bagage dépend du climat. Pour un pays chaud, j’emporte un minimum de vêtements, mais un max de crème solaire ! Pour le froid, avec la doudoune et les bottes, la valise est plus volumineuse. En fait, plus on sillonne la planète, plus on se limite au strict minimum.
Pourtant sous le soleil brûlant du désert mauritanien, vous avez marché sans chapeau, ni lunettes de soleil…
C’est une habitude. Mais dans ce désert, j’ai fini par me coiffer d’un chèche, un long turban enroulé autour de la tête. Je revêts souvent les tenues locales, elles sont pratiques pour résister au climat régional.
Avez-vous toujours rêvé d’une vie d’aventurier ?
Mes parents étant des gens casaniers, j’ai vécu une enfance plutôt monotone. Internet n’existait pas. Les émissions comme «Thalassa» et «Ushuaïa» m’apportaient du rêve en ouvrant une lucarne sur le monde. Lorsque nous partions en vacances, une fois l’an, je passais des jours entiers à préparer le voyage en étudiant en détail les cartes, les routes, les itinéraires. Jeune, j’achetais aussi des cartes routières d’Afrique dont les routes, qui s’arrêtaient au milieu du désert, me fascinaient. Comme j’aime les bouts du bout du monde, je rêvais d’y aller un jour. Dès que j’en ai eu l’occasion, je suis parti sillonner la planète.
Est-ce dans un même but d’évasion que vous avez étudié l’astronomie ?
En fait, j’ai une licence en math avec option «astronomie» car l’immensité de l’espace me fascinait. Mais lorsque je me suis aperçu qu’on passait plus de temps dans les équations que la tête dans les étoiles, j’ai déchanté !
À lire : Philippe Gougler, «Des trains pas comme les autres – Mes plus beaux voyages», tomes 1 et 2, 240 pages illustrées, 29,90 € (Albin Michel, 2018 et 2020)
Cet article est paru dans le Télépro du 22/7/2021
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