Mediator : dans les coulisses d’un scandale

Dix ans après le retrait du médicament, le procès s'ouvre à Paris © Francetvinfo
Alice Kriescher Journaliste

À l’occasion de la diffusion sur France 2 du film inédit «La Fille de Brest», ce dimanche soir à 22h40, Télépro revient sur le scandale Mediator, sujet du long métrage inspiré du livre «Mediator 150g, combien de morts ?». Le clap de fin du procès a eu lieu le 6 juillet dernier et le verdict est attendu pour le 29 mars 2021.

De 1976 à 2009, le médicament Mediator, élaboré par les laboratoires Servier, est autorisé sur le marché français. Chez nous, en Belgique, en 1978, la demande pour le commercialiser est rejetée par nos instances scientifiques, en cause : «L’insuffisance de données quant à l’effet à (long terme) du médicament.»

En France, en 1999, un premier cas de valvulopathie, un dysfonctionnement des valves cardiaques, apparemment en lien avec le médicament est signalé. En 2003 et 2004, l’Espagne et l’Italie retirent le composé de leur marché. En 2007, Irène Frachon commence à signaler des cas de valvulopathies cardiaques à l’Agence du médicament et, la même année, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) recommande de ne pas prescrire le Médiator comme coupe-faim. En novembre 2009, le médicament est retiré de la vente suite aux alertes tenaces lancées par le docteur Frachon. De 1976 à 2009, pas moins de cinq millions de Français se sont vu prescrire ce médicament dont 2,9 millions pendant plus de trois mois, durée à partir de laquelle s’accroît le risque de valvulopathie. Le nombre exact de morts liés au benfluorex est quant à lui très difficile à estimer, il serait compris entre cinq cents et deux mille.

En décembre 2012, le fondateur des laboratoires Servier, Jacques Servier, est mis en examen pour «tromperie et escroquerie» puis «homicides et blessures involontaires». En septembre 2019, dix ans après le retrait du médicament, le procès des laboratoires et de l’ANSM s’ouvre au tribunal correctionnel de Paris. Plus de 6.500 personnes se sont constituées parties civiles, dont au moins 4.600 victimes «directes». Plus de quatre cents avocats les représentent. Si l’on additionne les demandes d’indemnisation des différents plaignants et le remboursement de frais judiciaires, le montant total des dommages et intérêts réclamés au créateur du Médiator pourrait s’approcher du milliard d’euros. 

Extrait d’un article paru dans Télépro du 13/08/2020

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