«Mode avion» : Saule passe au 7e art
Le Montois Baptiste Lalieu (47 ans), acteur et auteur-compositeur interprète à succès, connu sous le pseudo Saule, cosigne le scénario de « Mode avion », thriller innovant et décoiffant. À voir ce mercredi à 22h20 sur Tipik.
Quatre jeunes gens se retrouvent à huis clos, dépouillés de leurs affaires. Chacun d’eux a juste reçu un téléphone via lequel leur mystérieux ravisseur leur donne droit à deux minutes de communication. Ils ont 48 heures pour comprendre leur enlèvement, surveillés par des caméras, avec interdiction d’appeler une aide extérieure… Samuel Tilman (« Une part d’ombre ») réalise ce récit de genre, écrit avec Saule, totalement séduit et investi.
Y a-t-il un peu de vos propres angoisses dans ce scénario ?
J’avais envie de parler de l’addiction aux portables mais pas d’une manière moralisatrice. Je me suis donc demandé, via une fable, comment on pourrait se sortir de situations tendues et urgentes avec un accès très limité à ces petites choses rectangulaires. Alors, oui, il y a un peu de l’anxiété que je vis moi-même, mais aussi avec mes enfants à qui je demande souvent de se distraire autrement. À travers l’un des personnages qui est influenceur, on sent aussi la panique de ne plus être régulièrement au rendez-vous sur les réseaux sociaux. C’est un peu pareil pour moi, en tant que chanteur, lorsque ma maison de disques me rappelle d’être un peu plus actif avec mes posts, le nombre de vues et de « likes ».
Cette fiction est atypique et destinée a priori à un public jeune. Pensez-vous que celui-ci a des goûts et des attentes très différents côté divertissement ?
Aujourd’hui, tout va très, très vite. Même en musique, beaucoup de jeunes n’écoutent plus une chanson jusqu’au bout et passent à une autre. Contrairement à ma génération qui a la patience d’attendre la prochaine saison d’une série ou de regarder un long métrage de cinéma, il leur faut désormais des formats plus courts. C’est fou ! Je suis donc content quand mes enfants écoutent avec moi tout un album de Radiohead, mon groupe favori.
En sus d’une apparition en tant qu’acteur et votre travail de scénariste, vous avez créé la musique de « Mode avion ». Est-ce un exercice particulier ?
Même si je m’y suis déjà frotté en composant la musique du film « Cowboy » (de Benoît Mariage), j’ai été cette fois désarçonné, car Samuel Tilman est venu avec des souhaits très précis, des textures de sons saccadés. Mais ça fonctionne super bien à l’image avec l’atmosphère très tendue de l’aventure ! Je me suis alors mis avec plaisir au service de cet exercice de style ! C’est génial d’explorer quelque chose de nouveau. Cela permet aussi de gérer son ego d’artiste et de mettre ses habitudes de côté.
Est-ce là aussi que l’on se rend compte de l’importance de la musique ?
Tout à fait ! Pour « Cowboy », j’ai reçu le film monté et complet, mais sans musique. C’était étrange. Le rôle d’une BO est énorme. Elle doit tomber exactement aux moments où les spectateurs vont ressentir une émotion. Sans cela, chaque scène perdrait 60 à 70 % de la tension dramatique. Dans « Mode avion », les dissonances musicales font des merveilles.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/1/2025
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