Nadia Farès : «On a voulu abuser de moi»

«Des rôles me sont passés sous le nez car j’ai refusé des avances», s’indigne l’actrice, ici dans «Les Siffleurs» © France 2/Storia Télévision/Stéphanie Branchu
Nicole Real Journaliste

Dans «Les Siffleurs», un téléfilm policier très actuel diffusé ce mercredi sur France 2, la génération des femmes qui ne s’offusquait pas d’être abordée dans la rue est confrontée à celle qui refuse de l’être.

Nadia Farès incarne la capitaine Marianne Kacem chargée de mener l’enquête pour retrouver la jeune Lila qui postait, sur les réseaux sociaux, des photos des hommes l’ayant harcelée sur la voie publique. Rencontre avec la jolie actrice de 54 ans.

Comment définir Marianne Kacem ?

C’est une femme qui porte en elle un drame traumatisant et qui refuse de l’affronter en l’occultant sciemment. Cette enquête sur la disparition de Lila est un choc des générations qui l’oblige à cesser sa fuite en avant en mettant un terme à ce passé douloureux et en tournant enfin, définitivement, la page.

Le harcèlement de rue est au cœur du téléfilm. Êtes-vous sensible à ce sujet ?

Bien sûr, car entre l’époque de mes vingt ans et celle d’aujourd’hui, les mœurs ont changé et, à travers mes enfants, je perçois l’évolution des hommes et des femmes. Le comportement de rue et le cyber harcèlement, tous deux de vrais fléaux, sont abordés de façon intelligente et subtile dans le téléfilm car la nouvelle génération est souvent influencée par des attitudes déplorables relayées sur les réseaux sociaux.

Siffler une femme en rue, est-ce plutôt flatteur ou, comme le pense la jeune Lila, c’est une agression inadmissible ?

Mon avis se situe entre les deux. D’une part, il n’est pas normal qu’une jeune fille en minijupe sorte en rue avec la peur au ventre. On a le droit de se promener sans être importunée. Les jeunes garçons, mais aussi les plus âgés, doivent comprendre que certains comportements ne sont plus tolérés. Mais, d’autre part, je refuse d’aller dans l’autre extrême où, comme aux États-Unis, un homme seul à seul avec une femme dans un ascenseur n’a plus le droit de la regarder plus de six secondes dans les yeux. Ce genre d’injonction n’est pas non plus acceptable.

En tant qu’actrice, avez-vous été confrontée de la part des hommes à des comportements répréhensibles ?

Bien sûr, j’ai été confrontée à des comportements d’hommes de pouvoir, et pas qu’un seul, qui ont tenté d’abuser de moi. Dans les conversations entre amies actrices on en parlait. Il y a certainement des rôles qui me sont passés sous le nez parce que j’ai refusé les avances d’un décideur. Mais, peut-être à cause de ma personnalité et de mon caractère tranché, je n’ai jamais été violentée. Le scandale de l’affaire Weinstein a crevé l’abcès, libéré la parole et assaini la situation.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/3/2023

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