Nicolas Sarkozy parasite déjà la nouvelle version d’«Envoyé spécial» (France 2)…

Nicolas Sarkozy parasite déjà la nouvelle version d'«Envoyé spécial» (France 2)...
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

L’ancien président français aurait fait pression sur la direction de France Télévisions. Deux affaires distinctes viennent d’être révélées au même moment…

Nicolas Sarkozy et la télé, c’est une histoire d’amour-haine. L’ex-président français, qui espère revenir au pouvoir à l’occasion des élections 2017, est un excellent «client» pour les émissions auxquelles il participe : chacune de ses interventions est attendue, scrutée et décortiquée. Et bien souvent, les audiences suivent.

Conscient de son pouvoir de fascination, le politicien entretient une relation trouble avec les médias. Il ne cache pas son amitié avec plusieurs patrons de chaînes privées. Et ce mercredi, deux dossiers à charge du chef de la droite française font la une des médias, et évoquent de supposées pressions qu’il aurait fait sur le service public…

Michel Field intimidé ?

Dans le Canard enchaîné de ce mercredi, on apprend qu’une enquête inédite, concernant l’affaire Bygmalion et le financement (suspect) de sa campagne électorale de 2012, aurait dû être diffusée ce jeudi 8 septembre après le JT de France 2, ou le 29 septembre dans la nouvelle version d’«Envoyé spécial».

Un reportage dérangeant pour Sarkozy, puisqu’il contient le témoignage d’un ancien dirigeant de Bygmalion, qui y évoquerait la supposée double comptabilité dans l’organisation de meetings en 2012…

Mais Michel Field, le patron de l’info de la chaîne, a finalement décidé de reporter la diffusion à la fin de l’année, après l’organisation des primaires de la droite française auxquelles participera Sarkozy face à ses rivaux… La campagne débute le 21 septembre, et la désignation aura lieu en novembre.

Certains accusent le journaliste à la pipe d’avoir cédé à un chantage du mari de Carla Bruni, qui aurait mis dans la balance sa participation (ou non) au premier numéro de la nouvelle «Émission politique» de David Pujadas et Léa Salamé, lancée le 15 septembre…

Élise Lucet, qui a repris cet été la charge des magazines d’information du jeudi soir, aurait crié à la censure dans le bureau de son patron. Mais rien n’y a fait : pas de Sarko prévu à court terme dans «Envoyé spécial» !

Par communiqué, Michel Field réfute «toute intervention de Nicolas Sarkozy. En juin j’ai donné mon feu vert sur ce sujet sur Bygmalion. Puis fin juin-début juillet j’ai dit à l’équipe que le sujet devait être prêt début septembre ou début décembre, car diffuser un sujet au moment où la primaire des Républicains bat son plein fait courir le risque d’instrumentaliser France Télévisions. Il n’était pas encore question de la venue de Nicolas Sarkozy dans « L’Émission politique ».»

«Nous sommes tombés d’accord (ndlr : ce mercredi matin) avec Elise Lucet pour diffuser pendant le JT jeudi un extrait de l’interview de Franck Attal», affirme-t-il. «Cette enquête est une analyse et n’a pas de scoop. Mais s’il y avait un élément nouveau, et que l’actu l’exige, je le balance sur l’antenne».

Un ancien balance aussi

Coïncidence : c’est ce jeudi 8 septembre que l’ancien patron de France Télévisions (2005-1010), Patrick de Carolis, sort un livre intitulé «Les Ailes intérieures», dans lequel il accuse également Nicolas Sarkozy de tentatives d’intimidation.

Ainsi, quelques mois avant la fin de son mandat, celui qui occupait alors l’Élysée lui a proposé un «deal» : il aurait accepté de le reconduire à la présidence de France Télévisions s’il se séparait de Laurent Ruquier, Patrick Sébastien, Patrice Duhamel, Arlette Chabot et Franz-Olivier Giesbert…

«Je préférais ne pas être réélu plutôt que l’être par bassesse», affirme Patrick de Carolis, qui se retrouvera malgré tout impliqué lui aussi deux ans plus tard dans l’affaire Bygmalion.

Julien Vandevenne

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