«Orange mécanique, les rouages de la violence» : humour et noirceur
Ce mercredi à 22h20, Arte propose un documentaire consacré au chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, inspiré d’un roman d’Anthony Burgess.
À 15 ans, Alex a donné libre cours à ses pulsions destructrices avec sa bande de potes, les Droogs, frappant, violant et tuant pour le plaisir avant de subir en prison le traitement de choc mis au point par l’État. Rendu incapable de toute violence par un protocole expérimental terrifiant qui a violé sa conscience, il est devenu une «orange mécanique», un humain privé de ses propres choix.
Écrit par Anthony Burgess, ce roman a provoqué au siècle dernier une double onde de choc : à sa parution, en 1962, puis en 1971, lors de son adaptation au cinéma par Stanley Kubrick. Accusé de faire l’apologie de la violence, en écho à des actes criminels qui s’étaient revendiqués de son œuvre, l’écrivain britannique, profondément blessé, expose alors dans un manuscrit autobiographique, «The Clockwork Condition» («La Condition mécanique»), son inquiétude sur le monde en train d’advenir.
Il y présente la vision humaniste qui lui a inspiré cet univers où la violence nihiliste d’une jeunesse sans espoir se fracasse sur un pouvoir décidé à contrôler les êtres par le conditionnement, en usant de technologies toutes-puissantes. Jusqu’à sa mort, Burgess restera hanté par le malentendu qui a frappé son livre. Avec pour fil narratif son plaidoyer testamentaire inachevé, découvert en 2019, et des entretiens éclairants avec des amoureux du roman, le documentaire d’Arte explore les résonances multiples d’une œuvre brillante et visionnaire, dont l’humour atténue la noirceur, pour montrer combien la question du libre arbitre y est centrale…
Cet article est paru dans le Télépro du 9/11/2023
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