«Mariés au premier regard» : la nouvelle émission de RTL-TVI accusée d’illégalité

«Mariés au premier regard» : la nouvelle émission de RTL-TVI accusée d'illégalité
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Les candidats de cette téléréalité, dont le premier volet sera diffusé ce mardi, ont-ils vraiment agi en dehors de toute pression extérieure ?

Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, Olivier Maingain (DéFI), a refusé de participer à la nouvelle émission de RTL (diffusée à partir de ce mardi 12 septembre à 20h15), «Mariés au premier regard», a-t-il indiqué ce week-end. Le principe de cette émission est de créer des couples à partir de tests scientifiques. Les candidats se rencontrent pour la première fois le jour de leur mariage.

Woluwe-Saint-Lambert a été approchée par la chaîne de télévision privée, RTL-TVI, afin de marier un couple constitué sur la base de tests scientifiques. « Jacqueline Destrée, l’officière de l’État civil de notre commune, est venue au collège avec cette demande et nous avons décidé de vérifier avec le parquet de Bruxelles si les conditions légales étaient bien respectées (lors d’une telle union, ndlr) et si l’échange du consentement était valide », explique Olivier Maingain. « Le parquet de Bruxelles a considéré qu’il pouvait y avoir suspicion de vice de consentement et une contestation de la validité » du mariage célébré et « nous a vivement recommandé de ne pas accepter » de participer à l’émission.

D’où le refus du bourgmestre. Ce dernier souligne que l’échange du consentement doit se faire « en dehors de tout contexte de pression ou d’intervention pour forcer la décision ». Or, dans le contexte d’une émission télévisée et en l’absence de réflexion des futurs époux avant de rendre leur décision, il ne serait pas garanti que les conditions légales sont bien respectées.

La réaction de RTL-TVI

Du côté de RTL Belgique, on assure que le processus est « bien entendu légal ». « L’émission respecte les normes en vigueur et (…) les candidats ont toute la liberté de refuser » de se marier lorsqu’ils rencontrent la personne qui leur a été choisie, réagit le porte-parole de l’entreprise privée, Christopher Barzal.

La chaîne privée ne souhaite pas polémiquer avec M. Maingain, insiste le porte-parole. « Il appartient à chaque bourgmestre ou échevin d’accepter ou non de célébrer le mariage. » « On comprend que le concept de l’émission interpelle, voire choque. (…) Mais il n’existe aucun doute sur la légalité du principe », souligne-t-il, ajoutant que d’autres communes, situées dans la partie francophone du pays, ont accepté de participer à l’émission.

« Mariés au premier regard » a également déjà été diffusé en Flandre et en France. M. Maingain va interpeller le ministre de la Justice Koen Geens dès la reprise des activités parlementaires, indique-t-il, afin de voir « si le Collège des procureurs généraux peut adopter une position générale vis-à-vis de ces demandes et imposer ainsi une jurisprudence égale partout. Le but est qu’il n’y ait pas une volonté de chercher la commune la plus complaisante, qu’on ne fasse pas son shopping ».

Mariage à Evere

La nouvelle émission de RTL soulève davantage de questions éthiques que juridique, assure lundi le bourgmestre faisant fonction d’Evere, Pierre Muylle. Ce dernier a accepté de célébrer un mariage télévisé.

« La position de M. Maingain est un point de vue particulier », explique M. Muylle. « Solliciter l’avis du parquet n’est pas automatique, nous le faisons lorsque nous avons un doute sur la légalité du mariage ».

Et dans le contexte de « Mariés au premier regard », le bourgmestre ff d’Evere n’avait aucun doute. « Des mariages de ce genre ont déjà été célébrés en Flandre et cela n’a pas provoqué de débat au sein des parquets. On n’a pas vu un procureur se positionner contre ces unions », souligne-t-il. « J’ai eu le sentiment, lors de la cérémonie, que ce mariage représentait (pour les futurs époux, ndlr) une forme d’aventure, de pari », témoigne-t-il. « Je leur ai rappelé, peut-être plus fermement que d’habitude, qu’ils avaient toujours le choix (de refuser de se marier, ndlr) et l’engagement qu’ils prenaient. J’ai vérifié qu’ils voulaient toujours s’engager. Ils ont dit oui, c’est leur liberté de penser et d’agir. »

Pour M. Muylle, ces mariages peuvent déranger mais soulèvent davantage de questions éthiques que juridiques. Selon lui, le contexte d’une émission télévisée n’empêche pas d’exprimer sa volonté. « Ce qui pourrait être à la limite du dérangeant, ce serait si les candidats disaient oui pour profiter du voyage de noces entièrement payé (…) mais ils n’étaient pas obligés de dire oui. Ce n’est pas comme s’ils allaient être bannis de leur famille s’ils refusaient… »

Découvrez la bande-annonce de l’émission :

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