Néron, tyran de renom !
Décrit beau et sensible, plus passionné d’arts que de politique, il laissa pourtant l’image d’un tyran cruel. Ce lundi à 21h05 sur France 3, un volet de «Secrets d’Histoire» lui est consacré.
Pas vraiment destiné à monter au pouvoir, Néron, empereur de 54 à 68, fut aux yeux du peuple – pas à ceux de l’aristocratie ! – le plus populaire des chefs romains. Car il sut trouver les «bons» moyens pour s’imposer, quitte à frapper des coups bas et se débarrasser des importuns de façon violente. Saurez-vous distinguer les infos des intox ?
1. Au début de son règne, sa mère, Agrippine, tire les ficelles.
Vrai. Néron n’est pas le descendant direct de son prédécesseur, l’empereur romain Claude. C’est Agrippine, la sœur du féroce Caligula qui, en épousant Claude, le pousse à adopter son fils Néron. Quand le jeune homme devient adulte, la dame empoisonne Claude. Officiellement afin que son rejeton soit le nouvel empereur, mais en réalité, elle compte commander elle-même. Les pièces d’or de l’époque en témoignent : le visage du fils mais aussi de sa mère y figurent. Le «règne» de la harpie dure jusqu’à sa mort… quand Néron la fait tuer.
2. Il joue du violon lors du Grand incendie de Rome.
Faux. En juillet 64, le feu ravage la cité durant neuf jours. Selon la légende, Néron en serait à l’origine. On l’aurait vu déclamer des vers sur la beauté des flammes et jouer du violon, sans se soucier du peuple. Pour les historiens et archéologues, cette thèse est réfutable, notamment car cet instrument à cordes n’existait pas à l’époque… Selon Jean-Michel Croisille (professeur de littérature latine et civilisation romaine), le drame est dû à «de malencontreuses circonstances. Un incendie à Rome en plein été, avec la sécheresse, n’a rien de surprenant». Pourquoi alors accuser Néron ? Trois hypothèses. D’abord d’ordre ludique et esthétique : son goût immodéré pour le théâtre. «Il aurait voulu reconstituer ce que la tradition poétique posthomérique racontait sur l’incendie de Troie.» Ensuite, par but urbanistique : «Le nouvel aménagement de la cité ne lui plaisant guère, Néron aurait laissé le feu parachever ses desseins». Enfin, le fruit de sa folie : le tyran «aurait souhaité l’anéantissement de la ville et la disparition de tous ses habitants». Les faits, eux, contrarient ces thèses. Quand l’incendie démarre, Néron est à Antium. Il se précipite à Rome pour superviser les secours. Cependant, il y voit l’occasion de blâmer les chrétiens, encore peu nombreux à l’époque et peu tolérés.
3. Un despote prêt à tout pour sa «Maison Dorée».
Vrai. Le palais impérial de Néron, Domus Aurea, du nom des feuilles d’or des décors, s’étendait sur plusieurs hectares. Pour la créer et l’entretenir, le mégalomane récolte de l’argent de toutes parts : il augmente les impôts, saisit les trésors des temples, taxe les plus riches de Rome et manque de peu de mettre en faillite le Trésor public !
4. Son rêve ultime : être un artiste-vedette.
Vrai. Ses intérêts artistiques incluaient la pantomime, le ballet, la poésie, le théâtre. Selon l’historien Lionel Casson : «Aucun autre empereur romain n’était un homme des arts et des lettres comme lui». Il entreprend même une tournée en Grèce, où il est acclamé, qui suscite l’animosité et l’agacement des élites romaines.
5. Il meurt assassiné.
Faux. Afin de monter le peuple contre lui, ses ennemis de la haute société lancent des rumeurs sur ses malversations présentes et à venir. Néron, n’ayant plus qu’une poignée de fidèles, se cache chez l’un d’eux mais il est retrouvé et déclaré ennemi public par le Sénat. L’homme se suicide alors en s’enfonçant un poignard dans la gorge…
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 31/12/2020
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