Netflix rend hommage à Shirley Chrisholm avec un biopic saisissant
Après le film «Bayard Rustin», le grand N rouge s’intéresse au parcours politique de la première femme noire à se présenter aux élections présidentielles américaines. Qui était Shirley Chrisholm ? Portrait.
Comment une petite fille afro-américaine de Brooklyn, née en 1924 dans un milieu religieux, devient-elle l’une des plus importantes représentantes des États-Unis ? C’est à Brownsville, quartier où est créé le premier planning familial des USA, que la jeune femme grandit. Cette atmosphère progressiste et féministe lui est inculquée tout au long de son adolescence.
Elle découvre rapidement que le monde est hiérarchisé selon la race, le sexe et les classes sociales. Son attrait pour le militantisme s’accroît quand elle s’intéresse à des personnalités telles que Susan B. Anthony, Mary McLeod Bethune et Harriet Tubman.
En intégrant le Brooklyn College, elle fait partie des rares personnes de couleur. Elle étudie la sociologie, assiste à des interventions de hauts politiques et se forge une réputation de débatteuse. Si elle se voit plus tard professeure, l’un de ses enseignants l’encourage à s’orienter vers la politique. Elle sait comment le monde est construit et lui répond : «Vous oubliez deux choses… je suis noire et je suis une femme !» Elle ne sait pas encore à l’époque quel destin lui est réservé.
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«Unbought and Unbossed»
Après plusieurs années dans l’éducation, elle fait ses premiers pas dans le monde politique grâce à un ami, Wesley McD. Holder, qu’elle connaît de l’université. Elle soutient le parti démocrate et particulièrement Lewis L. Flagg, un homme noir souhaitant devenir juge à New York. Après sa victoire, elle prend goût à la politique et fonde avec son ami Wesley, la Bedford-Stuyvesant Political League, «qui milite pour présenter des Afro-Américains aux différentes élections des instances new-yorkaises et intervenir auprès du maire de New York et du gouverneur de l’État de New York à Albany pour faire cesser les discriminations raciales.»
Recrutée ensuite comme consultante pour la Division of Child Care Services, elle est élue à l’Assemblée de l’État de New York. Mais le chemin est rude, notamment à cause de sa couleur de peau et de son sexe. Au cours de son premier mandat (1964-1968), «elle plaide pour faire avancer la cause des Afro-Américains, des Latinos, des pauvres, des femmes, des jeunes défavorisés et des personnes âgées.»
En 1968, elle annonce se présenter aux élections primaires pour la 12e circonscription de l’État de New York. Sur fond de guerre du Vietnam et après des événements tragiques comme la mort de Martin Luther King et des émeutes raciales, des mouvements des droits civiques et féministes gagnent en popularité. Sa campagne est rude mais parvient néanmoins à toucher les gens. Grâce à ses valeurs humaines et religieuses, elle gagne les primaires. Cette victoire fait d’elle la première femme afro-américaine à siéger à la Chambre des représentants des États-Unis.
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À la Maison-Blanche
Devenue une figure importante du monde politique, elle n’en est pas moins une femme noire peu respectée. Le combat pour les pauvres et la cause noire restent des sujets secondaires pour le gouvernement américain. Il faut donc viser plus haut et pourquoi pas la Maison-Blanche.
Elle sait au fond d’elle que c’est peine perdue. Mais que sa position permettra d’attirer l’attention sur le système politique américain et ses œillères face à la pauvreté, le sexisme, le racisme et l’homophobie.
À sa grande surprise, Shirley finit en septième position sur les 17 candidats, devenant ainsi la première femme à gagner à une primaire du Parti démocrate. Malheureusement, elle n’ira pas au bout des élections de 1972. Elle déclare peu après : «J’ai participé à l’élection présidentielle, parce que quelqu’un devait être le premier à le faire. Dans ce pays, n’importe qui est supposé pouvoir poser sa candidature, mais dans les faits c’est faux. J’ai posé ma candidature parce que la plupart des gens pensent que le pays n’est pas prêt pour un candidat noir, que le pays n’est pas prêt pour une candidate. Un jour…»
Ses combats féministes et sociaux continuent encore quelques années. Après la mort de son époux Arthur Hardwick Jr., elle se retire peu à peu de la scène médiatique et politique. «Le 10 février 1982, lors d’une conférence de presse, elle annonce qu’elle va mettre fin à ses activités de représentante.» Elle retourne vers l’enseignement, où elle éduque des jeunes à la science politique et la sociologie.
Si ses ambitions ne sont plus là, elle continue ses combats, notamment à travers la fondation du National Congress of Black Women et la campagne de Jesse Jackson pour l’élection présidentielle de 1984.
Avec cette personnalité flamboyante et ses combats, pas étonnant que Netflix lui rende hommage avec un biopic sobrement intitulé «Shirley». La bande-annonce :
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