Michel Lecomte : «Ma dernière année à la RTBF»

Michel Lecomte : «Ma dernière année à la RTBF»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Tour de France à Bruxelles, c’est la grosse opération du service des sports de la RTBF cet été. C’est aussi l’un des derniers événements du directeur des sports, qui partira en 2020.

Une riche dernière saison s’annonce pour Michel Lecomte. Le patron des Sports à la RTBF partira à la retraite, fin juillet 2020, après l’Euro de foot et un ultime Tour de France. D’ici-là, il ne va pas chômer, et il devra préparer le terrain pour son successeur et renégocier certains droits de retransmission.

En attendant, les plus sportifs des téléspectateurs pourront se régaler des directs proposés par la RTBF «C’est un bel été qui est aussi lié à l’offre Auvio», explique Michel Lecomte. «Nous n’y avons pas les mêmes critères de production que sur le linéaire. Il n’y aura pas toujours du commentaire, par exemple. Certaines événements tiennent mieux la distance en « no comment » que d’autres. Le rugby qui fait 5.000 visiteurs uniques sur Auvio, c’est du vrai service public.»

Les droits sont séparés pour Auvio et la télé linéaire ?

On négocie pour exploiter aussi sur Auvio. Ce n’est pas automatique, mais c’est aussi dans l’intérêt des détenteurs de droits. S’il y a deux matches en même temps, on peut difficilement proposer deux chaînes. Ça fait partie des accords. Quand on a les droits en exclusivité, le fait d’avoir Auvio est un argument supplémentaire. Et on n’y fait pas que ça. On trouve des résumés, des capsules spécifiques sur l’Europa League.

Il y aura combien d’heures de sport cet été sur la RTBF ?

Je n’ai pas compté… mais je pense qu’on doit arriver autour des 350 heures de direct. Si on les propose, c’est qu’on a les effectifs pour produire et commenter. Et il faut saluer les équipes qui intègrent une certaine souplesse à cette période de l’année pour pouvoir diffuser tout ça.

Vous entamez votre dernière année. La relève est en route ?

Oui, elle se met en place dans notre nouvelle organisation, avec trois adjoints. On travaille de façon différentes, et c’est d’abord ça qui est ma préoccupation : travailler la réorganisation du service des sports pour s’inscrire dans la logique de la RTBF. C’est-à-dire renforcer la priorité au digital tout en gardant notre expertise et en restant la référence. Mais mon successeur n’est pas encore désigné.

Vous resteriez à l’antenne ?

Non. Pour «La Tribune», ce sera bien de passer la main. C’est une belle histoire… Je ne resterai pas. Ce n’est pas ma logique. Il y a un temps pour tout. J’ai déjà eu beaucoup de chances à la RTBF, et j’en suis bien conscient. Ou alors, il faut rencontrer ce que j’ai vraiment envie de faire. Là, aujourd’hui, on ne m’a rien proposé.

Vous voulez vous lancer dans le documentaire comme Gérard Holtz ?

C’est autre chose… Ça me plairait, mais alors à mon rythme.

Ou en politique ?

Non. Mon père en a fait (bourgmestre de Havelange, NDLR) et sa fin de carrière a été dure, et j’en tire les leçons.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Le retour de l’Europa League à la RTBF a été bon ?

Revenir de façon récurrente sur la scène européenne était notre objectif même si c’est la compétition la moins porteuse. On a fait une bonne affaire. Les parts de marché sont bonnes puisqu’elles font monter La Deux. OK, «Le Grand cactus» a dû composer avec les retransmissions de foot, mais ça n’a pas amputé ses audiences.

On dit que les droits sont très élevés, et là, avec un tel programme pour l’été, on a l’impression que c’était plutôt les soldes ?

On n’a pas plus de moyens, c’est clair. Mais, par contre, il y a des droits que l’on paie pas cher. Sur Auvio, le rugby et la Formule E sont pour rien. C’est à double tranchant, parce qu’un jour, ces événements seront devenus tellement intéressants qu’on devra négocier comme le foot ou le cyclisme. Quand nous sommes les seuls à négocier sur un marché, nous sommes en position de force. Et parfois, les fédérations trouvent que la valeur, c’est d’être proposé en télé et que ça va contribuer à leur image, et ils cèdent les droits pour pas grand-chose.

Dans 5 ou 6 ans, vous n’aurez plus les moyens d’acheter autant ?

Sans doute, mais à ce moment-là, le paysage aura évolué. Peut-être que notre concurrent se sera renforcé. Et puis, il y a les GAFA qui pourraient venir investir le marché. Après, la puissance de l’argent ne fera pas tout. Ils n’auront pas la proximité de nos commentateurs. Je ne pense pas que la branche sur laquelle je suis assis va tomber. Notre point fort, c’est d’être extrêmement panoramique dans notre offre pour aller chercher nos publics sur nos plateformes. Et à côté, nous avons la télévision linéaire qui reste la plus fédératrice autour des grands directs.

Eleven a fait plier TF1 sur le Superbowl. Vous y pensez aussi pour le prochain Euro de foot ?

Ce n’est pas moi qui irais le demander. C’est un débat qui se joue plutôt avec la direction, le marketing et la régie… Il y a un vrai enjeu. La concurrence que l’on va avoir sur les J.O. de Paris avec France Télévisions sera colossale. Heureusement, on aura nos athlètes belges… Et le débordement des chaînes françaises intervient dans nos discussions avec les détenteurs de droits. On fait valoir que TF1 peut attirer 100.000  personnes sur un match de la Coupe du Monde, et c’est assez logique que ce paramètre entre dans le calcul des droits.

Vous entamez votre dernière année. La relève est en route ?

Oui, elle se met en place dans notre nouvelle organisation, avec trois adjoints. On travaille de façon différentes, et c’est d’abord ça qui est ma préoccupation : travailler la réorganisation du service des sports pour s’inscrire dans la logique de la RTBF. C’est-à-dire renforcer la priorité au digital tout en gardant notre expertise et en restant la référence. Mais mon successeur n’est pas encore désigné.

Vous resteriez à l’antenne ?

Non. Pour «La Tribune», ce sera bien de passer la main. C’est une belle histoire… Je ne resterai pas. Ce n’est pas ma logique. Il y a un temps pour tout. J’ai déjà eu beaucoup de chances à la RTBF, et j’en suis bien conscient. Ou alors, il faut rencontrer ce que j’ai vraiment envie de faire. Là, aujourd’hui, on ne m’a rien proposé.

Vous voulez vous lancer dans le documentaire comme Gérard Holtz ?

C’est autre chose… Ça me plairait, mais alors à mon rythme.

Ou en politique ?

Non. Mon père en a fait (bourgmestre de Havelange, NDLR) et sa fin de carrière a été dure, et j’en tire les leçons.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Qu’est-ce qui fonctionne le mieux sur Auvio ?

L’offre tennis a très bien marché, avec la Coupe Davis et la Fed Cup (30.000 visiteurs uniques). On a aussi de bons résultats sur la Formule E (10.000 v.u.). Et je dirais même que l’offre «moteurs» est pas mal suivie par les internautes. Il y a aussi des belles surprises comme le rugby qui ne nous coûte rien en droit (c’est un accord de diffusion) et qui attire 5.000 v.u.

Qu’est ce qui fait qu’éditorialement, on va choisir Auvio ou la télévision ?

L’intérêt de l’événement et la présence de sportifs belges. Pour la Coupe du Monde féminine de football, on avait négocié en vue d’une qualification des joueuses belges. Là, on a des obligations minimales pour la télévision linéaire (La Deux) et le reste va sur Auvio.

Le retour de l’Europa League à la RTBF a été bon ?

Revenir de façon récurrente sur la scène européenne était notre objectif même si c’est la compétition la moins porteuse. On a fait une bonne affaire. Les parts de marché sont bonnes puisqu’elles font monter La Deux. OK, «Le Grand cactus» a dû composer avec les retransmissions de foot, mais ça n’a pas amputé ses audiences.

On dit que les droits sont très élevés, et là, avec un tel programme pour l’été, on a l’impression que c’était plutôt les soldes ?

On n’a pas plus de moyens, c’est clair. Mais, par contre, il y a des droits que l’on paie pas cher. Sur Auvio, le rugby et la Formule E sont pour rien. C’est à double tranchant, parce qu’un jour, ces événements seront devenus tellement intéressants qu’on devra négocier comme le foot ou le cyclisme. Quand nous sommes les seuls à négocier sur un marché, nous sommes en position de force. Et parfois, les fédérations trouvent que la valeur, c’est d’être proposé en télé et que ça va contribuer à leur image, et ils cèdent les droits pour pas grand-chose.

Dans 5 ou 6 ans, vous n’aurez plus les moyens d’acheter autant ?

Sans doute, mais à ce moment-là, le paysage aura évolué. Peut-être que notre concurrent se sera renforcé. Et puis, il y a les GAFA qui pourraient venir investir le marché. Après, la puissance de l’argent ne fera pas tout. Ils n’auront pas la proximité de nos commentateurs. Je ne pense pas que la branche sur laquelle je suis assis va tomber. Notre point fort, c’est d’être extrêmement panoramique dans notre offre pour aller chercher nos publics sur nos plateformes. Et à côté, nous avons la télévision linéaire qui reste la plus fédératrice autour des grands directs.

Eleven a fait plier TF1 sur le Superbowl. Vous y pensez aussi pour le prochain Euro de foot ?

Ce n’est pas moi qui irais le demander. C’est un débat qui se joue plutôt avec la direction, le marketing et la régie… Il y a un vrai enjeu. La concurrence que l’on va avoir sur les J.O. de Paris avec France Télévisions sera colossale. Heureusement, on aura nos athlètes belges… Et le débordement des chaînes françaises intervient dans nos discussions avec les détenteurs de droits. On fait valoir que TF1 peut attirer 100.000  personnes sur un match de la Coupe du Monde, et c’est assez logique que ce paramètre entre dans le calcul des droits.

Vous entamez votre dernière année. La relève est en route ?

Oui, elle se met en place dans notre nouvelle organisation, avec trois adjoints. On travaille de façon différentes, et c’est d’abord ça qui est ma préoccupation : travailler la réorganisation du service des sports pour s’inscrire dans la logique de la RTBF. C’est-à-dire renforcer la priorité au digital tout en gardant notre expertise et en restant la référence. Mais mon successeur n’est pas encore désigné.

Vous resteriez à l’antenne ?

Non. Pour «La Tribune», ce sera bien de passer la main. C’est une belle histoire… Je ne resterai pas. Ce n’est pas ma logique. Il y a un temps pour tout. J’ai déjà eu beaucoup de chances à la RTBF, et j’en suis bien conscient. Ou alors, il faut rencontrer ce que j’ai vraiment envie de faire. Là, aujourd’hui, on ne m’a rien proposé.

Vous voulez vous lancer dans le documentaire comme Gérard Holtz ?

C’est autre chose… Ça me plairait, mais alors à mon rythme.

Ou en politique ?

Non. Mon père en a fait (bourgmestre de Havelange, NDLR) et sa fin de carrière a été dure, et j’en tire les leçons.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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