Manga, un art centenaire

Le mot «manga» est composé de deux kanjis (caractère chinois de l’écriture japonaise) : «man» signifiant divertissant et «ga» dessin, souvent traduits par «esquisses rapide» © TF1 Productions

Si les mangas ont aujourd’hui envahi les rayons des librairies et les bibliothèques des amateurs de culture nippone, les origines de ce genre littéraire remontent à plusieurs siècles.

Avant de découvrir la folie de cet incroyable phénomène, samedi à 16h10 dans «Les Docs du week-end» sur TF1, plongeons-nous dans l’histoire du manga, écrite par certains des plus grands artistes de l’archipel japonais.

Ça roule !

Dès le VIIIe siècle, l’art japonais associe texte et dessin dans ce qu’on appelle les «emakimono», de longs rouleaux dont la trame se révèle au fur et à mesure qu’on les déroule. L’un d’eux, le «Chôjû-giga», peint au XIIe siècle et représentant des animaux dans des postures caricaturales humaines, est considéré comme la première trace d’un manga.

Déferlante Hokusai

Lors de l’époque Edo (1603-1867), le Japon, désireux de se protéger et d’éviter l’influence des Occidentaux, se referme sur lui-même. C’est à cette période qu’apparaît le mot «manga», utilisé par les artistes qui croquent des scènes de la vie quotidienne. Le terme évolue ensuite pour désigner un recueil de dessins et s’impose grâce au peintre Katsushika Hokusai (1760-1849) (principalement célèbre pour son estampe «La Grande vague de Kanagawa») et ses «Hokusai Manga». Ces recueils d’esquisses révolutionnent le genre car Hokusai, contrairement à la grande majorité des Japonais de l’époque, a pu découvrir l’art et les techniques occidentales.

BD muettes…

Lorsque l’île rouvre ses frontières, des Japonais prennent la direction des États-Unis et de l’Europe, où est en train de de se développer, au début du XIXe siècle, la bande dessinée. Désormais ouvert à la culture étrangère, le Japon accueille le 9 e art en même temps que la caricature et la presse écrite. Des journaux proposant des bandes dessinées satiriques et humoristiques fleurissent à travers le pays. Mais à l’époque, les BD sont encore muettes ou accompagnées d’un texte explicatif situé en dehors des cases. Ce n’est qu’à la toute fin du XIXe siècle qu’apparaît, aux États-Unis d’abord, le phylactère.

… puis parlantes

Employé dans un journal, Rakuten Kitazawa (1876-1955), formé à la bande dessinée par un Australien, refuse encore d’intégrer ces bulles de dialogues à ses dessins. Mais c’est lui qui affirme que le «manga», c’est la bande dessinée japonaise. Et c’est à lui, premier à se définir comme «mangaka» (dessinateur de manga), qu’on attribue donc le premier manga, daté de 1902 et illustrant le thème de l’arroseur arrosé. Des BD américaines, agrémentées de bulles cette fois, sont publiées au Japon et rencontrent un succès phénoménal. Mais traduire les jeux de mots d’une langue étrangère n’est pas chose aisée. De plus en plus de dessinateurs japonais créent donc leurs propres histoires. Il faut pourtant attendre la fin des années 1920 pour qu’ils abandonnent la mise en page occidentale et que les mangas se lisent de droite à gauche, sens de lecture du japonais.

Roi Tezuka

S’il n’y a finalement qu’un nom à retenir, c’est celui d’Osamu Tezuka (1928-1989). Dès son plus jeune âge, ce garçon passionné de dessin est baigné dans l’univers de la BD et du cinéma. Mais quand arrive à la Seconde Guerre mondiale, l’essor du manga est mis en pause. Au sortir du conflit, le pays a désespérément besoin d’évasion. Le manga peut alors compter sur l’une de ses qualités : il ne coûte pas cher. Tezuka publie, à seulement 18 ans, «La Nouvelle île au trésor», de format long et pour la première fois publié comme tome, en dehors d’un journal. Le manga tel que nous le connaissons est né. Et son succès est monumental. Le papa d’Astro Boy, en établissant les bases narratives et graphiques, devient le roi incontesté du manga. Sa folie peut commencer.

Cet article est paru dans le Télépro du 22/6/2023

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici