Papy boom au cinéma !
Longtemps cantonnés aux petits rôles, les héros aux cheveux blancs sont désormais les coqueluches des spectateurs de toutes les générations.
Tirés de la BD éponyme, «Les Vieux fourneaux» font crépiter La Une, ce mardi à 20h15. Sorti en 2018, ce film dont l’affiche annonce «Il n’y a pas d’âge pour faire ch… le monde !» suit trois seniors décidés à ne pas vieillir sagement. Ils reviennent cet été au cinéma («Les Vieux Fourneaux 2 - Bons pour l’asile», le 17 août) et assoient un nouveau phénomène : le succès des papys et mamies superbement indociles.
Sans ventre mou
«J’adore être ce rebelle fantasque !», assure Pierre Richard à propos de Pierrot, son personnage dans ces deux comédies signées Christophe Duthuron. «La charge comique et provocatrice m’enchante ! C’est d’un burlesque pétaradant et transgressif, sans « ventre mou » !»
Et très jouissif pour le public, ravi de voir ces vieux pieds nickelés assumés désobéir comme des ados. Duthuron ajoute : «Plus on vieillit, plus on se débarrasse des oripeaux de la bienséance. On voyage plus léger. C’est l’envie de vieillir que j’aimerais qu’on ressente. Qu’on se dise : le meilleur est peut-être à venir ! Mes trois héros sont magnifiques, tellement libres !»
Drôles et méchants
On avait entre-aperçu cette latitude, par le passé, via de rares rôles : Poupette (Denise Grey), énergique bisaïeule de Sophie Marceau dans «La Boum» ; la capricieuse Jessica Tandy de «Miss Daisy et son chauffeur» ; ou l’impayable «Tatie Danielle» (Tsilla Chelton).
Depuis lors, ce «papy et mamie boom» a fait de nombreux petits aussi difficiles à compter que des mômes durant la récré : «Indian Palace», «Paulette», «Joyeuse retraite» (et sa suite, en salles le 20 juillet), «C’est quoi, cette mamie ?», «Le Book Club», «The Duke». Et «Braquage à l’ancienne» où trois pointures du 7e art anglo-saxon – Michael Caine, Morgan Freeman et Alan Arkin – remplument leurs bas de laine avec le butin d’un casse !
De bons génies
Robert De Niro, lui, joue les «vieux jetons» pour «Le Nouveau stagiaire», aux côtés d’Anne Hathaway, où il est jobiste au sein d’une start-up. En version originale, l’affiche du film donne le ton : «Experience never goes out of fashion» (l’expérience ne se démode jamais).
La formule, toujours la même, plaît : une personne âgée se refait une jeunesse en étant le bon génie d’un junior avide de conseils. Ce canevas se retrouve dans «L’Étudiante et Monsieur Henri» où Noémie Schmidt et feu Claude Brasseur se détestent avant de s’adorer, et dans «Maison de retraite» où Kev Adams finit par s’attacher aux seniors dont il a la charge.
Le réalisateur Thomas Gilou raconte : «Tous les comédiens d’un « certain âge », dirons-nous, ont accepté le projet car ils voulaient jouer avec Kev ! Ils étaient en demande de cette confrontation-là : mettre deux générations face à face et voir ce qui en résultait !»
Rire des rides
Cette «mode» émeut Stéphane Robelin, metteur en scène de «Et si on vivait tous ensemble ?» (où des seniors refusent la maison de repos en partageant une colocation) et d’«Un Profil pour deux» (où un veuf et un post-ado draguent sur le Web) : «Les personnes âgées me touchent. Quand on vieillit, tout est plus compliqué. Il faut franchir des étapes, trouver des solutions, lutter en somme ! Pour moi, c’est la définition même du héros : il doit se battre et accepter un certain nombre de changements.»
Cet article est paru dans le Télépro du 7/7/2022
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