Myriem Akheddiou («Invisible» sur La Une) : «Écouter son instinct !»
L’actrice, Magritte du Meilleur second rôle pour «Le Jeune Ahmed» des frères Dardenne, est l’héroïne d’un nouveau challenge pour la télé belge : une série fantastique intitulée «Invisible», diffusée sur la RTBF.
Dans «Invisible», dont les deux premiers épisodes sont diffusés dimanche à 20h55 sur La Une, une étrange pandémie s’abat sur la ville de Creux : des personnes deviennent peu à peu invisibles. Les scientifiques sont divisés. Parmi eux, Laurence (Myriem Akkhediou, 42 ans), médecin, préfère les protéger contre certains collègues qui veulent les enfermer et les étudier…
Par quelles facettes cette série vous a-t-elle attirée ?
Son côté fantastique très réussi. Et les questions qu’elle pose, dont les soucis qu’on veut ou ne veut pas voir dans une vie. Avec la métaphore de l’invisibilité et l’accident du grand-père devenu aveugle, on se rend compte que la cécité peut rendre la vue, celle de l’émotion, du cœur. Et que le souhait d’être invisible cache beaucoup de blessures. Quand on ne nous voit plus, au sens propre ou figuré, que devient-on pour les autres ? Le sujet est vaste et intéressant, en plus de ce phénomène qui, comme un virus, s’empare de certains êtres dont le corps devient peu à peu transparent !
Votre personnage, Laurence, est hyper sensible, poreuse, voit et ressent des choses que les autres ne croient pas ou ne distinguent pas…
C’est ce qu’il y a de plus beau chez elle. Son incapacité à supporter les ondes des téléphones portables en fait quelqu’un de singulier et incompris. Elle sent aussi la présence des invisibles. Malgré cette bizarrerie, Laurence a foi en ses impressions, elle les écoute ! On a tous une forme d’intuition et d’instinct dont on ne se sert pas assez, à cause d’une certaine modernité qui réfléchit et réagit à notre place.
La série utilise une allégorie étonnante : les acteurs incarnant les invisibles jouent nus. Est-ce osé pour une fiction télé ?
Ça m’a surprise positivement. C’est très malin : ça résout les questions techniques, puis ça rend les acteurs et leurs personnages très touchants. On découvre ainsi toute leur vulnérabilité.
Avez-vous eu de la peine pour vos homologues qui ont dû tourner dans le froid ?
Oh oui ! D’autant que mon personnage est très emmitouflé. J’imaginais leur épreuve. Tous ont suivi une formation pour résister au froid, bien respirer. Et une équipe veillait sur eux. Mais c’est une performance incroyable et marquante : à la fois pour mes partenaires dévêtus et pour moi, en face, qui essayait de réussir les prises au plus vite !
Auriez-vous pu jouer dans le plus simple appareil ?
Franchement, je ne sais pas. Je suis très admirative de mes collègues. Je suis quadragénaire, j’ai des complexes et défauts comme tout un chacun. J’ignore si j’aurais accepté !
Cette interview est parue dans le magazine Télépro du 19/11/2020
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