Malika Attar : «De Berlin, j’ai gardé l’envie de casser des murs !»

Malika Attar (RTBF) © RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Il y a tout juste 30 ans, le Mur de Berlin tombait. Parmi les journalistes qui ont vécu l’événement sur place, Malika Attar («Devoir d’enquête»).

Le 9 novembre 1989, l’Europe vit un tournant de son histoire. Après 40 ans de Guerre froide, le Mur de Berlin tombe. Une liberté retrouvée pour des millions de personnes, d’abord dans la capitale de l’Allemagne de l’Est, ensuite dans le reste de l’Europe de l’Est, jusqu’ici sous domination soviétique.

Plusieurs journalistes se sont rendus sur place comme Fabrice Grofilley (RTL), Erik Silance (à l’époque pour RTL), Georges Lauwerijs (RTBF) ou Malika Attar, pour qui la chute des régimes communistes avait une saveur particulière. «Cet événement a un écho particulier parce qu’un partie de ma famille est hongroise», explique Malika Attar. «Mon grand-père est décédé quelques jours avant la chute du Mur. La légende familiale dit que ce sont tous ces bouleversements que l’on sentait et que l’on percevait qui l’avait énormément ému. Son cœur s’est arrêté au lendemain de l’indépendance de la Hongrie et où le pays redevient une démocratie. J’étais très proche de mon grand-père, et tout ça m’a bouleversée.»

Mais surtout, le 9 novembre 1989, c’était la fête des 20 ans de Malika Attar, alors étudiante en journalisme. «Une soirée un peu ternie par tout ça… Mais j’avais envie d’aller là-bas pour ramener un petit morceau de ce mur à ma grand-mère.» Le hasard a fait qu’à l’ULB, des cars se sont organisés pour un voyage vers Berlin. «Et là, je me suis retrouvée avec notamment Rachel Crivellaro le lendemain. L’ambiance était toujours là», détaille la journaliste. «Ce n’était pas la débandade ou la fureur, mais un espèce de joie communicative au pied du Mur. Je me souviens que les gens se passaient les marteaux pour taper sur le mur. C’était un geste extrêmement symbolique, mais c’était aussi pour ramener un morceau chez nous.»

Évidemment, Malika Attar est passée de l’autre côté. «Moi, je n’ai pas grimpé sur le Mur pour pouvoir passer, deux ou trois jours après, on pouvait le franchir sans problème par les brèches, à pied

«Il n’y a pas si longtemps, je suis retournée à Berlin, près de 30 ans après. Il y a une vraie différence quand tu as 20 ans, et quand tu reviens à 50 ans. À l’époque, j’étais là pour fêter quelque chose, je n’avais pas pris conscience du drame qui se déroulait à l’Est. Par contre, quand j’ai franchi le Mur pour me balader à Berlin-Est, j’ai eu l’impression de me retrouver dans une ville beaucoup plus calme, comme si on avait appuyé sur un bouton «off» ! Il y avait à la fois une joie à l’Ouest, et une certaine retenue à l’Est. J’étais vraiment très heureuse d’avoir pu faire ce voyage», confie-t-elle.

Trente ans plus tard, la jeune étudiante est devenue maman de trois enfants. «Quand je leur raconte que je suis allée au pied du Mur, ils ont l’impression que j’ai fait la Première Guerre mondiale !», s’amuse Malika. «Ce que j’en retiens, c’est que dans les années 80, on ne posait pas assez de questions à ses aïeux sur ce qui passait autour de nous…»

Journalistiquement parlant, ce voyage à Berlin a marqué aussi Malika Attar. «J’ai toujours envie de casser des murs !», sourit la présentatrice de «Devoir d’enquête». «C’est ça aussi le métier de journaliste. Quand un mur se dresse devant nous, on envie d’aller voir derrière ce qui se cache. J’ai envie de croire que j’ai été inspirée quelque part !», conclut-elle.

Soirée spéciale Mur de Berlin, ce samedi 9 novembre à 21h sur La Trois

Entretien : Pierre Bertinchamps

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