Pascal Soetens («SOS : ma famille a besoin d’aide» sur AB3) : «Je suis quelqu’un de cool !»
«Le Grand frère» tente désormais d’aider des familles à communiquer. Rencontre en toute simplicité avec Pascal Soetens, qui nous dévoile son vrai visage.
En 2006, l’éducateur sportif devient le «Grand frère» pour TF1. Depuis, le coaching pour remettre les ados sur le droit chemin cartonne. «Ma façon de gérer les conflits et ma personnalité ont beaucoup joué auprès du public», explique Pascal Soetens. «J’ai eu des témoignages touchants de personnes qui me remerciaient de leur « avoir sauvé la vie ». Ils reprenaient les méthodes que je mettais en pratique à la télé.»
Depuis 2014, il vient en aide aux familles en détresse sur NRJ12 et AB3 dans «SOS : ma famille a besoin d’aide».
Les ados sont-ils de plus en plus difficiles ?
Ils sont plus difficiles, je peux vous le confirmer. Dans les premières émissions, les enfants insultaient les parents. C’est quelque chose que je trouvais déjà intolérable. Aujourd’hui, certains ados les frappent. J’ai vu l’évolution en dix ans. Mais je reconnais aussi que ça change. À la génération actuelle, on donne plus de règles de politesse, de maintien et de respect. Ce n’était pas forcément le cas avant.
C’était une génération «sacrifiée» qui se rebellait ?
Non, c’est surtout une génération élevée avec des personnes qui étaient frustrées par autant d’interdits, il y a 20 ou 30 ans. Et justement, ils se sont dits qu’ils ne feraient pas les mêmes erreurs que leurs parents et ils limitent les interdictions, voire parfois ils laissent tout faire. Ces adultes-là le regrettent. J’ai été invité récemment dans «C’est mon choix» pour en parler, et des témoins reconnaissaient cette raison. Leurs ados sont ingérables faute de barrières.
L’éducation de vos enfants est stricte ou, au contraire, vous êtes plus cool qu’à la télé ?
Il est clair qu’aucun mot d’insultes n’est passé ! Même un «Tu m’embêtes !», ça ne passe pas. Et je l’ai vu dans les familles. On commence par un «tu m’embêtes», puis ça devient «tu me fais chier…» et on passe vite aux gros mots. Chez moi, ça n’a pas fonctionné. C’était la règle de base. Mes deux enfants ont 18 et 19 ans, ils se portent très bien mais ils avaient des règles. Il y avait leur langage à l’école, avec leurs copains, mais à la maison, ce langage ne passait pas. Dès qu’on instaure ce genre de petites règles, l’enfant arrive à faire la différence entre la maison et la vie extérieure avec les amis, où on fait un peu ce qu’on «veut».
Les ados ne surjouent-ils pas ?
Pas du tout. Les gens sont naturels, c’est ce qui est dingue ! Parfois, on coupe même certaines scènes par ce que ça devient trop violent. Il y a des choses que l’on ne peut pas montrer. Et puis, le but est de venir en aide aux personnes, pas de montrer leur mauvais côté à tout prix. J’ai assisté à des moments atroces comme un enfant qui plaque sa propre mère au sol. C’est intolérable, et on ne le diffusera jamais.
Et ils ne vous ont jamais poussé à bout ?
J’ai eu des ados qui m’ont provoqué avec un couteau ou même un marteau. J’ai failli être poignardé ou me faire trouer le crâne par un gosse. Et si je ne l’avais pas plaqué au sol, il l’aurait fait… Quand c’est comme ça, il faut agir immédiatement, le dialogue et la discussion n’ont plus lieu d’être. Il faut agir, pas violemment mais intelligemment avec de la fermeté.
Vous n’avez pas eu envie d’arrêter ?
À l’époque de «Pascal le Grand frère», c’était encore plus stressant parce que je dormais réellement chez les gens. Et parfois je me disais que je pouvais prendre des coups durant mon sommeil. Rien ne les en aurait empêché. Aujourd’hui, c’est différent avec «SOS, ma famille a besoin d’aide», on est dans un camp, et je dors seul dans ma chambre. Je suis en sécurité…
Sans jugement de valeur, que vous inspirent les incidents dans les banlieues ?
C’est regrettable. Dans les quartiers, il y a des tas de gens qui peuvent s’en sortir. Il y a des génies, sauf qu’on ne veut pas les voir et qu’on les stigmatise. Et brûler une voiture, ce n’est pas la solution. Il y a des personnes qui n’ont pas les gros salaires et c’est leur voiture que l’on brûle sans raison. Ils ont déjà du mal à joindre les deux bouts… Pourquoi faire ça ? J’espère que les mentalités changeront, mais ça va prendre du temps.
Il n’y pas d’éducateurs de rues en France pour canaliser les choses ?
Si, mais leur image a été ternie parce qu’on les appelés «Les Grands frères», et ils faisaient parfois faire tout et n’importe quoi aux jeunes. Aujourd’hui, on les appelle des médiateurs, plus éducateurs. Le point positif, c’est que ça a permis aussi de donner du travail. Tout le monde est gagnant.
Que voulez-vous qu’on retienne de vous ?
Je suis quelqu’un de vrai et de simple. Comme tout le monde, je pleure et je ris. Et c’est pour ça qu’on m’apprécie. J’ai toujours les pieds sur terre. Parfois les rumeurs autour de ma personne me mettent un peu en colère, j’en veux à certains, mais d’un autre côté, je remercie le public qui me suit depuis 10 ans.
« SOS, ma famille a besoin d’aide », tous les jeudis à 20h00 sur AB3.
Entretien : Pierre Bertinchamps
Qu’est-ce qui vous a poussé vers la télé ?
Je n’ai rien cherché du tout. C’est mon meilleur ami, Marc Voisin qui m’a parlé d’un casting. J’étais réticent… J’ai reçu une convocation. Je m’y suis présenté, et sur les 100 personnes reçues, ce jour-là, j’ai été pris. Ils voulaient un éducateur, et ça a été moi. Contrairement à ce que les gens pensent, je suis «moi» dans le programme. Je ne joue pas de rôle.
Vous avez abandonné ce métier-là ?
La télé ne me «grille» pas parce que je suis resté moi-même. Aujourd’hui, je suis gérant d’une salle de sport (Pascal Soetens souhaite d’ailleurs exporter son concept en Belgique, NDLR). Quand je suis en tournage, je mets cette activité un peu de côté. Mais je continue à faire de l’éducation, à travers le sport.
Les ados qui vous reconnaissent dans la rue, ne vous narguent pas un peu ?
Non, il y a toujours du respect, et j’apprécie que ça se passe comme ça. C’est vrai que je remarque que parfois les gens évitent de venir me rencontrer. Ils doivent penser qu’à la ville, je suis aussi dur qu’à la télé. Mais pas du tout, je suis quelqu’un de cool ! Je suis comme tout le monde, je sais sourire.
Comment sont choisis les cas de l’émission ?
Aujourd’hui, ce sont les parents qui écrivent. Jusqu’il n’y a pas très longtemps, c’était l’inverse, on les recherchait, via les services sociaux ou des enquêtes de voisinage. Au fil du temps, l’émission a pris de l’ampleur, et ce sont les familles qui nous appellent. Ensuite, on effectue différentes enquêtes sociales, policières, de voisinage et scolaire. Le but aussi est de trouver de «vraies» personnes à aider, pas des gens qui veulent juste passer à la télé.
Enquête policière ?
C’est arrivé d’avoir eu des demandes de familles, mais malheureusement l’enfant est entre les mains de la justice pour diverses raisons (vols, trafics de drogue, casses, braquages…). Dans ce cas-là, on ne peut pas se substituer à la Justice. On ne peut pas les aider…
Les ados ne surjouent-ils pas ?
Pas du tout. Les gens sont naturels, c’est ce qui est dingue ! Parfois, on coupe même certaines scènes par ce que ça devient trop violent. Il y a des choses que l’on ne peut pas montrer. Et puis, le but est de venir en aide aux personnes, pas de montrer leur mauvais côté à tout prix. J’ai assisté à des moments atroces comme un enfant qui plaque sa propre mère au sol. C’est intolérable, et on ne le diffusera jamais.
Et ils ne vous ont jamais poussé à bout ?
J’ai eu des ados qui m’ont provoqué avec un couteau ou même un marteau. J’ai failli être poignardé ou me faire trouer le crâne par un gosse. Et si je ne l’avais pas plaqué au sol, il l’aurait fait… Quand c’est comme ça, il faut agir immédiatement, le dialogue et la discussion n’ont plus lieu d’être. Il faut agir, pas violemment mais intelligemment avec de la fermeté.
Vous n’avez pas eu envie d’arrêter ?
À l’époque de «Pascal le Grand frère», c’était encore plus stressant parce que je dormais réellement chez les gens. Et parfois je me disais que je pouvais prendre des coups durant mon sommeil. Rien ne les en aurait empêché. Aujourd’hui, c’est différent avec «SOS, ma famille a besoin d’aide», on est dans un camp, et je dors seul dans ma chambre. Je suis en sécurité…
Sans jugement de valeur, que vous inspirent les incidents dans les banlieues ?
C’est regrettable. Dans les quartiers, il y a des tas de gens qui peuvent s’en sortir. Il y a des génies, sauf qu’on ne veut pas les voir et qu’on les stigmatise. Et brûler une voiture, ce n’est pas la solution. Il y a des personnes qui n’ont pas les gros salaires et c’est leur voiture que l’on brûle sans raison. Ils ont déjà du mal à joindre les deux bouts… Pourquoi faire ça ? J’espère que les mentalités changeront, mais ça va prendre du temps.
Il n’y pas d’éducateurs de rues en France pour canaliser les choses ?
Si, mais leur image a été ternie parce qu’on les appelés «Les Grands frères», et ils faisaient parfois faire tout et n’importe quoi aux jeunes. Aujourd’hui, on les appelle des médiateurs, plus éducateurs. Le point positif, c’est que ça a permis aussi de donner du travail. Tout le monde est gagnant.
Que voulez-vous qu’on retienne de vous ?
Je suis quelqu’un de vrai et de simple. Comme tout le monde, je pleure et je ris. Et c’est pour ça qu’on m’apprécie. J’ai toujours les pieds sur terre. Parfois les rumeurs autour de ma personne me mettent un peu en colère, j’en veux à certains, mais d’un autre côté, je remercie le public qui me suit depuis 10 ans.
« SOS, ma famille a besoin d’aide », tous les jeudis à 20h00 sur AB3.
Entretien : Pierre Bertinchamps
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