Nosferatu : bon sang émeut le vampire…

Extrait du film «Nosferatu le vampire» © Arte/ZDF
Giuseppa Cosentino Journaliste

De tout temps, ce suppôt de Satan a nourri les superstitions, suscitant à la fois crainte et fascination.

Cet être sanguinaire n’a cessé de se renouveler au fil des âges. Quels sont les fondements de sa mythologie ? Et comment expliquer son succès encore actuel ? Pour célébrer le centenaire du premier film muet sur ce monstre, «Nosferatu le vampire», Arte propose de le revoir ce mercredi à 0h05, précédé à 22h50 du documentaire «Nosferatu – Un film comme un vampire».

Démon planétaire

Si le terme «vampire», d’origine slave, apparaît vers 1725, on recense, dès l’Antiquité, des légendes sur la créature. Dans la mythologie grecque, Lamia, Empusa ou les stryges sont des monstres maléfiques extorquant, la nuit, le sang de leurs victimes. Fait curieux : la figure du «buveur de sang» est commune à de nombreuses cultures. Les Babyloniens craignent la divinité Lilitû, assoiffée de sang ; les Aborigènes d’Australie tremblent devant Garkain, un monstre à la tête de chauve-souris ; tandis que les Chinois redoutent le Chiang-Shi, un humain décédé détestant l’ail et la lumière…

Mi-homme, mi-monstre

Au XVIIIe siècle, la peur du vampire est si réelle qu’un moine français, Augustin Calmet, rédige un traité sur le sujet. La pire damnation ? Se transformer en vampire. Un sort réservé aux possédés et aux suicidés qui, dans la tradition chrétienne, sont condamnés à errer dans les limbes. Le Pr Alain Morvan, spécialiste de la littérature gothique, explique cette superstition : «Le vampire incarne des peurs ancestrales, celles d’une mort contagieuse. Il propose un dépassement imaginaire de la mort en condensant, dans une figure à la fois humaine et monstrueuse, le rêve d’éternité».

D’empaleur à bourreau des cœurs

Une fascination morbide qui a inspiré l’écrivain Bram Stoker et son roman à succès «Dracula» (1897), à l’origine de «Nosferatu le vampire» (1922). Sous une longue cape, le teint pâle et les canines acérées, le comte Dracula est désormais aussi monstrueux qu’élégant. Redoutant l’ail, les crucifix et la lumière, il a le don de se métamorphoser en chauve-souris et peut, d’une simple morsure, transformer un vivant en créature démoniaque. Le mythe moderne est né. Et il est basé sur une histoire vraie !

Inspiré d’un fait réel

En Transylvanie, au XVe siècle, dans un château retiré des Carpates, vivait Vlad Tepes, plus connu sous le nom de Dracula, signifiant en roumain «fils du dragon». Contrarié, il avait la fâcheuse manie d’empaler ses ennemis, d’où son surnom : l’Empaleur. Sa cruauté terrifia les Turcs qui l’assassinèrent en 1476. Sa tête fut envoyée au sultan Mehmet II. Les amateurs de sensations fortes peuvent encore visiter son château en Roumanie… Gentleman cruel, le vampire actuel est plus humain que jamais, capable d’émotions et de remords – en écho à la saga «Twilight» -, et se muera encore au gré de notre imaginaire…

Cet article est paru dans le Télépro du 3/3/2022

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